Après la fashion week homme qui a agité les capitales de la mode occidentale que sont New York, Londres, Milan, puis Paris, la ville lumière continue de vibrer avec style pour la semaine de la haute couture du 23 au 26 janvier 2023. La maison Schiaparelli, dirigée artistiquement par Daniel Roseberry, a ouvert les festivités avec un défilé rugissant. Difficile de passer à côté de la robe ornée d’une tête de léopard plus vraie que nature arborée par la top Shalom Harlow, celle de louve par Naomi Campbell, et de lion par Irina Shayk. D’ailleurs, pendant que cette dernière défilait, on pouvait voir au premier rang Kylie Jenner porter une déclinaison de cette féline création.
Pourquoi des têtes de lion, léopard et louve ont défilé pour Schiaparelli ?
Hyper médiatisés, ces trois looks ont enflammé et divisé les réseaux sociaux. Beaucoup d’internautes mal renseignés se demandaient notamment s’il s’agissait de taxidermie. Or, c’est mal connaître le travail de Daniel Roseberry et des ateliers Schiaparelli qui s’amusent régulièrement à reproduire des détails de la flore et de la faune plus vrais que nature, y compris des organes humains, afin de les détourner à des endroits inattendus pour en faire des œuvres surréalistes, conformément à l’ADN de la maison. On peut notamment citer la robe-poumon d’or portée par Bella Hadid au festival de Cannes ou celle à sein allaitant. Sauf qu’il s’agissait cette fois-ci d’un hommage à la Divine Comédie de Dante. Dans ce poème italien du XIVᵉ siècle, l’auteur italien met en scène les Enfers, où il faudrait affronter différentes terreurs, dont un lion (pour symboliser la fierté), un léopard (la luxure), et une louve (l’avarice).
Les robes à tête de louve, léopard et lion qui ont tout éclipsé au défilé Schiaparelli
Mais même les personnes plus renseignées n’ont pas forcément apprécié l’immense travail de broderie à partir de fausse fourrure pour donner naissance à ces robes animalières hyper-réalistes. En effet, même s’il ne s’agit pas de véritables têtes, beaucoup reprochent à Schiaparelli à travers ses créations de contribuer à la glamourisation des trophées de chasse et du braconnage. Ces trois passages ont presque failli éclipser tout le reste de la collection qui réinterprétait notamment la forme du flacon corseté du parfum historique de la maison, Schocking !. On pense notamment au corset en nacre vintage avec cristaux sur cuir moulé à la main et feuille d’or 24 carats, associé à une jupe en velours liquide couleur champagne (passage 9), ou encore le bustier en marqueterie sur jupe entièrement brodée de perles (passage 13).
Même l’apparition infernale de l’artiste Doja Cat, recouverte de 30 000 cristaux rouge écarlate Swarovski par la make-up artist star Pat McGrath et son équipe pour s’asseoir au premier rang du défilé, n’ont suffi à faire oublier la polémique autour des fausses têtes d’animaux.
Peta France dénonce la souffrance animale derrière les looks polémiques de Schiaparelli
Alors que la maison Schiaparelli a communiqué sur le fait qu’aucun animal n’a souffert pour ces créations, Peta France a tenu à réagir. L’association de défense des animaux a ainsi tenu à rappeler les vérités qui fâchent, en tweetant :
« Bien que l’art, y compris la mode, puisse être subjectif, l’affirmation de Schiaparelli selon laquelle « aucun animal n’a été blessé » lors de la fabrication de cette robe à tête de lion portée par Kylie Jenner est objectivement fausse. En effet, des vers à soie ont été bouillis vivants et des moutons ont été exploités pour leurs toisons pour obtenir la soie et la laine utilisées dans la confection de ces fausses têtes d’animaux. Schiaparelli devrait se tourner vers des matériaux d’origine non-animale. Quiconque craignant que ces robes n’encouragent la chasse au trophée devrait aussi avoir une pensée pour les animaux qui ont réellement souffert pour ce look et pour les innombrables individus qui sont confinés, mutilés, violentés et tués pour la mode. »
Qu’on considère ces créations comme des œuvres d’art ou non, elles ont au moins le mérite de reposer l’épineuse question de l’exploitation animale dans la mode, qu’elle soit reélle ou (dis)simulée. En effet, même lorsqu’il s’agit d’un simulacre de trophée de chasse, comme pour en dénoncer tout le caractère grotesque (se retrouver nez à nez avec ces têtes d’animaux nous rappelle d’où viennent la plupart des manteaux en vraie fourrure plutôt communs pour les clientes et clients de haute couture), on remarquera que ces 3 looks polémiques procèdent tout de même d’une exploitation animale bien moins souvent dénoncée comme telle : celles de vers à soie, de mouton pour la laine, et d’autres bovins pour leur cuir. Un double standard spéciste que n’est pas près de tenter de dépasser ni l’industrie textile, ni l’artisanat de la haute couture.
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Crédit photo de Une : Captures d’écran Instagram.
Les Commentaires
C'est d'un mauvais goût, punaise ! Personne ici pense un peu ça ?...
@MouetteMouette