Coupe de cheveux à la Mireille Mathieu alors que votre taux de kératine est bas (vos cheveux repoussent d’1 cm tous les trois mois) et tatouage au bic raté, vous avez peut-être une idée de ce que sont les accidents relous, accidents communément appelés « fiascos » et que vous avez certes provoqués, mais dont le résultat final vous échappe.
Une personne correspond à cette théorie de l’échec : l’incruste.
Sorte de parasite humain, l’incruste est pourtant votre ami. Foncièrement gentil, il peut très bien n’avoir que des qualités à vos yeux, mais peut également s’avérer lourd, fade, voire stupide par moment. En conséquence, c’est un ami en CDI : vous savez qu’un jour vous pourrez arrêter de le voir, mais ce n’est pas pour aujourd’hui.
Les types d’incrustes
• l’incruste type A : le moins nocif, et le plus spontané finalement. Il passe chez vous à l’improviste alors que vous êtes en train de vous épiler la moustache, mais ne fait pas de remarques sur votre lèvre supérieure rougie, parce qu’il aimerait mater la quotidienne de Star Academy avec vous.
• l’incruste type B : déjà un peu plus épuisant. Vous l’avez invité et comme tout bon vampire qui se respecte, il ne se lasse pas d’être chez vous, à vous parler, et vous avez beau regarder avec insistance votre montre, il ne partira pas avant de vous avoir exténué jusqu’au bout. Exemple d’incruste type B : un témoin de Jéhovah.
• l’incruste type C : le plus néfaste. Il s’instaure dans votre intimité en squattant carrément le canapé. Il a prévenu la veille, ça devait être quelques jours, ça devient des semaines. Ne se rencontre plus au-delà de 30 ans (après ça, il a une foyer à lui, ou il a été retrouvé mort)
Chaque type d’incruste a ses propres motivations :
L’inscruste A
Le type A vous apprécie, cela ne fait aucun doute. Mais il n’attend pas votre consentement pour se pointer devant votre porte car il reste persuadé qu’à votre degré d’amitié, le stade de la politesse n’a plus lieu d’être, et qu’il est désormais le bienvenu chez vous. En plus, il sait que vous avez toujours une bière au frais. Néanmoins, c’est quelqu’un de généreux : vous pouvez vous incruster chez lui quand vous voulez. Au moins, ça fait plaisir de savoir que c’est réciproque, que ce n’est pas juste pour squatter l’eau chaude.
Comment s’en débarrasser ?
Parfois, on apprécie la compagnie de l’incruste de type A. Parfois non. Quand c’est non, prétextez quelque chose d’urgent à faire, dites que vous devez partir sur le champ, ou faites autre chose sans lui adresser la parole pendant de longues minutes. « Je vois que j’arrive au mauvais moment » ; « ah désolé, je dérange » ; « je repasserai plus tard, je tombe mal » sont les réponses les plus probables qui sortiront alors de la bouche du type A.
L’inscruste B
Le type B partage parfois avec le même syndrome que le type A, à savoir le besoin de parler. Plusieurs écoles débattent au sujet de l’incruste de type B. Certains voient en lui une personne qui n’arrive pas à décoder la psychologie comportementale (« ah tiens, il se demande quelle heure il est »). D’autres, dont moi, pensent qu’il ne faut pas prendre ce type B pour un con : il sait très bien ce qu’il fait, mais il simule la méconnaissance des codes sociaux, choisit de passer outre votre ras-le-bol, parce qu’il est bien avec / chez vous. Sadique, cela ne le gène pas de vous voir fatiguées, il éprouve au contraire un malin plaisir à voir que vous n’osez pas lui dire de se casser.
Comment s’en débarrasser ?
Dites lui de se casser. Sous l’emprise de l’alcool, votre ami ne vous en voudra pas, et oubliera probablement l’incident. Personnellement, mon ami-incruste de type B rit très fort quand je lui dis de partir maintenant, avant de grogner un peu et de finalement quitter les lieux. S’il s’agit de quelqu’un que vous ne connaissez pas si bien, baillez fréquemment, en poussant de gros « aaaah » de gorge. En cas d’insuccès, feintez l’évanouissement : quand le type B voudra alors appeler le SAMU, dites lui que vous avez juste besoin de sommeil, vous avez eu une dure semaine. Il ne veut pas vous tuer non plus.
L’inscruste C
Le type C est un cas particulier : vous ne pouvez pas lui refuser votre hospitalité. Parce qu’il est dans la mouise, parce que cela fait longtemps que vous ne l’avez pas vu, parce que vous savez qu’il ferait la même chose. Au début même, cela vous ferait presque plaisir. Vous avez quelqu’un chez vous quand vous rentrez le soir après une journée de labeur intense. Vous n’osez pas lui demander combien de temps il pense rester, de peur de passer pour un rustre et de le vexer. Petit à petit, vous commencez à regretter la bonne vieille époque solitaire où vous pouviez péter tranquillement devant la télé et vous nourrir de cochonneries le soir. Vous commencez à regretter avoir prononcé ces mots « tu restes le temps que tu veux » et « tu fais comme chez toi ». Enfin, la haine.
Comment vous en débarrasser ?
S’il est chez vous, c’est qu’il ne sait pas encore ce que l’avenir lui réserve. Aidez-le à construire cet avenir : c’est la seule solution pour vous en sortir et garder votre ami. Si toutefois vous estimez que finalement vous pourriez vous passer de cet ami, soyez désagréable et anti-convivial. Laissez vos poils pubiens sur la plaque de cuisson. Réveillez le avec une bataille de coussins. Videz le ballon d’eau chaude tous les matins et passez votre temps au téléphone tous les soirs.
Enfin, n’oubliez pas que l’incruste est finalement un être humain fait de chair et de sang qui ne cherche qu’à avoir votre amour.
La prochaine fois, je vous raconterai comment les esthéticiennes qui font des remarques du style « ouh la la, il était temps didonc hihihihi » mériteraient qu’on leur épile les aisselles à la pince à épiler.
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