La pandémie et ses restrictions sanitaires n’ont pas été d’une grande aide pour l’hygiène bucco-dentaire. Et si le masque a l’avantage de dissimuler les stigmates d’une routine imparfaite, les conséquences, elles, ont besoin de bien plus qu’un bout de tissu pour s’envoler…
D’après une enquête de l’American Dental Association (ADA), plus de la moitié des dentistes américains interrogés ont signalé des effets néfastes de la pandémie sur nos dents et une augmentation des cas de caries, de gingivites ou de dents ébréchées.
La FDI (World Dental Federation), tire même la sonnette d’alarme et parle d’une véritable « catastrophe dentaire » avec des conséquences terribles sur la santé…
Les mains nickel, les dents abîmées
La pandémie nous a poussés à revoir notre hygiène et à bien laver nos mimines pour réduire les risques de contamination. Mais en huis-clos, soyons honnêtes, la crise sanitaire et surtout les confinements, n’ont pas révélé notre côté le plus accro au savon et au dentifrice (en témoignent la tendance des cures de sébum et la baisse des ventes des produits d’hygiène).
Selon l’étude de l’ADA, depuis le début du Covid aux États-Unis :
« Plus de la moitié des dentistes interrogés ont signalé une augmentation de la prévalence du bruxisme (59,4 %), des dents ébréchées et fêlées (53,4 %) et des symptômes de troubles temporo-mandibulaires (53,4 %) chez leurs patients, et plus d’un quart ont constaté une augmentation d’autres affections, notamment 26,4 % qui ont signalé une augmentation des caries et 29,7 % qui ont signalé une augmentation des maladies parodontales. »
Pourquoi nos dents paient-elle le prix de la pandémie ?
Pourquoi nos mains sont-elles nickel, mais nos bouches puent-elles le rat mort ? Eh bien d’abord parce que les confinements et restrictions n’ont pas rendu évidente la prise de rendez-vous chez le dentiste : plusieurs cabinets ont fermé temporairement et les potentiels patients et patientes ont limité les visites médicales qu’ils et elles ne jugent pas urgentes pour éviter les risques d’être contaminés.
Bien évidemment, la précarité joue aussi. Car si la plupart des soins dentaires sont plutôt bien remboursés en France, aux États-Unis, ils le sont nettement moins — voire pas du tout… Et la pandémie n’a rien arrangé : une grosse partie des Américains, 6 millions au total selon l’ADA, s’est vue licenciée, a perdu son assurance maladie ou s’est vue modifier ses prestations dans la foulée.
L’Institut CareQuest note également dans son rapport de 2021 qu’ils seraient 28 millions à avoir retardé leurs soins dentaires « en raison du coût, du manque d’assurance ou de la peur du virus. »
L’anxiété et l’isolement engendrés par la pandémie ne sont pas non plus étrangers à cette catastrophe dentaire qui nous a parfois rendus plus négligents envers nous-mêmes, avec des conséquences souvent directes puisque le stress peut pousser à grincer des dents et serrer inconsciemment les mâchoires.
La dentiste Rhona Eskande explique également, dans le rapport de l’ADA :
« Les gens étaient accablés par l’inquiétude et négligeaient de se brosser les dents et d’utiliser du fil dentaire tous les jours. »
Il faut dire qu’être H24 chez soi en télétravail ou en chômage partiel, avec pour seule compagnie ses quatre murs, ne donne pas non plus follement envie de suivre une routine hygiénique en béton… Beaucoup ont donc négligé la petite toilette du matin et trouvé du réconfort dans les collations, parfois très sucrées et mauvaises pour les dents, tout au long de la journée.
Les Français, de bons élèves ou de bons menteurs ?
Dans l’Hexagone, aucune étude n’a été menée du côté des dentistes, donc impossible de faire un état des lieux de l’évolution des consultations depuis la pandémie. En revanche, les Français et Françaises sont prompts à déclarer qu’ils et elles se brossent tout autant les dents, voire même plus qu’avant !
D’après l’étude d’Ipsos GlaxoSmithKline relayée par la plateforme Information Dentaire :
« En France, plus qu’ailleurs en Europe, les pratiques quotidiennes se maintiennent voire s’améliorent […] neuf Français sur dix (89 %) déclarent avoir maintenu leurs habitudes de brossage quotidiennes depuis le début de la pandémie, 8 % assurent se brosser les dents plus fréquemment, principalement »
Pourtant en parallèle, une chute importante des ventes de brosses à dents (-43%) et de dentifrice (-26%) a été enregistrée depuis le début de la crise sanitaire…
Serions-nous des petits menteurs dans le déni dont la réputation de gros cracras tient la route ? Affaire à suivre !
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Crédits photos : Ron Lach (Pexels) / Quang Tri NGUYEN (Unsplash)
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