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Sortie le 14 mars !
Lettre à Clémence, 15 ans
Je suis fière de toi. Je te l’écris parce que je le pense au plus profond de moi, et parce que je sais combien tu as besoin de l’entendre : je suis fière de toi.
J’ai quinze ans et quelques de plus que toi, et quand je te regarde, je vois tout le chemin que tu as déjà parcouru, tous ceux que tu projettes de suivre, à l’aveuglette, sans boussole ni carte, mais avec cette envie de soulever les montagnes que j’ai failli perdre avec l’âge.
Je suis fière de toi
Bravo. Je suis fière de toi. Je te l’écris pour que tu le saches et que tu le gardes avec toi, pour tous les moments de doute qui te feront ralentir, hésiter, piétiner, renoncer, souffrir.
Je n’ai pas la réponse à toutes les questions que tu te poses, mais j’ai quelques pistes, pour toi.
D’abord, je sais pourquoi les autres boivent, fument ou se droguent. Pour les mêmes raisons, au fond, que tu passes ton temps à chercher le vertige, toujours plus haut dans les arbres ou sur les toits. Parce qu’il n’y a pas de plus grand vertige que celui que l’on ressent lorsque l’on retient sa vie entre ses doigts.
Je suis fière de toi, parce que tu es toujours là, malgré l’envie de partir, n’importe où tant que c’est loin d’ici, ailleurs, même si c’est pour ne jamais revenir.
Tu es toujours là, et je voulais t’écrire que ta patience sera récompensée. Elle sera toujours récompensée. Parce que chaque jour que tu vivras t’apportera toujours une raison d’attendre le lendemain.
Je suis fière de toi, parce que c’est grâce à toi que je suis toujours là.
Tu accepteras quand tu seras grande
Je sais ce qui t’obsède, et je n’ai toujours pas les réponses à tout ça. Je sais juste que ceux qui te disent que « tu comprendras quand tu seras grande » sont ceux qui n’ont toujours pas compris.
Il n’y a rien à comprendre, en grandissant. Il y a juste à apprendre comment accepter l’incertitude, et trouver sa place sans avoir de billet numéroté. Ça veut dire que tout est possible, justement, et c’est bien ça qui est flippant. C’est juste ça, le mystère de la vie, c’est pas plus compliqué, au fond.
Tu apprendras à lâcher prise sur les questions qui t’obsèdent. Parfois, il est plus intéressant de se les poser sans arrêt, plutôt que de se contenter des réponses courtes et décevantes qu’on leur apporte pour faire diversion.
Pose-toi ces questions aussi souvent que nécessaire, elles te feront avancer. Ceux qui répondent que « c’est comme ça » ne veulent pas réfléchir. Ne les écoute pas, laisse-les derrière toi, je te l’écris mais tu le sais déjà. C’est pour ça que je suis aussi fière de toi.
J’en reviens pas, de tout ce bruit qui t’assourdit, de ces parasites qui t’engourdissent, et malgré ça, tu te tiens droite et tu avances, dans la vie.
Je suis fière de toi. C’est pour entendre ces mots que tu travailles autant, que tu poursuis la perfection comme si c’était la ligne d’arrivée de la course de ta vie.
Arrête d’attendre
Tu as 15 ans, et tu sues dans les starting blocks, à attendre le coup de sifflet qui te donnera le départ. Sauf qu’il n’arrivera pas : dans la vie, il n’y a pas de coup d’envoi, il n’y a que le final qui ne prévient pas, qui n’obéit à aucune logique de justice ou de sens, à aucune rationalité, à aucune règle, rien. La fin, c’est juste la fin.
Toi qui as tellement peur de perdre du temps, rends-toi service et arrête d’attendre. Arrête d’attendre le droit de faire tes choix, le droit d’essayer, le droit d’échouer, le droit de recommencer, le droit d’abandonner, le droit de persévérer, le droit de réussir.
Arrête d’attendre le droit d’aimer qui tu veux aimer, d’écrire ce que tu as besoin de dire, arrête d’attendre qu’on te tende un micro alors que tu le sais déjà : la parole se prend, le temps se prend, le droit s’octroie.
Arrête d’attendre la permission de devenir la personne que tu as envie d’être, et gagne dix ans de vie en arrêtant d’attendre l’approbation de qui que ce soit.
Tu es déjà aux commandes de ta propre vie, et oui, c’est parti, c’est déjà commencé et c’est toi qui décides. C’est pour ça que tu as le vertige : tu es seule, je sais, mais c’est une force, tu sais, de savoir tenir en équilibre par soi-même.
Je n’ai toujours pas la carte, mais tu as la boussole
Je suis si fière de toi. J’aurais aimé qu’on te le dise pour que tu en aies la conviction, pour que tu saches ce que ça fait de se faire confiance. La force que ça te donne, lorsque tu te délestes des doutes inutiles.
Parlons-en, de tes doutes. Tu élabores des plans de vie comme on dessine un labyrinthe. Tu t’échines à construire des parcours professionnel comme on bâtit un château de cartes.
Quinze plus tard, je suis toujours en train de chercher, tu sais. J’ai arrêté de chercher « la bonne voie », pour suivre celle qui me convient, là, maintenant. Il sera toujours temps de penser à demain.
Il sera toujours temps : ça aussi, je voulais te le dire. Arrête de faire la course contre le temps. Il sera toujours temps de faire, de vivre ce qui te tient à coeur.
Arrête de courir comme si vivre plus vite allait te faire vivre plus longtemps.
J’ai toujours pas la carte de la vie, mais j’ai trouvé la boussole. Ça va te surprendre, ou peut-être pas, mais tu l’as déjà : elle est au fond de toi.
Le Nord, c’est ton coeur, tu peux l’écouter car il ne te trahira jamais. C’est les autres qui se trompent avec leurs règles à la con et leurs principes bidons, sur les choix qu’on peut faire ou non, les gens qu’on peut aimer ou non, et comment.
Ne les écoute pas, écoute-toi plutôt, c’est beaucoup plus pertinent.
Au Sud naissent les vents de tes envies, ceux qui gonflent tes voiles, te donnent de la vitesse. Ils te feront avancer par tous les temps, mais il faudra que tu apprennes à les naviguer, si tu ne veux pas rester à leur merci.
L’Est, c’est d’où tu viens, et l’Ouest, c’est où tu vas : parce que tu feras le Tour du Monde autant de fois que nécessaire pour vivre tout ce que tes rêves projettent sur l’écran de tes nuits.
Écoute tes tripes
L’aiguille de la boussole est au fond de tes tripes. Sache-le : tes intuitions ne te trahiront jamais. Si personne ne te comprend, c’est normal, tu es différente.
Écoute tes tripes avant d’écouter les autres, toujours. C’est pas qu’ils ont tort, c’est qu’ils ne te connaissent pas. C’est aussi compliqué, et aussi simple que ça.
Quelques notes, avant de te laisser :
- C’est pas parce que les gens ne te comprennent pas qu’ils ne t’aiment pas.
- C’est pas parce qu’il y a des gens qui souffrent plus que toi que ta souffrance est illégitime : accepte-la, observe-la, libère-t’en à ton rythme.
- Les gens qui ne peuvent pas te supporter, c’est leur problème, pas le tien.
- Les gens ne savent pas écouter, c’est pour ça qu’il faut parler lentement, répéter, et poser des questions.
- C’est pas parce que t’as peur de rien que tu n’as aucune peur. À méditer.
- Tu n’es pas nulle en sport. Vraiment pas. J’te jure. Non, je déconne pas !!!
- Effectivement, savoir résoudre une équation du second degré ne t’aura strictement jamais servi dans la vie. Peu de choses apprises avant le bac t’auront d’ailleurs servi, à part les cours de langues.
- Tu fais les bons choix quand tu t’écoutes, et tu peux toujours changer de voie quand tu te trompes.
Ne te laisse jamais dire qu’il est trop tard pour quoi que ce soit : il sera toujours temps de chercher à être heureuse, même si ce n’est que pour un instant.
Et n’oublie jamais ça : je suis fière de toi.
Clémence.
PS : cette épilation de sourcils, c’est pas ta meilleure inspiration. Dis pas que je te l’ai dit, mais les sourcils broussailleux vont devenir à la mode. (De rien).
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Les Commentaires
Nous allons bien.
C'est tout ce que je dirai parce que si je t'influence dans un sens ou dans un autre, tu feras peut-être des choix différents des miens et alors "nous" n'existerons plus.
Ce sera toi et une autre que moi.
Egoïstement, peut-être, je préfère que ça n'arrive pas
Bises