Hémorroïde de kangourou et tâche de vin rouge sur la moquette, il est temps ce semestre-ci d’aborder avec compassion et attendrissement cette caste maudite que sont les boulets ! Rejetés par la société, le boulet – appelé également boulay, comme Isabelle Boulay – est souvent victime de sa maladresse et de sa propension à la lourdeur, alors que tout ce qu’il attend de la vie c’est que les autres l’aiment. Le boulet nous fait grincer des dents, nous donne envie de donner des coups de boule au vent, et pourtant il est aussi incroyablement capable de nous faire rire.
Il nous faut donc distinguer deux catégories de boulets : le boulet chiant, celui que nous aimerions voir exercer son activité de nuisance cérébrale à l’autre bout de la planète (si possible au fond d’un puits) et le boulay malheureux, qui ne fait finalement plus de mal qu’à lui même qu’à son entourage.
C’est là que la typologie devient complexe. Pour vous aider dans la compréhension du cours, je vous ai fait une modélisation hier soir (veuillez pardonner les ronds de verre de rhum, je vis actuellement une période peu encline à boire du Sprite, plutôt du rhum, rapport à la crise).
Comme vous pouvez le constater l’orthographe varie selon qu’il s’agisse d’un mauvais boulet (ET) ou d’un gentil boulay (AY). A droite du schéma vous avez les pourcentages de l’intolérance que vous êtes susceptibles de rencontrer face à un boulet.
Dans la suite, je détaille tout ça…
Je ne m’étends pas sur le boulet de soirée (75-95%) , dont le degré de balourdise est souvent proportionnelle au degré d’alcool ingéré, nous en avons toutes connu. A noter que ce type de boulet a pour obsession soit (1) de vous montrer son pénis frétillant (2) de vous raconter un de ses exploits, en boucle.
Le jeune boulet (5-25%) est, comme son nom l’indique, un enfant. Comme chacun le sait, si les enfants sont certes de bien braves bêtes, ils sont également pourvus de la faculté exceptionnelle de nous poser les citrons sur la râpe à fromage quand ils le veulent. Le jeune boulet pose donc des questions incessantes, veut jouer alors que vous êtes déjà en train d’accrocher vos cernes à votre porte-jarretelle, hurle, pleure pour une raison totalement déplacée (vous lui avez mis une rouste après deux heures de caprice).
Le boulet permanent (100%) n’a pas le prétexte de l’éthanol ni du jeune âge, et en plus il vous les brise en continue. Il vous colle, il vous fait des blagues salaces, il se gratte le cul et vous fait sentir ses doigts, bref il est insupportable. Evitez-le au maximum et avec un peu de chance, peut-être qu’il comprendra.
Passons à la catégorie des boulays, espèce au bon fond, mais qui dans un mauvais jour peut vous exaspérer comme une crotte de chien moelleuse sous votre pied un lundi matin.
Le boulay gaffeur (55-74%) est embêtant car vous ne pouvez pas lui faire confiance. Il cafte tout sans s’en rendre compte, et bien qu’il se confonde ensuite en excuses, le mal est fait. Mais le boulay gaffeur est plus un mal pour lui-même que pour les autres puisqu’au final, plus personne ne lui dit rien et il se retrouve inéluctablement rejeté de certains conversations pleines de potins délicieux.
Le boulay maladroit (45-83%) est surtout pénible chez vous, ou dans des endroits impliquant de la nourriture et/ou des boissons. Il vous renverse son café brûlant sur la cuisse, vous asperge de sauce tomate en avalant ses spaghettis, fait tomber le vase hors de prix de vos parents par terre. Il peut donc être dangereux, méfiez-vous. Néanmoins, quand il se casse la gueule, il vous offrira une bonne tranche de rigolade.
Enfin, le boulay fantastique (5-22%) ! Tel un super-héros de la bourde, le boulay fantastique vous étonne toujours par son niveau d’inattention, de distraction, sa maîtrise du quiproquo, sa gaucherie phénoménale. Peu importe comment vous imaginez le boulay, le boulay fantastique fera toujours mieux. De ce fait, il est globalement très divertissant.
Quoiqu’il en soit, je sais que vous attendez toutes que je vous donne des remèdes permettant de contrer les boulets. Mais être un boulet est une fatalité (parfois) mais aussi un état d’esprit (souvent). Autrement dire, vous ne pouvez lutter contre la nature du boulet, et même je vous encourage à ne pas le faire : sans eux, notre existence serait sans conteste bien terne.
La prochaine fois, je vous raconterai comment je n’apprécie point les gens qui appuient leur « BONJOUR » pour vous faire remarquer votre méprise des règles de politesse alors qu’ils sont juste sourds comme des pots et que vous les avez bien salués.
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