Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Lina a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.
- Prénom : Lina
- Âge : 24 ans
- Métier : Ingénieur contractuelle de la fonction publique
- Salaire net : 1 863 euros par mois. Elle n’est pas encore imposée à la source
- Vit avec : son lapin
- Lieu de vie : un appartement de 45 m² dont elle est locataire à Nancy
Les revenus de Lina
Lina est ingénieur et travaille dans la fonction publique en tant que contractuelle. Elle est donc en CDD, et attend de passer un concours de la fonction publique, qui lui permettrait d’obtenir un CDI au sein de sa structure. Elle travaille principalement sur des questions autour de l’environnement et sa protection.
Elle estime que son salaire la place dans la moyenne, voire la moyenne haute :
« Mon salaire me permet de subvenir à mes besoins vitaux et à bien plus, puisque je peux avoir des loisirs et faire des achats (livres et skincare) sans avoir à me serrer la ceinture.
Par rapport aux gens de mon âge je me considère dans la moyenne haute ++, et par rapport à la population française entière je me considère dans la moyenne. Je salue notamment le fait que la fonction publique paie en fonction de grille salariale, évitant les écarts entre homme/ femme (encore trop présent) et me permettant d’être augmentée chaque année sans avoir à réclamer ! »
Le rapport à l’argent de Lina
Lina a terminé ses études il y a un an, après plusieurs années de stage et d’alternance. Ses revenus ont augmenté progressivement, et elle explique avoir appris à gérer un budget pas à pas :
« Mes parents m’ont soutenu financièrement durant le début de mes études pour que je ne manque de rien sans avoir à vivre ric-rac. Je bénéficiais également d’APL. J’ai aussi été incitée à travailler en job d’été. Dans cette logique, j’ai fini mes études en alternance pour gagner en autonomie financière et gérer mon argent et non plus celui de mes parents.
Quand j’ai fini mes études, j’ai tenu pendant les premiers mois un compte détaillé de toutes mes dépenses, du loyer à l’achat d’un croissant. Le faire sur papier m’a permis d’avoir plus de visibilité sur mes comptes et de catégoriser mes dépenses entre les courses, les frais obligatoires, les loisirs… Ça m’a aidé à voir plus clair sur ce qu’il me restait à chaque fin de mois. »
Une méthode qui l’a aidée à comprendre son budget et ses besoins, pour ne plus avoir à y réfléchir aussi souvent :
« Lorsque plusieurs mois se sont écoulés, j’ai pu avoir une meilleure connaissance de mon budget et arrêter de le tenir aussi rigoureusement.
Maintenant, je suis les mouvements de mon compte bancaire régulièrement, c’est tout. je n’ai jamais été à découvert, j’y veille attentivement. »
Elle fait attention à ses comptes, mais essaie de conserver des petits plaisirs réguliers :
« Même si je fais attention à mes comptes, je ne me prive pas de petits plaisirs (vin chaud au marché de Noël, croissant en petit déjeuner, …) de temps en temps.
Mon objectif est de profiter de chaque instant sans pour autant finir à découvert. »
Les dépenses de Lina
Représentant près d’un tiers du budget de la jeune femme, le loyer de Lina est son plus gros poste de dépenses. Pour son appartement de 45 m² dans la ville de Nancy, Lina paie 600 € par mois.
« Étant dans une ville étudiante, il y a un « pallier » dans les prix des logements. C’est-à-dire que, de manière un peu caricaturale, en dessous de 500 €, j’aurais des studios, plutôt vieux, sans parking… Alors qu’en dépassant le pallier des 550 euros de loyer, on accèdes à des appartements plus grands, neufs, avec balcon, avec parking. Je sais que cette somme représente une grosse partie de mon budget, mais la réduire signifie perdre en qualité de vie, et je ne le souhaite pas aujourd’hui. »
Elle est satisfaite de son appartement, dont l’emplacement est très pratique dans sa vie quotidienne :
« J’habite à 10 minutes à pied de mon lieu de travail et à 5 minutes à pied d’un grand supermarché. La localisation de mon logement me permet d’effectuer la quasi totalité de mes trajets à pied. »
Le fait que son logement soit neuf présente par ailleurs des avantages certains : elle explique que son immeuble est « au top en termes d’isolation ». Cela lui permet d’allumer le chauffage assez tard dans l’année — elle ne chauffe par ailleurs jamais au dessus de 19 degrés. Ses factures de gaz et d’électricité représentent 30 € par mois.
Ses frais fixes mensuels comprennent 46 € d’abonnements pour internet et Netflix, 80 € d’assurances pour sa voiture, son logement et sa complémentaire santé, ainsi que 14 € de frais bancaires, une somme qu’elle espère réduire bientôt :
« Je considère ça comme trop cher, mais j’avais un besoin ponctuel des options en lien avec cette carte et je n’ai pas encore pris le temps de changer. »
Elle compte environ 40 € chaque mois pour se déplacer : une douzaine d’euros pour un plein d’essence (elle se sert très rarement de sa voiture, uniquement pour ses loisirs), quelques euros pour prendre le tram ponctuellement, et des billets de trains pour aller voir sa famille.
« Je suis en pleine réflexion sur mon mode de consommation »
L’ingénieur explique dépenser environ 250 € par mois pour pour ses courses, principalement dans des grandes enseignes proches de chez elle. Elle pense toutefois à faire évoluer son mode de consommation :
« Je consomme beaucoup de légumes, je privilégie les produits de saisons, français et dans l’idéal achetés sur le marché local de ma ville. Pour moi, consommer local est un point important. Je préfère payer un peu plus cher mon exploitant vosgien que d’avoir un produit moins cher acheté en grande quantité à l’autre bout du monde.
Je suis en pleine réflexion pour changer de mode de course, j’aimerais privilégier le local encore plus, mais l’AMAP proche de chez moi ne me convient pas totalement. À suivre ! »
Elle compte aussi 10 € par mois de litière et de nourriture pour son lapin.
Les loisirs de Lina
Dans ses frais réguliers pour les loisirs, Lina dépense environ 85 € par mois en lissant à l’année ses dépenses pour ses activités sportives :
« Je pratique du fitness une fois par semaine avec la MJC de ma ville, ce qui me permet d’avoir accès à une séance de sport de qualité à bas prix chaque semaine. Je suis également cavalière depuis longtemps, et cette activité me tient particulièrement à cœur. Lorsque j’ai du temps libre, je cours ou je fais des randonnées proches de chez moi.
Je suis également une grande lectrice, et mon rêve est d’avoir un jour une grande bibliothèque dans mon salon (ce qui me sert d’excuse pour acheter de nombreux livres…). J’échange régulièrement mes livres dans les arbres à livres près de chez moi et je vais me renseigner pour m’inscrire à la bibliothèque. »
Elle compte à l’année son adhésion au fitness de sa MJC et son forfait annuel (184 €), une licence fédérale et un forfait pour l’équitation (684 €) ainsi que des stages ponctuels (environ 80 €). Cette année, elle a aussi acheté du matériel de sport pour une centaine d’euros.
Elle rajoute environ 150 € par mois, lissés à l’année, dans un budget « autre » qui recouvre des week-ends dans d’autres villes de temps en temps, un restaurant par mois, quelques sorties dans des bars ou des boîtes, et plus rarement des sorties au cinéma, au théâtre ou à l’opéra.
Elle espère pouvoir garder ce budget loisirs, qu’elle considère important pour son épanouissement :
« Les loisirs et les weekends sont des parts conséquentes de mon budget. En même temps, il s’agit des éléments qui me font plaisir, donc aujourd’hui pas réduction en prévision, même si cela devra surement arriver un jour.
J’ai toutefois conscience que le jour où j’aurai des crédits à rembourser ou des dépenses plus importantes (enfants, maladies, imprévus …) ce budget devra être revu fortement à la baisse. »
L’épargne de Lina
Une fois ces dépenses faites, Lina économise entre 200 et 800 € chaque mois, un chiffre qui varie en fonction de ses factures à payer (qui tombent de manière bi-mensuelle, trimestrielle ou annuelle pour la grande majorité.
Elle explique que ses parents ont économisé pour elle pendant son enfance.
« Quand j’ai eu 18 ans, ils avaient épargné environ 15 000 € pour moi. Avec mes jobs d’été en tant qu’étudiante et les 500 € par mois en moyenne que j’économise depuis que j’ai commencé à travailler il y a un an, je suis aujourd’hui à environ 20 000 € d’épargne. »
Quand elle est rentrée dans la vie active, elle a pris un rendez-vous avec sa banque qui lui a conseillé d’ouvrir un livret d’épargne et une assurance-vie.
« Aujourd’hui, je verse mon argent sur mon compte épargne en priorité, mais je sais que mon assurance-vie est déjà ouverte pour plus tard.
Quand je signerai un CDI, j’aimerais devenir propriétaire d’une maison avec un petit jardin à la campagne, et faire des voyages un peu plus onéreux comme aller au Canada. »
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Même en utilisant uniquement de vieux journaux comme litière, si elle achète du foin et des végétaux pour son lapin, 10€ par mois c'est intenable pour un pinpin. Il faudrait qu'elle achète son foin en gros directement au producteur, qu'elle fasse les fins de marché pour avoir des restes gratuits et qu'elle n'aille absolument jamais chez le vétérinaire. Il faudrait également que quelqu'un lui ait donné tout le nécessaire (litière, fond de caisse, gamelle) dès le début gratuitement.
Ou y a maltraitance, ou elle sous-estime très fortement les coûts liés à son pinpin. Je penche plutôt pour la 2e option. La 1ère signifierait que son lapin patauge dans ses déjections et meurt de faim. Bref, il ne vivrait pas assez longtemps pour être cité dans l'article.
En 2011, ladureviedulapinurbain avait fait le calcul : environ 35€ pour la nourriture, 10,5€ de litière, les frais vétérinaires... Depuis, les prix du foin et de la litière ont beaucoup, beaucoup augmenté.
Si je faisais le calcul pour l'un des miens, on serait plutôt sur 75-80€/mois je pense, hors frais médicaux.