L’événement est organisé par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, en partenariat avec le musée d’Orsay, et en collaboration avec la National Gallery de Londres et le Philadelphia Museum of Art. Elle se tient jusqu’au 8 février 2015 au musée du Luxembourg, et sera présentée à la National Gallery de Londres, du 4 mars au 31 mai 2015, puis au Philadelphia Museum of Art, du 18 juin au 13 septembre 2015.
La description officielle de l’exposition commence ainsi :
« Le Musée du Luxembourg présente la première exposition consacrée à Paul Durand-Ruel (1831 – 1922), le plus grand marchand d’art du XIXe siècle, découvreur des Impressionnistes et inventeur du marché de l’art moderne. »
Rien que ça. L’exposition promet du lourd : voici un petit récapitulatif histoîîîre de l’âârt pour que vous sachiez un peu où on va, avant mes impressions concernant ma visite !
Vie d’un marchand et collectionneur hors du commun
Paul Durand-Ruel a été un des marchands d’arts les plus importants de son temps : il a littéralement inventé le marché de l’art moderne pour certains ! Sans aucun doute, il l’a en tout cas façonné par ses méthodes novatrices. Son nom est désormais indissociable du mouvement impressionniste, tant il a contribué à la renommée des peintres dont il achetait, présentait et vendait les œuvres.
Proche de Monet, Pissaro et Renoir, il achète et revend leurs toiles partout dans le monde, raison pour laquelle Paul Durand Ruel est parfois détesté pour avoir « privé » la France de ses chefs-d’œuvres… alors que justement, elle n’en voulait pas aux débuts du courant.
Ironie du sort, ces toiles, qui viennent en majorité de collections étrangères, sont aujourd’hui exposées au musée du Luxembourg, qui servait de salle d’exposition pour les peintres d’alors. Ceux qui n’étaient pas autorisés à exposer dans les galeries officielles (dont le Luxembourg) l’étaient dans le salon de Durand-Ruel, qui aida à populariser l’impressionnisme. Son appartement rue de Rome est sa galerie, il capte l’attention et la curiosité des potentiels acheteurs d’œuvres, tout en les rendant moins subversives au milieu d’un salon dont les codes bourgeois sont bien respectés.
Il s’est assuré un quasi-monopole du marché des toiles impressionnistes, à la fois par goût personnel et réel génie visionnaire. Il était avant tout l’ami de ces artistes, achetait en grand nombre ou s’assurait d’obtenir l’exclusivité
en mettant des options sur des toiles pas encore peintes, prospectait chez ses concurrents pour compléter sa collection des œuvres d’un artiste… Ainsi, il détenait les clefs du marché qu’il avait principalement contribué à créer. Du coup, il pouvait vendre ses toiles au prix qu’il souhaitait.
On estime que pas moins de 12 000 tableaux seraient passés entre ses mains expertes et passionnées, dont une grande partie furent vendues à des collectionneurs étrangers.
Mes impressions sur l’exposition
Cette exposition ambitieuse propose au public 80 tableaux, dessins, photographies et documents datant du tournant de 1865 : l’impressionnisme d’avant-garde accède à la reconnaissance internationale, en grande partie grâce à Paul Durand-Ruel.
Une fois n’est pas coutume, on expose les œuvres par la thématique de celui qui les a vendues. C’est souvent une information considérée comme « superflue » dans les expositions plus classiques, mais ici, son « oeuvre » est replacée au centre du mouvement impressionniste. Surtout que Paul Durand-Ruel n’avait jamais fait l’objet d’une exposition !
Si j’étais super emballée par ce que j’avais lu de l’exposition et des œuvres affichées, je dois bien avouer que j’ai été légèrement moins enthousiaste une fois sur place.
Étant, comme beaucoup, assez férue d’art impressionniste, j’étais bien évidement ravie de retrouver mes peintres préférés : Degas, Renoir, et Monet (entre bien d’autres). Les toiles présentées sont de véritables bijoux, et les éléments propres à la vie de leur collectionneur et marchand sont bien choisis. Figurent sous les tableaux les prix d’achat et de vente des œuvres, ainsi que des archives familiales très intéressantes témoignant du travail d’intermédiaire primordial effectué par Durand-Ruel à l’époque.
D’ailleurs, la famille de Paul Durand-Ruel est au coeur de l’exposition. Son héritage à lui, sa reprise du commerce d’art familial, ce qu’il en a fait et ce qu’il a légué à ses enfants se trouve au centre de cette grande histoire. C’est un aspect qui m’a particulièrement plu!
L’exposition en elle-même est vite parcourue car assez petite, en comparaison des expositions massive du Grand Palais à la Niki de Saint Phalle ; c’est peut-être pour cela que je n’ai pas pu profiter pleinement de ma visite… Je ne pensais pas m’y faire piétiner par des octogénaires en furie à deux heures de l’après-midi un mardi (naïveté et jeunesse) ! C’était tellement noir de monde qu’honnêtement, j’ai eu du mal à m’approcher suffisamment des plaquettes pour les déchiffrer, observer longtemps un paysage pour pouvoir m’en imprégner, et passer au suivant en y consacrant autant d’attention.
Difficile de se concentrer quand on se prend des coups de coudes dans les côtes devant un Renoir ; la leçon est apprise. Désormais, les expos, ce sera tôt le matin avec une prévente et des protections dignes de Robocop.
L’exposition a un bon rapport qualité/prix, elle est intéressante de par son angle, à taille humaine en comparaison des précédentes consacrées à l’impressionnisme. Elle est peut-être un peu trop ambitieuse ou victime des fantasmes tout de suite projetés sur ce que l’on pourrait y trouver. Si j’ai aimé voir ces œuvres et que je la recommande aux amateurs d’impressionnisme comme à ceux qui souhaitent le découvrir de visu, elle laisse légèrement sur sa faim parce qu’on a l’impression d’être vite arrivé au bout.
Les toiles exposées sont, de plus, assez connues. C’est un plaisir de les découvrir dans une autre thématique, mais c’est aussi une frustration de ne pas en avoir un peu plus (malgré le travail déjà colossal que présente la réunion d’autant d’oeuvres constituant les pièces maîtresses de collections étrangères).
Infos pratiques :
- Paul Durand-Ruel, le pari de l’impressionnisme, du 9 octobre 2014 au 8 février 2015, au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard 75006 Paris.
- Métro Saint-Sulpice ou Mabillon. RER B Luxembourg.
- Tous les jours 10h à 19h30 (nocturne le lundi jusqu’à 22h).
- Tarifs 11 ou 7,5€. Gratuit pour les moins de 16 ans.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Tout m'a plu. C'est toujours un émerveillement pour moi que de découvrir de nouvelles toiles impressionnistes ou de les redécouvrir, et le contexte est novateur. Approcher l'impressionnisme d'après la collection Durand Ruel, c'était ambitieux, effectivement.
Contrairement à toi, je suis allée au Luxembourg samedi aux aurores, je n'ai pas eu à me confronter à la foule. J'ai pu revenir sur mes pas plusieurs fois et prendre mon temps, notamment admirer encore et encore La jeune fille au chat de Renoir, coup de coeur de ma visite.
Je suis tout à fait d'accord avec toi concernant la durée. Je suis restée sur ma faim quand j'ai vu qu'elle s'arrêtait déjà, si tôt. Une salle ou deux de plus n'auraient pas été de trop, surtout face à l'impressionnante quantité de toiles qui sont passées chez Durand Ruel.
Cela reste une des plus belles expositions à faire à Paris en ce moment (avec Hokusaï, mais c'est une autre histoire encore). Alors profitez de la chance que vous avez d'être dans la capitale, il y a tellement à voir, à faire...! 3 jours et demi, c'est définitivement trop court.