Ne pas décourager les victimes en levant un des obstacles au dépôt de plaintes, c’est ce que propose le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Le recueil de plainte chez autrui — c’est le nom de la mesure — sera en expérimentation « à partir de la fin de l’année » et fera qu’une victime n’aura plus forcément à se déplacer au commissariat : les forces de l’ordre se présenteront à elle pour recueillir sa plainte.
« Le dépôt de plainte par les victimes à l’hôpital est déjà expérimenté dans certains départements », rappelle LCI, par exemple dans le Tarn-et-Garonne.
L’expérimentation de trop ?
Après la demande du ministre de l’Intérieur de traiter de façon prioritaire les plaintes en août dernier, le recueil de plainte chez autrui peut-il vraiment améliorer l’accueil des victimes et la prise en compte de leurs plaintes ?
Face à l’ampleur du problème, face à la défiance envers la police déjà profondément ancrée, est-ce suffisant ?
En effet, l’annonce du ministère de l’Intérieur intervient quelques jours après les nombreux témoignages recueillis à travers le hashtag #DoublePeine.
Si une victime n’aura plus à trouver la force et le courage de se déplacer pour porter plainte et dénoncer son agresseur, rien ne dit qu’elle ne fera pas les frais d’autres questions intrusives, de réflexions ou de commentaires sur sa tenue ou son comportement — puisque c’est justement ce qui est ressorti des témoignages de nombreuses femmes…
L’organisation féministe Nous Toutes a réagi au quart de tour à cette annonce :
L’organisation poursuit :
« Les femmes victimes disent donc qu’elles sont mal accueillies en commissariats et gendarmeries. Gerald Darmanin leur répond : bonne nouvelle, vous pourrez aussi être mal accueillies à la mairie ou chez une amie !
Nous n’avons pas besoin “d’expérimentations”. Nous avons besoin que les forces de l’ordre connaissent la loi (qui prévoit l’obligation de prendre une plainte), l’appliquent et soient formés à ne pas mépriser ou humilier les femmes victimes de violences. »
À lire aussi : La dernière trouvaille de Darmanin pour l’accueil des victimes de viols ? Des gommettes
Crédit photo : Pablo Tupin-Noriega, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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