Bonne nouvelle pour les personnes menstruées ! Dans ce pays gouverné par des socialistes, un nouveau projet de loi propose un ensemble de mesures pour la santé menstruelle, incluant d’accéder à trois jours de congés payés par mois, entièrement séparés des congés payés et maladie. Adopté par 190 voix contre 154, il a été adopté en première lecture par les députés espagnols le 15 décembre 2022. Ce texte doit désormais être voté par le Sénat et revenir à la Chambre des députés si modification, avant de devenir loi courant 2023.
3 jours de congés menstruels pour les 53% d’Espagnoles aux règles très douloureuses
Ce serait donc une première en Europe : 3 à 5 jours de congés menstruels en cas de règles très douloureuses, confirmées par un certificat médical. En 2017, quatre parlementaires en Italie avaient également émis cette idée sans qu’elle n’aboutisse en loi appliquée pour autant. Les personnes menstruées avec un certificat médical attestant qu’elles souffrent de dysménorrhée auraient alors pu prétendre à 3 jours de congés payés par mois pour règles douloureuses. Soit 60 à 90% des Italiennes, d’après L’Obs reprenant la proposition d’introduction de loi des parlementaires.
De quoi craindre d’accentuer des discriminations sexistes au travail, de la part d’entreprises effrayées à l’idée de voir une grande partie de sa masse salariale menstruée prendre 3 jours de congés supplémentaires par mois ?
Pourtant, des mesures semblables se pratiquent déjà dans certaines entreprises privées occidentales, et même à l’échelle nationale au Japon ou en Corée du Sud, rapporte le journal espagnol El Periódico.
Ángela Rodríguez Martínez, secrétaire d’État à l’égalité et à la lutte contre les violences basées sur le genre, en Espagne, a ainsi déclaré auprès d’El Periódico concernant cette proposition de loi de congés menstruels :
« Une étude dit que 53% des femmes souffrent [de dysménorrhée]. Lorsqu’il y a un problème qui ne peut pas être résolu médicalement, nous pensons qu’il est très judicieux d’avoir un congé de maladie temporaire. Il importe d’être clair sur ce qu’on considère comme des règles douloureuses : nous ne parlons pas d’un léger inconfort, mais de symptômes graves tels que la diarrhée, la fièvre et de violents maux de tête. »
En Espagne, tout un projet de loi pour la santé menstruelle et contre la précarité
La dysménorrhée, l’endométriose, ou encore le trouble dysphorique prémenstruel ouvriraient donc à ce genre de congés en Espagne si la loi sur le point d’être proposée est adoptée. Des serviettes et des tampons gratuits devraient également être distribués aux personnes les plus précaires, tandis que la TVA serait supprimée de ce genre de produits dans les commerces (à l’heure actuelle, elle s’élève à 10%), dans le cadre de ce projet de loi.
Ce dernier s’inscrit dans un ensemble de mesures prises au fil du temps et des régions en Espagne, en faveur d’une meilleure prise en compte et en charge de la santé menstruelle. Comme le résume le média espagnol Magnet, le conseil municipal de Gérone en juin 2021, puis celui de Castelló de la Plana en septembre de la même année, ont décidé d’inclure ce droit dans leurs accords de travail, ouvrant aux personnes menstruées la possibilité de s’absenter jusqu’à huit heures par mois.
La ministre de l’Egalité, Irene Montero, porte maintenant cette réforme en faveur de la santé menstruelle à l’échelle du pays auprès du Conseil des ministres. Car d’après la directrice de l’Institut des femmes en Espagne, Toni Morillas, auprès de Público, une femme sur deux à des règles très douloureuses, et une femme sur quatre peine à accéder à des produits de gestion menstruelle.
À lire aussi : Précarité menstruelle : « Nous voulons que le gouvernement tienne ses engagements »
Crédit photo de Une : pexels-thirdman-8485839
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires