Au delà de l’esthétique de sa forme, la revue se propose de relever un certain défi : marier « analyses, reportages et photographies » et se présenter comme « un espace de dialogue offrant une autre vision de la sexualité et du désir ».
Intrigués par cette nouvelle revue, on a rencontré l’équipe éditoriale de L’Imparfaite. But du jeu : leur poser toutes ces questions qui nous titillaient ; et ainsi lever le voile sur le mystère de cette publication qui rend hommage à l’érotisme, la sexualité et la poésie.
Spiderwoman ?
madmoiZelle.com : Vous désignez L’Imparfaite comme « un objet éditorial non identifié ». Dites-nous en plus.
C’est le chercheur en gender studies, Bruno Perreau, qui nous a appelés comme ça la première fois, dans un de ses cours. Il voulait montrer à quel point il était inhabituel de mélanger études, fictions, photographies, entretiens et reportages autour de la sexualité. Cette définition nous a plu et elle correspond parfaitement à notre revue et à notre façon de travailler.
Que trouve t-on dans votre revue ?
Des mots et des images, des dessins et des photos, des filles et des garçons, des choses sérieuses, des choses légères.
Dans le numéro un, on rencontre Léda et le cygne, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence et Candy. On mange des œufs, on prend un bain a plusieurs et on apprend a se déguiser en garçon.
Qui se cache exactement derrière L’Imparfaite ? Pouvez-vous nous décrire votre équipe ?
Nous sommes huit. Nous nous sommes tous rencontrés à Sciences Po et nous sommes devenus amis en faisant la revue.
Kim vient de l’université de Chicago et des sciences politiques, Arnaud étudie maintenant la photographie aux Gobelins, Quentin est journaliste, Cécilia est chercheuse et reporter à la radio, Damien chercheur et webmaster, Lorraine est une jeune juriste de la régulation, Victoire est brodeuse et illustratrice, Fahd, lui, travaille dans les ressources humaines.
Autour de nous, une cinquantaine de personnes, âgées plutôt de 19 à 27 ans, contribuent également à la revue. Ils posent, prennent des photos, écrivent…
Quelle est la position éditoriale de votre revue à l’égard de la sexualité ? S’il fallait le résumer : quel est son leitmotiv ?
L’idée est venue de Fahd Ayeva, notre directeur de la publication. Lors de son année à Chicago, il a découvert que plusieurs de ses amis publiaient une revue érotique. De retour à Sciences Po, un an plus tard, il a voulu relever à son tour ce défi avec d’autres. Dès le départ, on voulait que L’Imparfaite soit un bel objet, avec du beau papier, ce qui était original par rapport aux fanzines américains qui sont édités de manière plus artisanale.
Concrètement : où trouver votre revue ?
Nous sommes en vente au Passage du Désir, un lovestore
dans le 4e arrondissement de Paris. On peut aussi commander le magazine sur le site et se le faire envoyer par la poste ou passer le prendre au magasin.
Pour la sortie de chaque numéro, nous organisons aussi une grande fête, pour nos contributeurs, nos lecteurs et tous les autres.
Alors comme ça, Science po se dévergonde ? C’est ce que l’on crie sur tous les toits. Espérez-vous rompre avec l’image poussiéreuse que peut parfois avoir votre école ?
C’est quelque chose qu’on a étudié dans le numéro 0 et on a bien vu que la poussière a été reléguée dans les coins depuis un moment déjà. D’ailleurs, nous voulions vraiment utiliser le « ce qu’on sait faire d’autre » des étudiants de l’école. Nous voulions aller là où l’on ne nous attendait pas vraiment.
D’ailleurs, faut-il envisager votre équipe éditoriale comme un véritable collectif, amené par exemple à organiser des événements ? Quelles sont vos prétentions exactes sur le long terme ?
L’Imparfaite, c’est d’abord une revue. Notre avenir dépend de la qualité de cette revue, et de sa capacité à susciter l’adhésion. Bien sûr, dans nos longues nuits de bouclage, nous nous prenons à rêver d’organiser quatre festivals par mois et des expositions. Mais pour l’instant, nous avons surtout extrêmement envie de poursuivre ce projet, de nous améliorer, et de le défendre.
Pensez-vous faire appel à des collaborateurs extérieurs dans la création de contenu de votre revue ? Comment ça se passe ?
C’est tout l’enjeu de la revue. Nous sommes ouverts à toutes les contributions, à tous les jeunes talents. Au fil de nos rencontres, nous recherchons et nous sollicitons de nouveaux contributeurs. Nous recevons également des propositions d’articles ou de photos par le biais de notre site ou notre page Facebook.
Quelques mots sur « votre processus créatif » : comment se déroule une conférence de rédaction type ?
Chaque texte, chaque image est vivement discuté. On a beaucoup progressé, mais ces réunions sont toujours le désordre que l’on imagine. Parfois, ça ressemble à un déjeuner en famille le dimanche, et parfois à une nuit d’amour et de disputes, d’autres fois à une très sérieuse réunion.
Nos conférences de rédaction peuvent se dérouler dans les endroits les plus saugrenus, une de nos cuisines ou l’arrière-salle d’un café. Pour l’instant, la rédaction de L’imparfaite est itinérante.
Le travail que nous fournissons chacun de notre côté entre deux réunions ou en petit groupe autour des différents pôles de la revue est aussi très important.
Une petite anecdote à nous raconter, un fait marquant, depuis le début de votre aventure ?
Dans le numéro 0, la backover est une photo d’un homme nu de dos. Lors du lancement, la moitié des hommes présents assuraient mordicus que c’était eux. Nous, on sait à qui appartient vraiment ce dos.
Merci à Victoire Desprez, de nous avoir présenté l’Imparfaite. On vous recommande le bijou littéraire, photographique, poétique et journalistique – une réflexion sur l’érotisme tout en finesse et en subtilité. Chose sûre : avec ces étudiants de Science Po, on est loin de la masturbation intellectuelle.
Plus d’informations :
- L’édito de Fahd Ayeva
- Le site Internet de l’Imparfaite
- Le groupe Facebook de l’Imparfaite
- La Fan Page Facebook de l’Imparfaite
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Putain j'ai envie de dire, quand on est dans un IEP ou à Sciences Po, on rigole bien devant ce genre de question .
J'aimerais bien feuilleter cette revue. Elle a l'air en effet très poétique, j'aime beaucoup la couverture. C'est chouette.
Mais moi j'avais aussi beaucoup aimé l'initiative de certains iepiens de Lille, La Liberté de la fesse. En gros ils posent à poil de dos le doigt pointé vers le ciel, mais ils ont pris des photos partout dans le monde c'est assez fort. J'ai envie de dire, c'est un projet qui a des couilles .
Halte aux clichés, à Sciences Po, le sexe, la fesse, on connait .