Life Is But A Dream, un documentaire sur et produit par Beyoncé, a été diffusé samedi 16 février sur la chaîne HBO. Pendant près d’une heure et demie, Beyoncé nous invite dans son monde, après la sortie de son album 4, pendant sa grossesse et après la naissance de son premier enfant.
Elle nous autorise à la suivre dans des moments plus ou moins intimes – choisis avec le plus grand soin – et à nous faire une idée plus précise sur le quotidien de Beyoncé et la montagne de travail qu’elle accomplit chaque jour pour le plus grand bonheur de ses fans.
Se lancer dans Life Is But A Dream en attendant de Beyoncé qu’elle nous révèle tous ses secrets les plus intimes et nous emmène avec elle aux toilettes est bien mal la connaître. Elle a toujours fait en sorte de rester aussi discrète que possible sur sa vie privée, et c’est une bataille qu’elle mène au quotidien. Dans un monde où ce qu’on voit de la vie privée d’un artiste a tendance à influencer ce qu’on pense de son oeuvre, on est bien forcé de construire un semblant de forteresse autour de soi, pour protéger ce qu’on peut.
Et c’est un art que Beyoncé maîtrise à la perfection – la grande majorité des choses qu’on voit d’elle, qu’on apprend, qu’on découvre, sont des choses qu’elle nous offre d’elle-même. Son pouvoir réside en partie dans sa capacité à contrôler tout ce qui entoure son image. Et elle le prouve encore une fois avec ce documentaire qui ne fait qu’entrouvrir une porte qu’on rêverait parfois de voir exploser sous le poids de notre curiosité.
Tout en acceptant les contraintes de notre époque – alors qu’elle n’y est absolument pas obligée – en nous laissant jeter un oeil à son intimité, c’est encore elle qui fixe les règles et elle ne laisse rien de disgracieux dépasser. Il n’y a rien dans ce documentaire qui puisse se retourner contre elle. Rien qu’elle puisse regretter. Contrairement, par exemple, au fiasco du documentaire Living With Michael Jackson, lorsque le journaliste Martin Bashir avait abusé de la confiance du chanteur et de sa naïveté en détournant ses propos.
En produisant et en réalisant son propre documentaire sur elle, Beyoncé ne laisse pas de place au doute ou la manipulation – tout ce qui émane d’elle est minutieusement contrôlé, examiné, travaillé et stratégiquement placé. Quand on sait à quel point la célébrité peut détruire – principalement les artistes féminines qui évoluent seules – on comprend la distance que Beyoncé s’acharne à mettre entre elle et le reste du monde. Beyoncé est puissante mais pas invincible, elle ressent tout ce qu’on lui envoie dans la gueule, cette barrière qu’elle dresse autour d’elle est donc salvatrice et tout à fait compréhensible.
C’est ce qui agace certaines personnes de manière générale, et encore plus avec Life Is But A Dream qui paraît du coup trop lisse, trop parfait, trop propret. Certains s’attendaient peut-être à voir Beyoncé en pleine dépression nerveuse, hurlant sur son petit personnel, frappant des enfants, tuant des bébés chats ou chantant faux sous la douche – mais ça n’arrivera probablement jamais. Bien sûr, le documentaire la montre sous un jour extrêmement avantageux – le contraire eut été étonnant. Lors de ses entretiens, on la voit au plus simple, en jean et chemise, pieds nus, avec un gros chignon, posée sur son canapé comme le commun des mortel – mais avec une aura de la taille de la Russie.
Bonsoir !
Le documentaire s’ouvre sur un discours concernant le renvoi de son père, Matthew Knowles, en tant que manager. Elle explique qu’elle avait besoin de poser des limites entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, qu’elle avait besoin de faire une pause – et qu’elle avait besoin de son père. Et tout ceci ne pouvait se réaliser sans ce renvoi, qui lui a permis notamment de prendre le contrôle total de sa carrière, parce qu’elle était prête à le faire. Elle avait suffisamment appris de ses diverses expériences et de celles de son père pour pouvoir se permettre de prendre les choses en main sans prendre un trop grand risque. Et aujourd’hui, Beyoncé n’a jamais été aussi grande, aussi accomplie, aussi reconnue – et elle le doit en grande partie à son travail et ses décisions.
On y découvre qu’elle prend plaisir à documenter sa vie et qu’au lieu de tenir un journal écrit, elle se contente de se filmer avec son ordi pour parler des moments marquants de sa vie. Elle se regarde, et on la regarde se regarder, et ça la rend encore plus humaine. Donc agaçante pour certains, oui, probablement – mais c’est aussi ça, être humain. À travers ces petites vidéos personnelles, on la voit le jour où elle apprend qu’elle est enceinte de Blue Ivy, le jour où elle l’a sentie bouger pour la première fois, le jour de sa performance aux MTV Music Awards, lorsqu’elle a annoncé sa grossesse… et on assiste également à ses petites réflexions personnelles. Elle se parle à elle-même, elle pense à voix haute et étale le résultat sous forme de vidéos.
C’est ainsi qu’on apprend également que Beyoncé n’est pas une machine. Elle flippe, stresse, angoisse, pleure, doute, pense à abandonner, fuir, tout arrêter – comme le commun des mortels. Sa stratégie ? S’autoriser à ressentir tout ça, ne rien bloquer, ne rien réprimer. Laisser venir les émotions sous toutes leurs formes et sauter. Quoi qu’il arrive, elle remontera toujours sur le bateau, et elle sautera toujours à l’eau, dans un cycle éternel, l’histoire de la vie, Hakuna Matata quoi. Parce qu’elle se connait suffisamment pour avoir une confiance absolue en elle, malgré les coups de mou, et qu’elle sait qu’elle a le pouvoir de réussir à peu près tout ce qu’elle entreprend. Parce qu’elle ne fait rien au hasard, qu’elle travaille extrêmement dur pour obtenir les résultats qu’on observe par la suite et qu’elle a su s’entourer.
Au final, ce qu’on retient de sa carrière, c’est que Beyoncé a énormément de pouvoir. Et c’est ce qui ressort également quand elle parle des femmes, de sa vision du féminisme. Pour Beyoncé, le féminisme c’est la prise de pouvoir. Un pouvoir qui s’acquiert par la force du travail bien fait, d’une indépendance gagnée et méritée, d’émotions exprimées et assumées. Tout est à vivre et à prendre à 100%, et le pouvoir est la clé de la réussite. Que ce soit en remplissant des stades ou en gérant sa petite vie privée de son côté, quand on prend le pouvoir, tout est possible. C’est ce qu’elle encourage toutes les femmes à faire – tout en restant proches les unes des autres. Rien au monde ne remplacera les relations qu’elle entretient avec les femmes de son entourage, ce sont elles qui lui offrent force et répit. Elle insiste sur l’importance de cultiver ces liens, ces relations, ces discussions qui sont, selon elle, essentiels.
Au final, Life Is But A Dream est un documentaire qui encense la chanteuse et qui nous offre encore plus de raisons de l’aimer – elle agacera peut-être ceux qui ne sont pas sensibles à sa personnalité, mais les autres passeront un bon moment. Et si on n’apprend pas grand chose de plus sur la vie de Beyoncé à travers ces images, elles nous offrent néanmoins de jolis souvenirs à partager. Tout ce qu’on a vécu de l’extérieur depuis la sortie de son album nous est raconté sous un autre angle, le sien, et c’est un échange qui reste agréable.
Les Commentaires
Ce documentaire ne m'intéresse pas vraiment, surtout sachant qu'elle le contrôle de A à Z.