Quand on est lesbienne en France, même en 2015, ce n’est toujours pas évident de s’exposer dans l’espace public. L’association SOS Homophobie a interrogé 7126 femmes de toute la France qui ont eu des relations sexuelles et/ou sentimentales avec d’autres femmes : une majorité de lesbiennes, mais aussi des femmes bisexuelles, hétérosexuelles, pansexuelles ou qui ne définissent pas leur orientation.
Elle a dévoilé le 5 mars dernier les résultats de cette enquête, qui sont terrifiants : il s’avère que 59% des femmes interrogées ont été victimes de lesbophobie au cours des deux dernières années. 13% de ces femmes y ont été confrontées régulièrement. Pour autant, il est encore difficile pour les femmes concernées de parler de ces agressions, relève SOS Homophobie :
« Les lesbiennes sont généralement invisibles dans l’espace public et silencieuses quand il s’agit de dénoncer les actes et/ou les comportements lesbophobes qu’elles ont subis. »
Pourtant, les actes lesbophobes sont nombreux, comme le note Yagg
: moqueries, refus de promotion, rejet de la part de leur famille, exclusion d’une équipe sportive, menaces, jusqu’aux agressions physiques. 75% des femmes interrogées disent avoir déjà été victimes d’insultes lesbophobes. Les agresseurs sont majoritairement des hommes, et la plupart du temps, des inconnus.
SOS Homophobie fait également le triste constant que les actes lesbophobes sont plus nombreux lorsque les lesbiennes sont « visibles » :
« Le risque d’être discriminée est, a priori, plus grand quand on se rend visible par la parole, les gestes, l’engagement militant et culturel ou encore le look. »
En conséquence, explique SOS Homophobie, les femmes homosexuelles ont tendance à adopter des stratégies pour lutter contre des réactions hostiles, et souvent à dissimuler leur orientation sexuelle. Ainsi, comme le relève Libération, 18% de ces femmes ne manifestent jamais d’affection à leur compagne en public, et 21% ne se tiennent jamais la main. Les femmes qui ont des relations avec d’autres femmes sont aussi peu nombreuses à évoquer leur orientation sexuelle et leur partenaire : 26% en parlent à tou•te•s les membres de leur famille, et 13% n’en parlent à personne dans leur entourage. Presque 60% des femmes interrogées n’en parlent jamais sur leur milieu de travail, ou seulement à quelques collègues.
Afin que cela change, SOS Homophobie entend interpeller la secrétaire d’État aux droits des femmes, Pascale Boistard, la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, et la ministre de la Santé. Selon le président de l’association, cité par Yagg :
« Les deux priorités sont la sensibilisation et la prévention. Le gouvernement doit permettre une prise de conscience à tous les niveaux, notamment dans l’éducation.[…] »
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Les Commentaires
(Je suis un peu peinée de constater que je me suis déjà heurtée à toutes les remarques, sauf une (celle sur les sextoys)...)