Laissez-moi vous raconter une tragédie personnelle. En 2007, mon coeur a fait un saut de cabri, mon enfance a pris vie, le soleil brillait avec plus d’éclat, les livres dans ma bibliothèque scintillaient, c’était le Nirvana. L’adaptation cinéma des Royaumes du Nord, le premier tome de la trilogie À la croisée des mondes de Philip Pullman, était annoncée ; j’allais pouvoir vivre la vie de Lyra, changer de dimension, découvrir la Poussière, voir les daemons et arrêter de critiquer Daniel Radcliffe qui n’était même pas décoiffé avec les yeux verts.
Et puis j’ai vu cette bande-annonce.
Ce n’est peut-être pas évident si vous n’avez pas lu le livre, mais ce trailer hurle « ADAPTATION POURRIE » à chaque seconde. Et le film était effectivement moisi, édulcorant honteusement les romans, transformant une histoire épique et passionnément subtile en sous-Narnia de bas étage. Tellement nul que les suites prévues ont été annulées, laissant l’adaptation inachevée. Je rêve de voir un jour un de mes réalisateurs préférés – disons Darren Aronofsky – se saisir d’À la croisée des mondes et lui donner vie. En attendant, j’exorcise ma souffrance en vous parlant d’une des meilleures sagas littéraires que ce monde merveilleux a pondu.
À la croisée des mondes, c’est l’histoire de Lyra Belacqua, une jeune sauvageonne d’Oxford qui vit dans un monde similaire au nôtre, mais situé dans une dimension différente où chaque personne est accompagnée d’un daemon. Il s’agit de leur « âme » extériorisée sous l’apparence d’un animal parlant qui peut se métamorphoser à loisir jusqu’à la puberté ; il prend alors sa forme définitive, qui sera en rapport avec la personnalité de sa « moitié » humaine (exemple bateau : un homme assez soumis, habitué à obéir aux ordres et à respecter la hiérarchie, aura de bonnes chances d’avoir un chien comme daemon). Donc, déjà, autant vous dire que c’est foutu : si à douze ans tu n’as pas imaginé l’apparence de ton daemon, son nom et sa voix, tu as raté ta vie.
Lyra se retrouve en possession d’un aléthiomètre, une boussole en or qui, si elle est correctement maniée, peut répondre à toutes les questions en utilisant des symboles et ne se trompe jamais. Elle part pour le Nord à la poursuite des Enfourneurs, des voleurs d’enfants qui ont enlevé son meilleur ami, et se heurtera au Magisterium, un organe très puissant de l’Église dirigé par Mme Coulter, une femme dangereusement séduisante, et à Lord Asriel, son oncle. Ce dernier a découvert la Poussière, une étrange particule élémentaire semblant influer sur les humains et leurs démons, considérée par l’Église comme responsable du Péché originel.
Ce voyage la conduira dans notre monde, à la rencontre du jeune fugueur Will Parry, et dans bien d’autres. Lyra affrontera la mort, l’amour, le passage de l’enfance à l’âge adulte, les enjeux politiques et religieux, le danger, l’amitié, la connaissance… Loin d’une Bella ou d’une Katniss, son personnage est extraordinairement réaliste et humain à travers les épreuves qu’elle traverse.
Initialement présenté comme une saga pour enfants et adolescents, À la croisée des mondes a néanmoins connu un énorme succès chez les adultes. Plus que le thème, très fort et merveilleusement traité, de la fin de l’enfance, ce sont les multiples intrigues évoquées en filigrane qui font la force de la trilogie. Je dois les avoir lus au moins six fois, et à chaque nouvelle relecture, je découvre une nouvelle subtilité, un nouveau sous-entendu qui me fait poser le livre et dire « Ah ouais quand même ». Méga big up à Philip Pullman quoi. Philosophiques, ésotériques, traitant du Bien, du Mal, de la mort, de la religion chrétienne, Les Royaumes du Nord, La Tour des Anges et Le Miroir d’Ambre sont des livres à garder, à chérir, à parcourir au calme pour se plonger dans la fascinante atmosphère steampunk et suivre Lyra et Will à travers leur voyage initiatique.
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Les Commentaires
Ensuite, j'ai bien aimé le premier tome de la Belle Sauvage, mais j'ai été GRAVE DECUE par le 2 (lu en V.O), mais aussi par l'adaptation en série TV (même si je n'ai vu que les cinq premiers épisodes, j'arrive pas à la finir) (à tel point que même le film me parait plus si nul après ça :confused