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Source : Jespe / Canvapro
Règlement de comptes

Lina, 1 854 € par mois : « En école de commerce, on nous vend des salaires mirobolants à la sortie, mais la réalité est tout autre »

Comment vit-on à Paris quand on gagne moins de 2 000 € par mois ? Est-ce que faire une école de commerce garantit un job en or ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons cette semaine dans Règlement de comptes.

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Lina* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.

  • Âge : 26 ans
  • Profession : chargée de communication
  • Salaire net avant prélèvement à la source : 1 940,40 €
  • Salaire net après prélèvement à la source :  1 854,57 €
  • Lieu de vie : Paris intra-muros

La situation et les revenus de Lina

Lina, 26 ans, travaille en CDI dans une grande entreprise de joaillerie, au service Marketing en tant que chargée de communication web. En couple, elle vit seule à Paris dans un « petit appartement » dont elle est locataire depuis quelques mois. 

« J’ai d’abord vécu longtemps en colocation pour minimiser les frais, avant de me trouver mon premier chez-moi. Cela engendre forcément des coûts supplémentaires mais j’avais envie de me lancer et de vivre seule. »

Pour son job de chargée de communication, Lina touche un salaire net de 1 940 €, ramené à 1 854 € après prélèvement à la source. Elle perçoit aussi une prime de 1 270 €, répartie sur les mois de septembre et décembre. Enfin, elle bénéficie de 200 € mensuels de tickets restaurant

« Comme beaucoup de gens, je ne m’estime pas suffisamment payée, au regard du travail fourni, du nombre d’heures effectuées chaque semaine, de mes diplômes. L’entreprise ne compense pas en proposant par exemple du télétravail, des RTT ou même un bon CE. »

Pour Lina, sa situation reflète « la réalité du marché du travail » aujourd’hui, où les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ne bénéficient ni des avantages, ni de la reconnaissance qu’ont eus leurs aîné·es. 

« J’ai fait une grande école de commerce et on nous y vend des salaires mirobolants en sortie d’école alors que la réalité est tout autre. Notamment dans les métiers de la communication. Je m’estime quand même dans la moyenne et satisfaite de ce que mon salaire me permet de vivre dans la capitale. Ah et fait notable, j’aime mon job et ça joue aussi ! »

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Le rapport à l’argent de Lina et son organisation financière

Lina a grandi auprès de parents qui lui ont « inculqué un rapport raisonnable à l’argent : ce n’est pas parce qu’on en a les moyens que c’est bien de s’acheter telle ou telle chose »

« Même dans des périodes difficiles, nous n’avons jamais manqué de rien et mes parents nous ont transmis le goût des plaisirs simples et de la seconde main. J’essaye de faire pareil et d’avoir un bon équilibre entre me faire plaisir et épargner. »

Aujourd’hui, Lina a le sentiment de bien gérer son argent. « Jamais à découvert », elle n’a jamais pris l’option de dépassement pour « ne pas avoir de mauvaises surprises »

Pour être certaine de se constituer une épargne, elle met à chaque début de mois la même somme de côté et elle n’y touche qu’en cas d’urgence. « Par exemple, si j’ai des frais médicaux à avancer. » Elle met aussi une autre somme de côté sur sa banque en ligne et à laquelle elle peut toucher si besoin. Ce fonctionnement lui permet « d’avoir un bon équilibre entre se faire plaisir et épargner »

Côté organisation financière, elle détient un compte courant avec une carte bancaire, et deux comptes d’épargne. 

« Ayant pris l’offre la moins chère de ma banque pour la carte bancaire, j’ai à côté souscrit à une banque en ligne avec une carte gratuite que j’utilise à l’étranger pour ne pas avoir de frais supplémentaires. »

RDC

Les dépenses de Lina

Pour son petit appartement en location dans le centre de Paris, Lina paye un loyer de 900 €. Comme bon nombre de Français·es, il s’agit – et de loin – de son principal poste de dépenses. 

L’eau chaude, l’eau froide et le chauffage étant compris dans le prix de son loyer, Lina ne règle que sa consommation d’électricité, estimée à 20 € par mois

Ses autres dépenses fixes comprennent le paiement de sa box internet (15 €), son forfait téléphonique (15 €), son abonnement Netflix (8,99 €) et son abonnement Spotify Famille (5,99 €). Soit un total de 44,98 €. 

Les frais bancaires de la jeune femme sont très bas : 2 € par mois, tout comme son assurance habitation. Lissée sur l’année, celle-ci lui revient à 5 € mensuels

Pour se déplacer à Paris, Lina utilise les transports en commun et a donc une carte Navigo, qu’elle paye 84 € par mois. À cette dépense s’ajoute 80 € de train, quand elle rentre deux week-ends par mois dans sa famille. 

RDC (1)

« Avec l’inflation, les prix montent vite »

Pour faire ses courses, Lina se rend principalement en grande surface. Elle estime ses dépenses d’alimentation à 150 €, qu’elle règle principalement avec sa carte ticket restaurant. 

« J’essaye de faire attention à prendre des choses de saison et je fais très attention aux prix car avec l’inflation, cela monte vite. Par contre, je ne fais pas de gros plein de courses, je m’y rends plutôt une à deux fois par semaine. Je prépare souvent mes repas en avance, notamment pour le midi au boulot. »

Même si ce qu’elle dépense pour manger est déjà maîtrisé, Lina aimerait encore réduire les frais « ou au moins améliorer ma façon d’acheter ».

« Les enseignes à Paris sont chères et je choisis sur place en fonction des prix et de ce qu’il y a. Je mange très peu de viande car les prix sont trop élevés et j’ai souvent l’impression de faire des courses qui partent un peu dans tous les sens et de ne pas manger très variés (team coquillettes-jambon-fromage). Par contre, je suis fière de moi car je fabrique mes propres produits ménagers et mes shampoings solides. »

Concernant les dépenses dites « féminines », Lina les estime à environ 25 € par mois. Cela comprend une vingtaine d’euros en séances d’épilation, qu’elle fixe au printemps et l’été, et de la skincare « un peu onéreuse pour l’acné ».

« Avant je faisais faire mes ongles mais j’ai investi dans une machine pour faire mon semi-permanent moi-même. Je fabrique aussi quelques produits de soin moi-même comme les shampoings solides, l’huile démaquillante… »

Les dépenses loisir de Lina

Pour sortir, se détendre et voyager, Lina compte environ 230 € par mois – une dépense lissée sur l’année. 

La jeune femme privilégie les loisirs gratuits ou peu coûteux, comme le sport chez elle, le running et la lecture.

« Je lis énormément mais j’échange des livres avec mes amis. Avant 25 ans, je profitais de la gratuité des musées et expos pour sortir. Maintenant j’attends le premier dimanche du mois ou je cherche en priorité les expos gratuites. »

Sinon, elle aime sortir dans des bars ou au restaurant avec ses ami·es mais là encore, ses dépenses sont maîtrisées.

« Je me fixe un budget à ne pas dépasser et ce ne sont jamais des endroits très onéreux. »

En réalité, la majorité de son budget loisirs passe dans les week-ends qu’elle passe « à droite à gauche chez des ami·es. À l’avion, la jeune femme privilégie le train et elle finance ses vacances à l’étranger avec sa prime annuelle

« C’est un poste de dépenses ‘vie sociale’ qui peut sembler important mais qui fait partie de mon rythme de vie. »

Enfin, Lina avoue adorer les vêtements. Et même si elle privilégie la seconde main sur Vinted, elle débourse en moyenne une centaine d’euros par mois pour se vêtir. Un poste de dépenses qu’elle aimerait bien réduire. 

« En début de saison, je craque sur plusieurs choses dont je n’ai pas forcément besoin. Mon dernier craquage ? Pour mon anniversaire : Un sac Chloé, toujours en seconde main. » 

L’épargne et les projets d’avenir de Lina

Même si ses dépenses sont variables – notamment en raison des week-ends qu’elle fait régulièrement – Lina parvient à mettre de côté environ 400 € par mois. « Parfois, c’est plus, cela dépend des moments. »

La jeune femme a déjà une idée de la prochaine « grosse » dépense pour laquelle elle va piocher dans son épargne : l’achat d’une machine à laver. 

À plus long terme, elle aimerait quitter Paris et revenir dans sa ville d’origine pour investir dans l’immobilier. 

« Mais c’est encore un peu flou car je ne pourrais pas rembourser l’emprunt en ne vivant pas dans le bien acheté. »

Merci à Lina* de nous avoir ouvert ses comptes !

* Le prénom a été modifié.

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Les Commentaires

17
Avatar de chichite
2 novembre 2023 à 11h11
chichite
Il y’a aussi des écoles post-bacs donc 40k pour peut-être 5 ans (bachelor + master dans le même école) ?
Je viens de regarder l’école citée et on en est à 16k l’année en PGE. L’inflation a bon dos, c’était quasi moitié moins il y a 10 ans dans une école du même niveau.
Après, en sortie d’école, en général, les métiers marketing/comm (qui sont d’ailleurs des milieux plus féminisés) sont moins payés que les métiers de la finance (au sens large, que ce soit d’entreprise ou finance de marché où les salaires sont encore plus hauts)
Oui, tu peux aussi faire ça, mais là je pense qu'on dépasse les 40K et souvent c'est "moins" bien si tu accordes une grande place à l'image de ton parcours. Si tu veux pouvoir montrer un beau CV aux grosses boîtes il faut avoir fait prépa puis avoir intégrer une grande école post concours, à la rigueur en passerelle après une licence ou un diplôme type BTS mais faire les 5 ans (bachelor + école derrière) c'est plus rare. Je l'ai pas trop vu lors de mon parcours en tout cas, souvent le niveau du bachelor te permet pas tellement d'avoir le niveau pour passer les passerelles et tu intègres pas comme ça le programme grande école (c'est pas parce que tu es en bachelor que tu as une place réservée pour master).
Comme c'est très élitiste, c'est comme pour le luxe il faut savoir suscité l'envie, si tout le monde peut rentrer ça perd de son intérêt, tu vois l'idée? ^^
@M.* Je connais bien le sujet, je fais des paies ça aide
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