L’annonce aurait été faite par le procureur général d’Iran Mohammad Jafar Montazeri ce samedi 3 décembre lors d’une prise de parole à Qom : la police des mœurs, celle-là même qui avait arrêté Mahsa Amini en septembre pour avoir laissé apparaître une mèche de cheveux sous son foulard, aurait été abolie.
Après deux mois de manifestations, plusieurs centaines de morts et des milliers de personnes arrêtées et incarcérées, dont certaines ont été condamnées à la peine capitale, le pouvoir est-il en train de chanceler et de chercher à donner des gages à ce peuple en quête de liberté et de démocratie ?
La fin de la police des mœurs est-elle suffisante pour le peuple iranien ?
La prudence est cependant de mise. La dissolution de cette unité dédiée à la surveillance et à l’intimidation des femmes dans l’espace public pourrait sembler une bonne nouvelle. La Gashte Ershad a été instaurée en 2006 par l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, lequel promettait de « répandre la culture de la décence et du hijab ».
Pour autant, suite à la reprise de l’annonce du procureur général d’Iran dans les médias internationaux, l’information n’a pas été officiellement confirmée par des représentants de la République islamique d’Iran.
Comme le souligne la journaliste Ghazal Ghoshiri sur Twitter, l’abolition de la police des mœurs n’a jamais été une revendication des manifestants depuis le début de la mobilisation : « Ils veulent des changements profonds, cristallisés dans le slogan : « Femme, vie, liberté ! ».
Journaliste et activiste, Masih Alinejab va même plus loin et parle d’une propagande de l’État iranien reprise sans distance ni vérification :
« Les organes de presse internationaux doivent apprendre que quand les dictatures comme la République islamique sont en difficulté, elles diffusent de la propagande, comme le régime l’a fait en 2017, comme il le fait aujourd’hui. C’est leur mode opératoire. »
Elle fait référence à une annonce de 2017 par la police iranienne qui déclarait que les femmes qui ne respecteraient pas la loi sur le hijab ne seraient plus emmenées en centre de détention. En termes de mise en pratique, les événements de ces dernières semaines montrent que l’on est bien loin du compte.
La loi sur le port du voile obligatoire devrait aussi être modifiée, toujours selon Mohammad Jafar Montazeri. Elle est en vigueur depuis 1983.
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Crédit photo : Taymaz Valley via Flickr
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