Publié le 2 mars 2009
Nom d’une pipe en bois (restons simples pour une fois), vous ai-je déjà parlé de mon abjection pour les régimes ? Je parle bien sûr de ceux qui ne servent à rien ou presque, mis à part à se rassurer lorsque les beaux jours arrivent et que les farnientes à la plage se profilent dangereusement. Je parle du régime quasi-obligatoire, celui qui s’est imposé comme une institution au fil des années consuméristes, à tel point que les plus grands journaux de notre pays battent des records de vente lorsqu’ils affichent un titre racoleur type « perdre 8 kilos en 15 jours sans vergeture ! » – même les spams n’osent pas nous mentir à ce point.
Avant, les peintres trempaient leurs pinceaux dans les couleurs d’huile pour mieux représenter des femmes aux formes charnues, des fesses et des seins, et je doute qu’ils passaient des annonces de casting (« cherche bouffie, amies bouffies bienvenues aussi ») dans la gazette du coin. C’est pas à Simone De Beauvoir qu’ils lui auraient retouché le cul comme sur cette fameuse couverture du Nouvel Obs début 2008. Cette obsession de la minceur semble presque être apparue au cours du XVIIème siècle, mais à l’époque elle ne touchait que la taille, qu’on essayait d’amoindrir à coup de resserrage de corset. Puis Hollywood aidant, l’image a commencé à se déformer : Elizabeth Taylor se serait fait enlever des côtes, Maria Callas aurait bouffé du ver solitaire, et pendant ce temps-là Marilyn Monroe faisait soi-disant du 42. Où est la vérité dans toutes ses légendes urbaines, je vous le demande !
L’apologie de la minceur rend dingue
Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne : être mince est signe de réussite. Même Lily Allen le chante dans son dernier album, sur la chanson The Fear : « everything is cool as long as I get thinner » (Tout va bien tant que je deviens de plus en plus mince). Les corps filiformes ont fini par rendre les gens complètement à côté de la plaque, et je ne dis pas seulement ça parce que nous n’allons pas tarder à nous priver pour mieux rentrer dans notre jean après essorage, je le dis parce que j’ai lu la mère d’Agyness Deyn dire des conneries comme « ma fille a des courbes merveilleuses [elle] est un peu charnue » et que la mannequin Coco Rocha a brisé la loi du silence en avouant qu’on lui avait dit « on ne veut pas que tu sois anorexique, seulement que tu en aies l’air », non mais ARRETEZ TOUT, si maintenant Agyness est grosse et le look géante rachitique est tendance, autant se couper un bras, ça ira plus vite que de s’éreinter à faire des régimes.
Donc je suis contre les régimes, pour la simple et bonne raison qu’avoir 2 kilos en trop, je ne vois pas en quoi ça ferait de moi une personne plus laide / moins heureuse qu’une autre. Je crois en l’expression « faire attention » (pas comme dans la phrase « je fais attention à ne plus bouffer de beurre » mais comme dans « je fais attention à ne pas aller tous les 4 matins au McDo »), et au fait d’équilibrer ses repas, mais aux régimes à répétition, non. C’est une torture moderne, une diversion comme une autre (quand vous êtes trop occupées à penser à la nourriture, vous ne pensez pas à autre chose), une arnaque censée nous apporter joie et considération, un leurre attractif et obsessionnel et pourtant oh-combien-démoralisant.
Quelques exemples de régimes
Le régime dissocié : le but est de manger les féculents avec les légumes, ou les légumes avec les protéines mais de ne JAMAIS mélanger féculents ET protéines (sous peine évidemment d’obésité spontanée). Sauf que ça tombe mal, parce que vous avez déjà eu envie de manger des frites avec autre chose qu’un bon steak saignant vous ? Ou de mâcher une biscotte recouverte d’un brocolis ? Sérieusement ?
Le régime hyper-protéiné : en plus d’être mauvais pour la santé, ce régime promet pertes spectaculaires de poids si vous ne mangez QUE de la viande pendant un certain laps de temps. Bizarrement, tremper une côte d’agneau dans mon café, ça me paraît non seulement peu ragoûtant, mais aussi carrément dégueu.
La méthode Montignac : Ce régime-là a du fasciner vos mères, il était aussi populaire que Prince dans les années 80 (Prince le chanteur, pas les biscuits). En gros (AH AH AH), selon Montignac, nous serions tous sveltes tels des moineaux si nous arrivions à manger certains aliments ensemble et d’autres pas. Par exemple : pain + miel = okay ; pain + beurre = 666 (calories).
Voyons maintenant plutôt les différentes causes de la prise de poids…
Les raisons courantes d’une prise de poids
Je vous ai listé les raisons courantes à une petite prise de poids :
Comme vous le voyez sur le graphique nous avons : la dépression (manger reste mon seul plaisir dans ce monde de merde), l’hiver (on ne sait jamais si un jour l’homme ne devra pas hiberner), l’ennui (manger occupe), le stress (manger rassure), le PMS (hormones, je te hais et je brûlerai ton paillasson !).
Reste donc des solutions moins relous que faire un régime : soigner sa déprime, se trouver une activité, faire du yoga, bien dormir (quand on est fatigué les envies de sucres se font vachement plus ressentir), et les 4 à la fois en période pré-ragnagnas.
De l’observation en milieu naturel
Un jour où je me sentais fort grassouillet (car oui, le professeur est coquet), je me suis assis sur un banc et j’ai regardé les gens passer. Mauvaise nouvelle (surtout pour eux) : la majorité sont loin d’être des bombes sexuelles.
Mais alors que je contemplais les rondeurs et autres imperfections de mes pairs (ce qui tombait plutôt bien, étant donné que je n’avais pas pris de magazine people avec moi), j’ai même vu plus que ça : j’ai vu des filles bien en chair, rire et habillées pas comme des sacs, fantastiquement jolies.
J’ai vu des femmes dégageant plus de charme avec leur gras que des femmes au cheveu plat et à la joue creuse n’en auront jamais. Enfin, j’ai vu des filles normales, dont le poids doit forcément osciller comme tout le monde, et qui se préoccupent sûrement de faire un régime de temps à autre, comme tout le monde.
Le secret, c’est p’tet bien d’assumer.
Et puis n’oubliez pas de manger des twix et des chips de temps en temps, on a assez de contraintes au quotidien pour en plus s’en rajouter soi-même.
La prochaine fois je vous raconterai comment je suis à la fois agacée quand le contrôleur du train me réveille pour avoir mon billet (alors qu’il est juste posé sur la tablette devant moi), et frustrée quand il ne passe pas (le gangster qui est en moi se dit qu’il aurait pu frauder).
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Le poids de Marilyn a beaucoup évolué et les tailles étaient différentes mais elle ne faisait pas un 40/42 si on prends les tailles de notre époque.
D'ailleurs, elle ne faisait aucune taille à cause de la finesse de sa taille (justement), elle avait une morphologie en 8 qui tendait légèrement vers le type poire.
Was Marilyn Monroe a size 16? - Times Online
Size 8 ou 10, 36 ou 38 donc. Mais avec des courbes qu'on n'a plus l'habitude de voir dans les média.