Le narcissisme est toujours une question un peu épineuse : doit-on être ou ne pas être narcissique ? Comment supporter les personnes narcissiques absorbées par leurs propres vies ? Et en même temps, comment ne jamais être narcissique ?
Le narcissisme, que l’on caractérise généralement par la tendance à être centré sur soi-même, à exagérer ses qualités, et à manquer d’empathie, intéresse les chercheurs-es depuis de nombreuses années : comment identifier, mesurer et évaluer le narcissisme ?
Récemment, les chercheurs-es Brad Bushman et Sara Konrath ont mis au point un nouveau test étonnant pour identifier les personnes narcissiques : vous le trouverez en suivant ce lien.
Le test de Konrath et Bushman
Vous ne rêvez pas, le test proposé par Konrath et Bushman ne contient qu’une seule question, qu’ils ont posé à plus de 2 200 participant·es : « dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec l’affirmation ‘je suis narcissique’ (note : le mot narcissique signifie égoïste, auto-centré et vaniteux) ? ».
Pour répondre à cette interrogation, les participant-e-s doivent évaluer leur degré d’accord avec l’affirmation sur une échelle allant de 1 (cela ne me ressemble pas) à 7 (cela me ressemble beaucoup).
Selon les chercheurs-es, cette seule question leur permettrait d’identifier les personnes narcissiques de façon aussi fiable que les autres tests existants sur le sujet. Pour Brad Bushman, les personnes effectivement narcissiques auraient conscience de leur narcissisme et seraient capables de partager ce constat facilement et publiquement – principalement parce que, pour elles, le narcissisme n’est pas forcément une qualité négative.
À l’inverse, les gens qui ne sont pas narcissiques associeraient des traits négatifs au narcissisme (l’égoïsme, la vanité,…) et seraient soucieux de se distancier de ce trait de personnalité.
Pour Bushman et Konrath, il est particulièrement important d’aller au-delà de ce premier constat, de l’identification simple du narcissisme, et d’étudier précisément ce trait de personnalité, qui peut être problématique pour les individus et pour la société.
L’inventaire de la personnalité narcissique : un test en 40 questions
Si vous souhaitez creuser et en savoir plus sur votre propre « forme » de narcissisme, les chercheurs Robert Raskin et Howard Terry (1988) ont validé une échelle en 40 questions – elle est disponible ici en anglais.
En vous demandant si aimez montrer votre corps, si vous pensez influencer facilement les gens ou encore si vous êtes du genre à vous trouver spécial et extraordinaire, Raskin et Terry étudient plusieurs dimensions du narcissisme :
- le goût de l’autorité – si vous obtenez un score haut à cette dimension, vous appréciez d’avoir du pouvoir, vous aimez être le ou la chef-fe,
- l’autosuffisance – la manière dont nous comptons sur les autres, ou dont nous ne comptons que sur nous-mêmes et nos propres capacités,
- le sentiment de supériorité, notre impression d’être meilleur-e ou supérieur-e que ceux qui nous entourent,
- l’exhibitionnisme – notre besoin d’être au centre de l’attention, la volonté d’attirer les regards (parfois au détriment des autres),
- la tendance à « l’exploitation » – c’est-à-dire notre capacité à exploiter les autres pour parvenir à satisfaire ses propres besoins,
- la vanité – la croyance que l’on est bien beau et bien bon en comparaison des autres,
- « l’entitlement », l’impression que l’on doit avoir un traitement spécial, favorable, que les choses nous sont « dues »,…
Vous pourrez avoir des scores plus au moins hauts pour chacune ces dimensions – vous pouvez parfaitement apprécier être le centre de l’attention sans aimer avoir un pouvoir particulier…
Ce questionnaire souligne qu’il peut exister différentes formes de narcissisme, et que la notion de narcissisme est extrêmement complexe.
En fin de compte, le narcissisme peut avoir des effets positifs : les personnes à tendance narcissique ressentiraient plus de sentiments positifs, iraient plus facilement vers les autres et, pour certain·es, seraient moins atteints de dépression.
En étant absorbé·es par nos propres existences, en étant « narcissiques », nous aurions moins d’empathie pour les autres, moins de comportements « prosociaux » (c’est-à-dire que nous aurions moins tendance à aider autrui), et nous ne ressentirions pas le besoin de nous améliorer (puisque nous nous considérons déjà comme des êtres fantastiques)…
Pour certain-e-s chercheurs-es en sciences humaines et sociales, le narcissisme pourrait être une « façade » : au fond d’eux-mêmes, les narcissiques auraient le sentiment de ne pas valoir grand-chose, et, par leur narcissisme, ils chercheraient à masquer ce sentiment – à se le cacher à eux-mêmes et aux autres.
Pour être à l’aise dans ses baskets et vivre sereinement, il serait bien sûr préférable de s’aimer soi-même – ou en tout cas de porter un regard bienveillant sur soi. Le truc, c’est que ce regard bienveillant ne doit pas se construire au détriment d’autrui, en dénigrant les autres, en oubliant de prêter attention à celles et ceux qui nous entourent.
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Les Commentaires
C'est le problème de ce test justement, vu qu'il n'y a qu'un seul item, il n'y a rien qui permet de nuancer :/
Et le fait que 80% des gens répondent en dessous du milieu de l'échelle montre bien qu'il y a un souci de désirabilité sociale !