Tu ne liras jamais ces mots.
D’une part car je t’en ai déjà envoyé suffisamment pour te montrer ô combien tu comptais à mes yeux.
De deux car il en vient un goût de folie, d’avoir la plume encore à vif de toi depuis ces deux années passées.
Je t’écris car j’ai rencontré quelqu’un. Un homme bien, je crois.
Il a des qualités et des défauts mais il semble me correspondre, il semble répondre à mes attentes, à celui que j’imagine pouvoir aimer.
« Que j’imagine pouvoir aimer », cette phrase m’inquiète déjà car avec toi je n’ai jamais imaginé quoi que ce soit. J’ai aimé directement.
Mais j’admets qu’à 27 ans et plusieurs relations passionnelles, il est reposant de se plonger dans une rencontre sans obsession, sans tourbillon.
Tout est simple pour le moment, il me fait rire, j’ai envie de le voir, de l’écouter parler des heures. J’ai envie de le connaître par coeur mais.
Ai-je besoin de te préciser que je le chasse ?
Que depuis que j’ai entreouvert la possibilité de lui faire confiance, je le chasse ?
Je traque la moindre faille, la moindre égratignure.
Je traque des excuses pour m’en éloigner.
Ces moments tu les connais. Je cherche à lui faire déjà autant de mal qu’il va m’en faire dans mon imaginaire. Comme tu m’en as fait.
J’ai déjà le coeur à mille à l’heure d’imaginer des situations non contrôlées. L’amour et sa folie.
Alors je replonge dans ma tendre et douce solitude.
Et puis, je t’écris, à toi, mon bourreau.
Toi qui me laisse là, des mois après, avec un coeur encore lourd et effrayé mais toujours à te regretter.
Comme si tu avais été meilleur que lui.
Comme si tu étais le seul responsable de mon état.
Non, tu n’es rien de tout ça. Tu n’es plus qu’un vague souvenir de moments que j’idéalise encore.
J’ai toujours pensé que l’amour c’était la passion. Plus ça prend aux tripes et plus je souffre, plus la jauge de l’amour est au sommet.
Une part de moi ne veut pas accepter de voir les choses autrement.
Que je suis sensible.
Que c’est ainsi que je fonctionne.
Que ça n’a pas marché avec toi mais qu’un jour ça arrivera.
Mais je dois bien constater, après des mois de recul, que je me suis toujours fait du mal inutilement.
J’ai rencontré un homme. Un homme bien je crois. La passion n’est pas sous la forme dont j’ai l’habitude mais elle est là d’une autre façon.
J’apprends doucement à le connaître. Je découvre un homme qui est là pour moi. Qui m’appelle tous les jours pour me demander comment je vais, ce que j’ai fait de ma journée, pour m’encourager dans mes projets.
J’apprends à être rassurée et aimée.
Certaines diront que c’est la base d’une relation. Pas faux. Mais avec toi c’était comme si nous n’avions pas besoin de ces étapes.
Est-ce que c’est cela vieillir ?
C’est nouveau pour moi et apaisant. Je souris en écrivant ces lignes car c’est à toi que j’aimerais le raconter. C’est bête, il n’y a pas de raison. Peut être parce que c’est avec toi que j’aurais aimé le vivre. Ce n’est pas le cas et ça ne le sera jamais.
Je me rends compte que le mal que tu m’as fait me pousse aujourd’hui à de nouvelles réflexions. Je me sens grandir.
Alors j’ai peur. Peur que ça ne marche pas. Peur qu’il parte comme toi. Mais finalement si je ne me lance pas, comment pourrais-je continuer d’avancer et de m’élever ?
Je ne sais foutrement rien de ce que cette rencontre va donner. Je sens juste qu’elle m’aide malgré tout à t’oublier petit à petit. À te voir comme une étape de ma vie qui m’a faite évoluer.
J’ai l’impression que je prends confiance en moi et dans mes envies.
Alors je te laisse sur ces mots et je vais continuer à vivre cette nouveauté dans ma vie.
Et tout ira bien.
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