C’est par le très agréable roman L’arbre aux haricots que j’ai découvert Barbara Kingsolver, l’été dernier. Il m’avait suffi de quelques pages pour tomber amoureuse de Taylor et de Turtle, la mère et la fille, ainsi que du style de l’auteur. Sous couvert de personnages attachants elle ne manquait pas d’attirer l’attention du lecteur sur des sujets forts tels que la quête de soi, le fait de devenir mère, l’immigration, …
Sa plume possède ce petit quelque chose de naïf sans être jamais niais qui permet d’aborder les situations délicates tout en évitant le ton plaintif dont certains auteurs semblent si friands.
C’est à la rencontre de son troisième roman, publié en 1999, que j’aimerais vous emmener aujourd’hui.
Celui-ci, dont le titre original m’avait interpellée, intéressée et fascinée –The Poisonwood bible– nous plonge en 1959, à l’aube de l’indépendance de ce qui est alors le Congo Belge.
Nathan Price, pasteur baptiste américain fanatique, entraîne sa famille dans les confins de Kinanga. Se sentant investi d’une mission divine impérieuse, il rêve d’évangéliser tous ceux qui croiseront sa route, de gré ou de force. Inflexible, rigide jusqu’à l’idiotie, il est celui par qui naît le chaos.
Tour à tour sa femme et ses filles prendront la parole pour exprimer chacune à leur manière une vision de cette incursion au cœur d’un lieu fascinant, qui s’éveille.
Mise en lumière par leurs diverses sensibilités, la parole du père toute puissante, effrayante, en trame de fond ne sera pourtant jamais directement offerte au lecteur. Comme pour restaurer l’équilibre ?
Orleanna –la maman-, Rachel –la grande, la futile-, Leah & Adah –les jumelles, l’une soleil, l’autre nuit, si douées- et Ruth May- l’innocence, l’enfance-, nous guideront pas à pas dans cette étrange aventure. Chacune des filles, par son caractère, nous emmènera un peu plus loin dans l’existence chancelante qu’est devenue la leur.
Au fil de l’histoire, impuissants, nous assisterons à la dégringolade d’une famille, au sein d’un monde dépeint comme sauvage, étriqué, rêvant de liberté. Happés par les mots de ces femmes qui partent à la dérive, on s’émouvra d’un destin saccagé par la folie d’un homme.
L’auteur, par ces multiples voix, dénonce au fil des pages l’extrémisme religieux et crache sur l’impérialisme économique. Ce subtil mélange entre écriture engagée et fiction romancée est, à mes yeux, l’une des principales forces de ce très beau roman, dont je ne peux que vous conseiller la lecture.
> Référence : Les yeux dans les arbres, de Barbara Kingsolver
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Les Commentaires
Je suis ravie que ça te donne envie ! Je pense sincèrement que tu ne le regretteras pas. En plus, tu sembles fort occupée et une lecture "coupée" est tout à fait possible avec ce type de romans, puisque les personnages parlent l'un après l'autre, dans des chapitres consacrés, qui ne dépassent pas les vingt pages en moyenne. Donc, tu ne perds pas le fil
Merci beaucoup
Si ça ne tenait qu'à moi, je lirais trois livres par jour et je ferais des papiers de chaque coup de c?ur, alors ne me tente pas trop