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Développement personnel

Liker une photo quand on est en couple, c’est tromper ?

Agathe Auproux a publié sa « théorie du like » : en couple exclusif, a-t-on « le droit » d’aimer les photos Insta d’une autre personne ? Selon elle… bof.

Je dois t’avouer un truc : en tant que meuf qui a envoyé valser l’exclusivité dans ses couples (je suis team relation libre), je me sens parfois à côté de la plaque.

Quand je vois des règles HYPER RIGIDES sur la fidélité ou l’exclusivité en général, je me dis : est-ce que je ne pige pas parce que je suis non-exclusive, ou est-ce que c’est vraiment abusé ?

Je peux me tromper, mais je crois que la « théorie du like », c’est quand même : vraiment abusé.

La « théorie du like » d’Agathe Auproux

Agathe Auproux, chroniqueuse chez Touche Pas à Mon Poste (entre autres apparitions médiatiques), s’est retrouvée en trending topic Twitter ce dimanche 10 mai.

La raison ? Ce message qu’elle a publié en story et qui a été repartagé par une internaute.

Twitter se déchire entre celles et ceux qui valident la « théorie du like » d’Agathe Auproux, et celles et ceux qui trouvent ça d’une stupidité sans nom…

…voire estiment que ce genre d’idées encourage les relations toxiques.

La peur de l’infidélité, ce fléau

Ça va mieux en le disant, donc : je rappelle qu’un like ne signifie pas forcément « je te trouve BG et j’aimerais lécher tes parties génitales » : ça peut aussi vouloir dire « super photo », « je pense à toi » ou « j’adore ton t-shirt » !

Passons aussi sur le caractère très hétéro-centré du post — a priori, Agathe Auproux sort avec des hommes, elle part donc d’un référentiel hétéro. Pensée pour les pauvres bisexuels qui ne peuvent pas liker la moindre photo du coup !

Maintenant qu’on a établi ceci, allons dans le vif du sujet : la fidélité, ou plutôt la peur de l’infidélité.

J’avoue que mon premier réflexe en lisant cette théorie a été de lever les yeux au ciel. Ça me paraît être du grand n’importe quoi.

Mais en réfléchissant, et en parlant avec d’autres meufs, je me suis rendu compte que… plein de gens pensent comme ça.

La peur d’être victime d’infidélité peut mener à des réactions extrêmes. Une amie m’explique par exemple :

« J’ai des potes qui sont ouf, qui stalkent leurs bails à mort, en mode « ah lui il a liké une photo de cette pute »… C’est hyyyyper malsain : elles se font vraiment du mal, tout en faisant du slut-shaming.

Je suis contente qu’Instagram ait désactivé la fonctionnalité où on pouvait aller voir ce qu’une personne avait liké. Mes potes, ça les rendait super jalouses, et très mauvaises envers les meufs que likaient les gars qui leur plaisaient. »

Je pense que c’est important de le rappeler : vivre en ayant peur d’être trompé ou trompée, ça ne permet pas de s’épanouir.

Les personnes jalouses, parano à l’idée d’être victime d’infidélité, voient leur quotidien bouffé par cette angoisse, et ne sont pas forcément fières de leurs actes — cf. cette fille qui avait accès aux messageries perso de son mec.

Et les réseaux sociaux permettent aux gens flippés d’avoir encore plus d’outils à leur disposition pour alimenter leur peur.

Fidélité et réseaux sociaux, un cocktail explosif

Autrefois, quand nous n’avions pas de smartphone vissé à la paume, il y avait moins d’éléments à « surveiller » par peur d’une infidélité.

On ne pouvait pas savoir si notre mec s’était retourné sur une meuf dans la rue, s’il avait tchatché la boulangère ou s’il était resté 15 min de plus à la fac pour papoter avec la jolie rousse de sa promo.

Mais à présent, on peut s’avoir qui il like, qui il follow, voir son feed Insta ou autre réseau social sur lequel les selfies

de la jolie rousse provoquent aux angoissées des crises d’urticaire.

Et oui, c’est vrai, certaines personnes profitent des réseaux pour mener des infidélités — pas forcément en actes, mais en dématérialisé.

J’estime par exemple que faire du sexting ou envoyer des nudes à quelqu’un, sans être dans un couple ouvert, c’est tromper, car ça reste du sexe, même à distance.

Pareil pour les longues envolées lyriques, romantiques, amoureuses qu’on peut glisser en DM. C’est un peu « tromper sans oser », rester dans cette sale « zone grise » : je l’ai pas touchée ! Oui, ok, mais ça ne rend pas ton acte correct…

L’infidélité commence-t-elle par le secret ?

Dans un précédent article sur le micro-cheating, cette « minuscule infidélité », je citais ceci :

« Si vous parlez en secret avec quelqu’un d’autre sur les réseaux sociaux, si vous partagez des « private jokes », si vous minimisez l’importance de cette relation auprès de votre moitié…

[…] Si vous avez l’impression d’avoir quelque chose à cacher, demandez-vous pourquoi. L’élément primordial, c’est le secret. »

Garder une relation secrète, ça peut être motivé par plusieurs raisons : la peur de blesser sa moitié (si elle est flippée de l’infidélité par exeeeeeemple), l’envie de conserver un jardin secret…

Mais cette fameuse « théorie du like » n’est pas concernée par le sujet du secret. Un like est public, tout le monde peut voir « Aimé par @bidule et X autres personnes ».

Surveiller les likes, c’est être dans une relation toxique ?

Beaucoup de gens ont posé, sur la théorie d’Agathe Auproux, les mots « relation toxique ».

Et en échangeant avec une amie dont l’ex surveillait tous ses likes, je me dis qu’en effet, ça ressemble bien à un couple toxique, dans lequel la jalousie devient prétexte au contrôle de l’autre.

Elle me raconte :

« Mon ex n’était pas trop du genre jaloux en permanence, mais il pouvait me péter des crises phénoménales pour des likes Instagram.

Il avait établi une liste de comptes que je n’avais pas le droit de liker (tous mes ex en faisaient partie, évidemment, mais aussi certains de mes bons potes) et je pouvais m’attendre à une véritable tornade si j’avais le malheur de les liker quand même.

Lorsqu’Instagram a supprimé le mode feed où on pouvait voir ce que likaient les autres, je me suis dit que je serai enfin tranquille et que j’arrêterai de me prendre des crises absolument infondées.

Après de longues discussions, je lui avais dit qu’il n’était pas en droit de m’imposer les contenus que j’avais le droit de liker ou non, et je lui avais dit que non je n’arrêterai pas de liker, ni ne me désabonnerai des comptes de mes ex avec lesquels je suis restée en bons termes.

Mais à la suite d’une énième crise suite à un like sur une photo d’un ex devenu un pote (qui avait posté pour annoncer qu’il avait enfin réussi l’objectif de sa vie), mon ex m’avait hurlé :

— Ça commence par un like, la semaine prochaine ça sera un DM et celle d’après tu finiras dans son lit. »

ESCALADE RAPIDE comme on dit.

Ce récit coche plusieurs cases du violentomètre, cette charte permettant de repérer ce qui est inquiétant dans une relation, notamment :

« Il y a de la violence quand il…

  • Est jaloux en permanence
  • Fouille tes textos, mails, applis…
  • T’isole de ta famille, de tes amis et amies »
Clique pour avoir la version HD
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Si les réseaux sociaux peuvent accroître la peur des personnes craignant d’être victime d’infidélité, ils peuvent aussi être de nouveaux outils pour celles et ceux qui voudraient avoir la mainmise sur leurs partenaires.

C’est ce qu’on appelle le « cyber-contrôle » : le fait d’être surveillée, dans ton couple, via des moyens technologiques (accès à tes messageries, localisation GPS, diffusion en ligne de rumeurs sur toi, revenge porn… la liste est longue).

C’est une nouvelle facette des violences conjugales, des relations toxiques qui se caractérisent entre autres par le fait d’isoler son ou sa partenaire et de contrôler sa vie.

J’ai peur de l’infidélité, comment me contrôler ?

Comprends-moi bien : je ne pense pas que toutes les personnes ayant peur d’être trompées sont toxiques.

La fidélité est un concept plutôt flou, au final, et il n’est pas rare de sur-angoisser quand on n’a pas confiance en soi et/ou qu’on a déjà été victime d’infidélité.

Cependant, ce n’est pas en surveillant sa moitié qu’on va l’empêcher d’aller voir ailleurs.

Je pense que le contrôle à outrance, l’interdiction de liker la photo d’une pote, ça ne fait du bien à personne. Ni à toi, ni à ton mec ou ta meuf. Ça peut même précipiter la fin de ton couple.

De plus, ça peut faire de toi un élément toxique de la relation. Eh oui. Même avec les meilleures intentions du monde, tu peux faire du mal à une personne que tu aimes. Étouffer autrui, ce n’est pas de l’amour, c’est de la peur et un besoin de contrôle.

Je dirais qu’il faut en premier lieu te demander pourquoi tu as si peur. Est-ce par manque de confiance en toi ? Par manque de confiance en ton copain ou ta copine ?

Si c’est l’option 2, parles-en avec lui, avec elle. Essaie de rebâtir la confiance. Ou dis-toi que tu n’as rien à faire avec quelqu’un que tu soupçonnes d’être prêt à te tromper.

Si c’est l’option 1, des solutions existent. Aller voir un ou une psy peut t’aider à prendre confiance en toi et à arrêter de te sentir « moins bien » que ces personnes avec lesquelles ta moitié pourrait te tromper.

La jalousie, ce n’est pas romantique, n’en déplaise à la pop culture. La surveillance, ce n’est pas une preuve d’amour.

Et tu mérites, comme tout le monde, d’être dans un couple où tu n’as plus peur. Accorde-toi le droit de bosser sur toi et ton rapport aux autres afin d’y parvenir !

À lire aussi : Je suis au courant d’une infidélité, qu’est-ce que je fais ?


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Les Commentaires

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Avatar de TheMadTink
12 mai 2020 à 18h05
TheMadTink
@Nienke oui je constate, en étant poly, qu'à ma grande surprise les gens ont moins de mal à gérer la dissimulation et le secret que d'être ouvert sur le fait que leur partenaire manifeste de l'intérêt pour le physique d'une personne.

Je ne comprends pas, parce que je suis poly encore une fois. Je ne juge pas par contre, chacun sa vision du couple et la gestion de ses émotions/insécurités.

Edit : par contre je trouve que certains commentaires se sont un peu éloigné du post initial, qui parlait de liker une photo sur Insta, en parlant d'envoie de messages privés, de prendre un verre. C'est pas la question posée ici. On ne peut pas déduire une suite d'action d'un like, ni même de plusieurs, ça n'a pas de sens (ni dans un sens ni dans l'autre d'ailleurs). Ça fait un peu homme de paille comme argument.

Edit 2 : @Nastja je vois d'où vient ta comparaison, mais je ne la trouve pas pertinente. Dans le cadre d'une relation de travail ton boss ne cherche que ta capacité à réaliser ton travail pour un coût donné. Si il cherche d'autre CV pour ton post c'est que tu coûte trop cher ou que tu ne remplis pas ta fonction. Dans le cadre d'une relation amoureuse tu n'es pas là que pour ton physique ou tes capacités sexuelles ou ton intelligence ou ta situation professionnelle ou ta capacité de procréation, etc. c'est multifactoriel. Hors une photo Insta révèle peut de choses d'une personne à part son physique et son niveau de vie en gros. Si ton/ta partenaire like les photos d'une personne très belle, c'est peut être parce qu'elle/il apprécie son physique, oui, mais ça ne veut pas dire qu'elle/il n'apprécie pas le tiens, ni même qu'elle apprécierait les autres aspects de la personne.
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