Initialement publié le 9 août 2019 —
Quand j’étais ado, je flippais de ne pas dormir assez.
Pour être sûre de bien me rendre compte des grosses heures de sommeil que j’avais devant moi, j’aimais programmer mon réveil à 4h du matin.
L’alarme se déclenchait, je flippais, bavais en grommelant puis comprenais qu’il me restait encore trois heures à pioncer.
Un stratagème aussi malin ne pouvait être que le fruit d’un cerveau de génie, et pourtant ma mère beuglait des « éteins-moi cette merde putain » à tire-larigot, incapable de comprendre mes velléités.
À 26 ans je me remets enfin en question, à cause d’un corbeau
Je lui en ai longtemps voulu, et c’est normal. Qui peut décider de mes cycles de sommeil à ma place ? Personne, et je connais mes droits.
Mais cet été, je dois faire mon mea culpa. Suite à l’installation récente de mon nouveau voisin croasseur, j’ai eu une prise de conscience, une épiphanie : je suis une égoïste.
Mettre son réveil à 4h du mat’ et réveiller toute une maison pour son petit confort personnel, c’est pas très sympa. C’est même un truc de GROSSE CONNASSE.
Ouais je m’insulte moi-même. Ouais, je suis en roue libre.
J’ai envie que cet article soit composé uniquement d’insultes dans toutes les langues envers ma personne et toutes les autres aussi.
Parce que j’ai la haine. Oui Madame « j’ai la haine, comme un lapin de carême, et j’ai la haine haine comme la menthe cityzen et cityzem zoum zem, alors t’as pas la haine » !
Parce queeeeeee… je me suis fait réveiller à 5 du matin par une saloperie de corbeau qui veut absolument faire de moi sa gow.
D’aucun dirait : « Ya pas de corbeaux à Paris, c’est forcément une corneille. »
Et je leur répondrais avec toute la douceur du monde : « Gnaingnaingnain, ptetre qu’on s’en balek ptn ok Patrice ? »
Le corbeau sous ma fenêtre, mon nouvel ennemi juré
TOUS LES MATINS, le gars se met devant ma fenêtre et croasse à la mort.
Il pense sûrement me faire une sérénade du même acabit que celle de Cyrano de Bergerac sous la fenêtre de Roxane, sauf que :
« Mec, on parle pas la même langue, lâche l’affaire. »
Chaque matin à 5h, je me lève furieuse du lit conjugal pour me fighter avec l’animal possédé. Mais c’est une lutte perdue d’avance, puisque le gars a un réseau de ouf.
Dès 5h, il croasse pour appeler tous ses potes, qui volètent du coup en masse pour se poser dans le jardin en dessous de chez moi.
Le chef des corbeaux, appelons le Henri-Georges Clouzot (en hommage au réalisateur du film du même nom), rassemble ses troupes avant d’entamer une symphonie en ré-mineur dont aucun tympan d’humain, même comblé d’une boule Quies, ne peut sortir indemne.
Ma technique pour en déjouer les plans de cette organisation secrète et nocturne consiste à ramper hors de mon lit, me faire discrète jusqu’à la vitre puis sauter en poussant un râle grave en ouvrant la fenêtre et agiter mes bras comme une zinzin.
Une technique qui mérite encore d’être perfectionnée puisqu’aucun animal n’a déguerpi depuis 3 jours.
Les gars sont pépères en sit-in dans mon jardin.
Les corbeaux, des adversaires de longue date
Certains diront que c’est un mauvais présage, moi je pense que c’est l’autre trou du cul de Bran qui est tellement deg d’avoir servi à rien pendant la dernière saison de Game of Thrones qu’il se cherche une fonction dans la vie et fait le tour du monde pour casser les gonades des gens.
« ON T’A CRAMÉ BRAN. T’AS PAS AUTRE CHOSE À FOUTRE ? »
Franchement, gipépé des corbeaux. Je suis éreintée. Déjà quand j’avais 8 ans, une meute d’oiseaux a poursuivi mon chien pour lui crever les yeux.
Si, c’est vrai, même que ma mère aussi était là.
Ça n’a d’ailleurs pas semblé altérer le moins du monde sa passion pour les volatiles puisqu’elle m’a récemment confié :
« Si je n’avais pas été hôtesse de l’air, j’aurais été cantatrice ou ornithologue. »
OSKOUR.
Comment combattre les corbeaux ?
Breeeeef, j’ai essayé l’intimidation, la menace, les yeux écarquillés, les fausses crises d’épilepsie et rien n’y a fait, mais j’ai encore quelques tours dans ma manche, et c’est pas un vieux bouquet de fleurs.
Henri-Georges Clouzot (ou Bran, je ne sais plus, je suis perdue) se met le doigt dans le troisième œil s’il pense que je suis du genre à me laisser emmerder.
« Moi mon p’tit pote, j’en ai vu d’autres. J’ai eu des chats, un husky, des oiseaux, et même des mecs, alors niveau emmerdeurs je suis rodée. »
Si le baryton ne déguerpit pas d’ici demain je prendrai de vraies mesures.
Je me louerai un costume de renard pour reproduire la fable et vexer mon adversaire, je mettrai mon réveil plus tôt que lui et irai lui hurler dans les oreilles, le provoquerai en duel (enfin mes années d’escrime me serviront, Hallelujah) et surtout, SURTOUT je lui chanterai le dernier album de Jul en bouuuuuuuucle : « Et j’sais qu’ta meuf la tchoin veut nous faire des bisous. »
TU ME CONNAIS PAS GARS HENRI-GEORGES CLOUZOT, JE SUIS UNE OUF.
Allez, sur ce je vais prendre un Xanax.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Sinon c'est vrai qu'on peut apprivoiser les corvidés. Un pote avait trouvé une jeune pie abandonnée quand il était enfant. Avec son frère, ils l'avaient prénommée Kachu (la pie Kachu… vous l'avez?).
Quand ils la nourrissaient , ils lui disaient "j'ai faim" et au bout d'un moment Kachu répétait "j'ai faim" quand il (elle?) voulait manger (les pies ont les mêmes cordes vocales que nous).