La juge de la Cour suprême de l’Ontario l’a annoncé le 3 mars 2021 : Alek Minassian, l’auteur de l’attentat de Toronto commis en avril 2018 est bien considéré comme responsable, et coupable, de ses actes.
Au volant d’une voiture-bélier, l’homme avait fauché plusieurs personnes, faisant dix morts et seize blessés. Si ce drame terrible a été si médiatisé, c’est parce qu’il mettait en lumière la mouvance incel. Ce terme, désignant à la base les gens qui subissent le célibat et en souffrent, est notamment utilisé par des communautés, sur le Web, d’hommes soudés par leur haine des femmes, qu’ils tiennent responsables de tous leurs malheurs (notamment celui d’être célibataire et de ne pas avoir de relations sexuelles).
L’auteur de la tuerie s’est lui-même identifié comme faisant partie de ce groupe avant de commettre son geste, et a rendu hommage à un homme, Elliot Rodger, l’auteur d’une fusillade meurtrière en 2014 à Santa Barbara. Ce dernier avait ciblé des jeunes femmes et s’était ensuite suicidé ; il était alors devenu une sorte d’idole des incels
, qui voyaient en lui un martyr de leur « cause » et s’y réfèrent souvent en l’appelant « Gentleman Supreme ».
Les avocats de la défense ont tenté de plaider qu’Alek Minassian n’était pas responsable de ses actes en raison de ses troubles autistiques, mais la justice a finalement estimé que c’est bien la soif de célébrité qui a poussé le terroriste à préparer et à commettre l’attentat — ce qui soulage, entre autres, plusieurs associations canadiennes de personnes autistes refusant que l’autisme soit associé à ce crime haineux.
L’homme, déjà jugé coupable, attend un ultime verdict : il risque la prison à perpétuité avec une peine incompressible de 25 ans. La peine sera connue le 18 mars prochain.
Violences misogynes et dérives idéologiques
Les violences perpétrées par les incels sont en augmentation outre-Atlantique et inquiètent les spécialistes du terrorisme. Selon la directrice de l’Institut de Recherches autour du Suprémacisme Masculin, Alex DiBranco, il ne faut pas sous-estimer leur pouvoir de destruction et surtout ne pas faire de leur passage à l’acte un enjeu de santé mentale en qualifiant les auteurs de tueries de « malades ». L’enjeu est au contraire hautement politique :
« C’est une idéologie, ce n’est pas un trouble psychologique. La compassion qui entoure ces actes n’est pas justifiée. »
Dans un rapport sur les tueries de masse, l’experte insiste :
« Bien que les incels misogynes sont souvent perçus comme un mouvement sans but politique, ceux qui perpétuent des violences ont le même type d’objectifs très vastes que les suprémacistes blancs : complètement changer la culture et la politique de la société pour favoriser leur groupe. »
À lire aussi : Qui sont les femmes « incels », qu’aucun homme ne désire ?
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Malheureusement les avocats qui respectent une déontologie dans la défense des mis en cause, c'est très rare. Par contre, jouer sur l'ignorance ou des idées reçues, c'est très courant.
Bon après, on va me dire qu'ils sont nécessaires et tout... je ne dis pas le contraire mais normalement ils devraient surtout surveiller que les droits de leur client sont respectés.