Dans la première partie de cet article, Kalindi Ramphul présente Libérez votre créativité ; plus bas, elle fait le bilan après trois mois de test !
Le 26 juin 2020
Le jour où j’ai ouvert l’ouvrage au titre présomptueux Trop intelligent pour être heureux offert par ma mère, j’ai compris que le développement personnel n’était pas fait pour moi.
Malheureusement pour mon cynisme, les mantras bien-pensants fleurissent partout sur Instagram, versant chaque jour une goutte supplémentaire dans le vase de mon affliction.
Non, je n’exagère pas !
Le développement personnel ? Du charlatanisme, selon moi. Ses précepteurs ? Les gourous d’une sacrosainte bienveillance absolument hors des réalités.
Et puis, juste avant le confinement, j’ai trouvé dans la bibliothèque d’un pote le bouquin Libérez votre créativité, et j’ai changé d’avis…
Une anti-développement personnel VS Libérez votre créativité
Sur le papier, Libérez votre créativité avait tout pour me filer de l’urticaire.
La couverture d’abord — à fond dans la vibe cucul actuelle — sur laquelle se dessine un visage de profil, terreau d’une nature verdoyante. E.N.F.E.R. Ensuite, le titre, dans un impératif synonyme d’injonction. V.O.M.I.
Libérez votre créativité, 7,60€
Pour ne pas mourir idiote et roupillant déjà à l’idée de lire du Kundera, seul auteur présent dans la bibliothèque très « dev perso » de mon pote, j’ai feuilleté les premières pages.
En terrain inconnu, j’ai d’abord ressenti de l’inconfort. Finalement, je me suis laissée aller.
Quel mal pouvait-il y avoir à lire plus de 10 pages d’un manuel censé me faire « aller mieux » ? Aucun, a priori, à part la perspective de peut-être devoir un jour avouer à mes amis que j’ai cédé à la tendance du dev perso (la shame absolue pour moi).
Mais qu’à cela ne tienne, j’ai passé le cap des 20 premières pages.
Depuis cette veille de confinement, Libérez votre créativité repose sur ma table de nuit, et il ne se passe pas un jour sans que je ne le consulte…
La claque Libérez votre créativité
« Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. »
Voilà ce que je devrais me faire tatouer sur l’avant-bras à la place de « Je travaille pas pour ta mère » (que je rêve de m’offrir, mais qui ferait sans doute du mal à mes relations humaines). C’est la plus grande leçon que je tire de mes aventures : changer d’avis, ça n’est pas grave.
Par exemple, et contrairement à ce que je pensais, demander de l’aide ne signifie pas être une assistée. D’ordinaire, et depuis toute gosse, je ne supporte pas qu’on me propose le moindre coup de pouce pour réaliser quoi que ce soit (à part pour le ménage et l’administratif, cela va sans dire).
Je prends même les « Tu as besoin d’aide ? » comme un affront auquel je réponds généralement par un agressif « J’ai rien demandé, je n’ai pas besoin d’être maternée, merci bien » — aimable zouz que je suis.
Donner un coup de main, c’est précisément la mission que s’est donnée Julia Cameron en publiant Libérez votre créativité.
Si de prime abord j’ai refusé son aide, car « j’ai pas besoin qu’on me dise comment gérer ma vie, thanks Julia machin », je dois avouer que son livre a, si ce n’est changé, au moins fait évoluer le regard que je porte sur tout élan créatif — les miens comme celui des autres.
Dans Libérez votre créativité, l’autrice, scénariste, réalisatrice et poétesse propose de réconcilier tout « artiste bloqué » avec sa nature profonde de créateur.
D’après Julia, nous sommes tous des artistes qui ne demandons qu’à exploiter notre créativité, mais nous sommes bloqués par tout un tas d’éléments — extérieurs pour certains, mais surtout intérieurs.
Une critique d’un prof en CE1, le regard d’une prof de théâtre en 6ème, ou le « mouais » d’une mère en terminale peuvent ébranler nos élans créatifs, jusqu’à les réduire à néant.
Pour renouer avec notre artiste intérieur, que l’on veuille être écrivaine, actrice, dramaturge, sculpteuse, metteur en scène, scénariste, ébéniste… Julia Cameron (dont la méthode a été efficace pour des centaines d’artistes reconnus de par le monde) propose douze semaines de travail.
Un travail qui demande de l’assiduité et de la rigueur, mais qui a payé, pour moi, dès les premières semaines.
Les pages du matin dans Libérez votre créativité
Dans les premières pages de son best-seller, Julia Cameron commence par théoriser sur l’art, sa conception, ses acteurs etc.
Elle explique par quels procédés elle est parvenue à élaborer cette méthode et pourquoi il est, d’après elle, important de la partager au maximum.
Après plusieurs pages d’introduction aux arts et à notre rapport à eux, elle explique de quoi sera faite sa méthode. Elle prévient : ça prend du temps, de l’énergie et ça peut même faire passer par des étapes douloureuses. Mais ça vaut le coup.
À vous de la croire ou non. J’ai personnellement décidé d’y croire. Fort.
Le bouquin se découpe en plusieurs segments, qui représentent tous une semaine précise du programme, de la première à la douzième, en toute logique.
Le premier exercice à effectuer CHAQUE JOUR se nomme les « pages du matin », et Louise Pétrouchka vous en parlait déjà dans un LMK paru en 2018.
L’idée ? Chaque matin, au réveil, il faut noircir trois pages d’un cahier. Pas moins, pas forcément plus. Trois pages qui n’ont pas vocation à être brillantes, ni même intéressantes et qui ne doivent surtout pas être lues par une tierce personne.
Ces pages vous appartiennent, c’est très important. Le chantier que vous entamez est un travail personnel et intime que personne n’a le droit de bafouer.
Ces feuilles matinales sont censées vous vider la tête et vous reconnecter avec le présent. Vous pouvez y décrire tes rêves, vos agitations nocturnes, vos ennuis, vos colères intérieures ou même raconter votre dîner de la veille !
Des exercices pour être plus créative
Dès les premiers jours, ces pages me font un bien fou au moral, et libèrent de l’espace dans mon cerveau pour d’autres informations et projets. Je n’emporte plus mes cauchemars dans mes journées depuis que j’ai débuté les pages du matin.
Ensuite, il y a plein de petits exercices à réaliser, qui changent chaque semaine.
Ainsi, il faut écrire une lettre à sa revue préférée, dessiner ses premiers « monstres » (ces gens qui vous ont coupée dans ton élan créatif par un mot souvent anodin), décrire sa chambre d’enfant, se lancer un défi par semaine, prendre rendez-vous avec son « artiste enfant », lister les gens qui vous ont encouragée et écrire des dizaines de papiers différents destinés à des individus dont vous aviez oublié l’existence.
Ce ne sont que les premiers exemples d’une liste très fournie.
Quant aux pages du matin, il faut les faire tous les jours sans exception, pendant toute la durée de la méthode, et même après. Certains artistes les font depuis des années, avec la rigueur que l’on fournit à se brosser les dents.
Bref, ces douze semaines vont être intenses, mais devraient lever, en théorie, pas mal de blocages.
Succès immédiat pour la méthode Libérez votre créativité
Personnellement, j’en suis à la quatrième semaine de la méthode, et pour l’instant, je me sens bien. Au-delà de bien même.
J’ai compris que le doute qui m’assaillit à la lecture des premières pages était symptomatique de mon attitude face à l’existence : je commence toujours par me méfier, car mon cerveau « censeur » est très efficace pour ce qui est de protéger mon ego de mes folies.
Mais lorsque je fais taire mon « censeur », je suis capable de beaucoup d’imagination, d’application, de rigueur et… de créativité.
Ainsi, en ce moment, dans une intimité nécessaire et bénéfique, j’écris plus que jamais, et j’écris pour moi. Je noircis les pages du matin avec fureur, et je continue le soir à écrire des histoires destinées à mon bonheur, sur mon ordinateur.
J’invente des recettes, je me déguise sur Instagram, j’ai acheté des crayons de couleurs, des feutres et je fais n’importe quoi avec (l’intérêt n’est pas de faire de l’extraordinaire, juste de fabriquer). J’ai une audition pour rentrer dans une troupe de théâtre amateur en juin qui m’engagera au moins 5 heures par semaine, j’impose à un pote sur Skype des « ateliers créatifs », j’ai redessiné le squelette d’un roman qui dormait dans mon disque dur, et je me suis éloignée des gens qui me faisaient plus de mal que de bien.
J’ai réalisé que j’étais ma première ennemie, et que la dépréciation permanente de mon travail personnel ne faisait que bloquer mes élans et me rendre malheureuse car frustrée.
Aujourd’hui, après seulement quatre semaines, j’aime un peu plus ce que je fais, ce que je suis. Ou au moins je déteste moins le tout.
J’essaie d’accorder de l’attention à toute chose, car si « le diable est dans les détails », c’est aussi en eux que se cache le génie créatif.
Une idée peut venir d’une attention particulière portée à la démarche d’un voisin, aux couleurs d’un vase qu’on avait jamais remarquées, d’une phrase prononcée par un acteur de Hollywood.
L’idée peut se nicher dans les plus petits recoins du banal.
Alors il faut commencer à voir, à vraiment voir, et plein de petits miracles se produisent. Ils peuvent sembler insignifiants mais sont au contraire les marqueurs d’une évolution.
Je ne suis pas naïve : au sortir de ces douze semaines, je n’intégrerai pas la Comédie française ni ne gagnerai un prix littéraire, mais au moins je me serai donné les moyens de fabriquer des petits bouts de trucs qui mèneront peut-être un jour à de plus grands trucs.
Et ça, ça a lourdement allégé mon moral.
Libérez votre créativité : le bilan
Mise à jour du 27 août 2020
Il y a quelques mois, j’ai emprunté à un pote un livre dont j’avais pourtant moqué le titre — Libérez votre créativité, c’est injonctif, générique, et ça ne se mouille pas.
Pourtant, le nom couché juste au-dessus du titre m’a incité à laisser sa chance à l’ouvrage. Et pour cause : Julia Cameron est une autrice, poétesse, réalisatrice, scénariste, actrice et compositrice reconnue par ses paires et dont le nom inspire sitôt qu’on le prononce.
L’écriture, la mise en scène, l’acting : autant de talents qui poussent à s’interroger sur leurs origines. Comment Julia a-t-elle développé autant de skills en seulement quelques années ?Et si elle maîtrise six métiers créatifs, ne pourrais-je pas me perfectionner dans au moins un des de ceux qui m’attirent ?
Motivée par l’envie de grignoter des petits morceaux de savoir-faire, j’ai commencé la méthode.
Cela fait trois mois aujourd’hui que Libérez votre créativité est ma bible, dont j’ai offert des exemplaires à mes amis, mon ex et ma mère.
Voilà pourquoi c’est un manuel précieux, qu’il faudrait placer dans toutes les mains.
Douze semaines de Libérez votre créativité
Pas besoin de vous re-raconter ma découverte de la méthode de Julia Cameron et mon enchantement à son égard.
Les pages du matin, les exercices hebdomadaires, les rendez-vous avec l’artiste, les instants à soi, la méditation : autant de mécanismes qui semblaient contraignants au départ et auquel mon quotidien est désormais tout à fait rompu.
Après trois mois à suivre la méthode, il est donc temps pour moi de dresser un bilan, et il sera sans appel : Libérez votre créativité a changé ma manière de concevoir ma discipline.
Mon objectif final était d’amorcer la réécriture d’un roman enfoui dans mes tiroirs depuis des années, que je trouvais trop mauvais pour soumettre au regard des autres, et même au mien.
Avec le bouquin de Julia Cameron, qui enseigne d’ailleurs ses fondamentaux dans plusieurs écoles américaines, j’ai compris d’où venait mon problème.
Les blocages qui entravent la créativité
Ce bouquin n’était pas le bon, ce n’était pas celui que je devais écrire, et ce n’était pas grave. Mon idée, à l’époque d’une première écriture, était trop jeune, mes personnages pas assez singuliers, et je ne prenais aucun plaisir à écrire ou à relire mon manuscrit.
En lisant Libérez votre créativité, en effectuant les exercices préconisés, en m’imposant une rigueur dans l’écriture, j’ai fait sauter plein de tout petits blocages qui peuvent sembler insignifiants mais qui ont fait toute la différence sur le long terme.
Exit cette petite voix dans ma tête qui me susurre perfidement :
« C’est vraiment de la merde. »
« Tu n’es qu’une ratée. »
« Qui veux-tu que ça intéresse ? »
Grâce notamment aux « pages du matin », ces quelques feuilles qu’il faut noircir CHAQUE JOUR SANS EXCEPTION au réveil, mon censeur naturel s’est fait, sinon la malle, au moins plus discret.
Désormais, je me sens… libre de créer. Pas si con, ce titre, finalement !
Libérez votre créativité donne de petits mais puissants résultats
Si mon premier bouquin conservera sa place derrière une pile de culottes menstruelles, je n’ai plus pour lui la moindre animosité. Je le regarde comme un échec nécessaire à mon apprentissage global, et comme le prequel à mon projet actuel : un nouveau roman.
Un roman dont, cette fois-ci, j’aime follement les personnages. Je couve chacun d’entre eux d’un regard bienveillant, que rien ni personne ne peut défaire. Car ces personnages sont les miens, ils sont le fruit d’heures de plaisir passées à une table à imaginer leur manière d’interagir.
Mon intrigue est plus costaud, elle se tient bien sur ses appuis, ne s’excuse pas d’exister.
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Cette histoire est certes née de mon cerveau, mais c’est la méthode de Julia Cameron qui lui donne sa colonne vertébrale.
L’artiste m’a appris ce qui devrait être le pilier fondamental de tout créateur en herbe : aimer ce que l’on fait.
Aimer écrire pour écrire, aimer chanter pour chanter ou aimer sculpter pour sculpter, c’est évident, vous me direz. Oui mais non en fait, ça ne l’est pas vraiment ! Beaucoup d’artistes « bloqués » portent leur passion comme un fardeau et n’en retirent plus rien de positif.
Ces personnes doivent reconquérir leurs désirs, choyer leur enfant artiste et croire en ce que tout être est créatif par nature.
Une fois qu’on a compris les fondamentaux du désir pour la création, the sky is the limit !
Évidemment, les changements ne se font pas en quelques secondes, car Julia Cameron n’est pas une magicienne. Elle se contente de dispenser des conseils qui, à force de mis en pratique, permettent aux artistes de constater de petits mais très puissants changements.
Personnellement, je suis très loin d’avoir atteint mes objectifs. Mon nouveau bouquin ne compte que quelques dizaines de pages et je ne suis toujours pas break-danseuse.
Toutefois, j’ai retrouvé plaisir à écrire, j’ai eu de nouvelles idées chaque jour, qu’elles soient relatives à mon travail, à l’agencement de mon appartement ou à un post Instagram, j’ai entamé deux nouveaux projets d’écriture perso en dehors de mon livre, et surtout je pose un regard bien plus bienveillant sur ce que je suis.
Je me déteste moins, et c’est grâce à Julia Cameron (et un peu à ma psy aussi).
Libérez votre créativité… comme si c’était facile !
Toutefois, je vous dois l’honnêteté : Libérez votre créativité, ça demande des efforts.
Écrire, puiser dans ses ressources, se confronter à ses échecs, tel est le quotidien d’une personne qui a sciemment décidé de se frotter à Julia Cameron. Mais l’échec fait partie de l’apprentissage et il n’est pas utile de se crucifier sitôt qu’on a raté ou délaissé quelque chose.
Il m’est par exemple arrivé de ne pas faire mes pages du matin, et d’abandonner la méthode pendant deux semaines. Et je dis vraiment : abandonner ! À ne plus vouloir la regarder ni la toucher, car elle était devenue trop douloureuse et contraignante.
Mais quelque chose en elle m’a rappelée, et c’est absolument heureuse et fière que j’ai terminé le manuel.
L’éditeur français de l’autrice n’a pas versé le moindre centime à Madmoizelle pour faire la publicité de ce manuel, je le précise pour éviter toute confusion. Si je vous rabâche les oreilles avec Libérez votre créativité, c’est par volonté pure et simple de vous faire découvrir un moyen d’accéder à vos ambitions secrètes… qui ne devraient pas avoir vocation à le rester.
Imaginez toutes les belles choses qu’on produirait si on commençait à avoir un peu confiance en notre potentiel !
Alors, et si vous vous abandonniez aux bras experts de Julia Cameron ?
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