Cher ex,
Tu m’as appelé la semaine dernière puisque tu étais de passage à Paris et que tu voulais me voir, me présenter ton fils et que je te présente le mien. Bêtement j’ai dit oui, pour faire celle qui n’a plus du tout de rancœur vis-à-vis de notre histoire, celle qui s’en fout. J’avais aussi envie, par fierté, de te présenter mon fils. Après deux nuits d’insomnie à tourner ça dans tous les sens, j’ai enfin retrouvé la lucidité, il fallait que je refuse de te voir sans que cela laisse paraître toute cette réflexion, je t’ai écrit :
« Bon en fait c’est pas si simple que ça, pour te présenter mon fils, il faut que j’en parle à mon mari et j’ai pas du tout envie d’avoir cette discussion avec lui maintenant. C’est pas comme si on avait toujours été juste potes, pfff compliquée la vie d’adulte responsable lol. »
Voilà ce que j’aurais dû te dire :
Il y a huit ans, la dernière fois qu’on s’est vus, je t’ai fait une demande très simple et très claire : « Oublie-moi, oublie mon numéro, mon adresse, mon nom, disparais de ma vie. »
Apparemment tu n’as pas compris, je vais t’expliquer une bonne fois pour toute pourquoi tu n’as aucune place dans ma vie actuellement, ni jamais, histoire que ça rentre bien dans ta tête.
Tu n’as jamais eu le courage de nous donner une chance, ni de sortir complètement de ma vie. Tu m’as fait croire que je souffrais de notre relation parce que je décidais d’y rester. Alors que j’ai toujours mis fin à notre histoire quand je démarrais une autre histoire « d’amour », contrairement à toi. J’ai longtemps cru que c’était ça l’amour, y croire coûte que coûte, attendre, attendre que tu daignes m’écrire, m’aimer, me voir.
Être avec toi, c’est être avec un lâche qui à l’audace de m’ignorer puis de m’appeler quand ça lui chante, d’oublier mon anniversaire tous les ans depuis notre rencontre alors que tu es né le 9 et moi le 19 du même mois de la même année, de te moquer de ma tête quand je jouis, oui c’est une sensation que j’ai si peu vécue lors de nos nombreux ébats, de me laisser en « vu » toute la nuit à combattre le sommeil en espérant te voir, à ne donner aucune nouvelle pendant des mois pour revenir telle une fleur « ça va ? ». Non ça ne va pas, espèce d’imbécile, je deviens une personne que je ne supporte pas et que je ne reconnais pas quand je suis avec toi, je deviens faible, introvertie, je joue un jeu, alors que ça devrait être tout le contraire quand je suis seule avec celui que j’aime. Parce que oui je t’ai aimé, trop fort, trop longtemps, trop bêtement, j’ai cru qu’un jour tu t’en rendrais compte, alors que non, tu as continué à me traiter comme une connaissance, un plan cul, une amie, que sais-je ?
Alors je te le (re)dis aujourd’hui, je ne suis pas ton amie, je ne suis pas une personne que tu peux contacter pour avoir de ses nouvelles.
Pour toi, je ne suis rien comme je l’ai toujours été, comme tu l’es désormais à mes yeux. Si tu veux de mes nouvelles, tu fais comme tout le monde tu vas voir ce que tu trouves sur les réseaux sociaux, mais tu me laisses en dehors de ça et surtout tu laisses mon fils en dehors de ça. Ce n’est pas parce que je suis conditionnée à avoir envie de recevoir de l’attention de toi, que j’en ai besoin. Quand tu m’écris, tu me projettes à nouveau dans cette version de moi que je n’aime pas, je redeviens cette jeune femme, les yeux rivés sur son téléphone, à moitié endormie à trois heures du matin à attendre, pour la millième fois, un message ou un appel qui n’arrivera jamais, ah si, trois mois plus tard : « ça va ? »
La prochaine fois je te laisse en « vu », j’en fais la promesse à cette jeune fille que j’ai été, en 2006, quand je suis tombée amoureuse de toi et que j’ai cru que ce serait quelque chose d’épique.
Bien à toi, je te souhaite d’être heureux, tu es un lâche, mais pas un mauvais garçon.
Celle que tu n’as jamais (vraiment) eue.
À lire aussi : « Tu m’as appelée par le prénom de ton ex devant tes amis » : ce qu’Aurélie aurait dû dire à son ex
Dans Ce que j’aurais dû dire à mon ex, des lectrices de Madmoizelle nous écrivent tout ce qu’elles rêvent de dire à leur ex-moitié.
À travers chaque histoire se dessine en creux la violence du patriarcat dans l’intime et ses paradoxes. Pour témoigner, contactez-nous à l’adresse [email protected]
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
En tout cas sa réponse est très mature je trouve. Il y a des gens même s'ils ne sont pas méchants dans le fond qui ont vraiment peu d'empathie pour leur entourage et pour celles et ceux qui se mettent à tenir à eux...