On a coutume d’entendre les mecs célébrer, chaque année, le retour des gambettes des filles. Et blabla que je t’évoque les jupes qui s’envolent au moindre coup de vent (ça arrive dans la vraie vie, ça ?), et blabla que je soupire dès que la voisine croise les jambes. Ok, les mecs, on a compris. Nos hanches sont des miracles, tout à fait. Nos chevilles sont fines comme des tiges de baobab. Mais puisque vous aimez tant nous voir nous découvrir, ce serait sympa de NOUS RETOURNER LA POLITESSE.
Chères fesses,
On comprend parfaitement que tant qu’il fait -12, vous ayez envie de vous planquer sous un slip, un pantalon, un t-shirt, un sous-pull, un gilet et un manteau long. Le rhume des fesses est sous-estimé mais croyez-moi : chacun sait, au sein du lobby pharmaceutique, que la fameuse grippe du cul fait des milliers de morts chaque année, sans parler de la gastroentérite du slip ou de la pneumonie du colon. On parle de drames. Qui légitiment une protection optimale. Fessopirate : attentifs, ensemble.
Mais nous serons bientôt en avril, période incroyablement propice au soleil et à la ventilation des zones érogènes. Pourquoi persister à vous dissimuler ? Ce n’est pas une question de saison mais une affaire politique puisqu’en août, le topo reste le même : t-shirt trop long, pantalon informe – les deux mamelles de l’abolition de la fesse.
Nous sommes clairement face à une discrimination sexiste. Si vous croyez qu’on n’a pas envie de mater, désolée de vous faire tomber sur le cul mais : ON A ENVIE DE MATER. La garde-robe non adaptée ne constitue en aucun cas une excuse valable. Il existe des t-shirts à votre taille et des pantalons raisonnablement moulants. Vous aurez également l’obligeance de marcher face aux murs et de vous tenir de profil. Qu’on profite. Qu’on rattrape le temps perdu. Qu’on fasse enfin connaissance intimement.
Les bénéfices d’une libération de la fesse sont les suivants : contact facilité avec les femelles hétéro du coin (si vous avez peur des garçons gays, je suis désolée pour vous), retour de l’être aimé, promotion au boulot, augmentation salariale pour peu que vous ayez une bosse, bières en happy-hour pour peu que vous ayez une serveuse, reconnaissance éternelle, possible cristallisation amoureuse avec demande de 06.
Mais attention. Tout doit rester suggéré afin de respecter les règles classiques de l’érotisme. Par exemple, la raie qui dépasse du caleçon, c’est impossible. Idem pour les 12 centimètres de slip qui dépassent d’un baggie – même pour nous qui aimons les fesses c’est trop. Côté fashion faux-pas, on s’arrête là, donc rien de trop compliqué.
Chères fesses, nous vous attendons, dans la rue, au travail, au supermarché, sur notre canapé et plus si affinités. Vous nous devez bien de lever le voile, après toutes ces années de vaches maigres et de pauvres satisfactions visuelles. L’homme moderne est censé accepter le jeu de la séduction : en théorie, ok, en pratique, on attend de voir.
Quand vous voulez. On est prêtes. Moi, j’ai les jumelles sur les genoux, l’appareil photo vissé aux yeux pour mon portfolio personnel. On n’attend que l’entrée en scène des stars du printemps : vous.
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