Ô modeuse, si l’été passé fleuri et frais t’a plongée en plein spleen Baudelairien, si ton côté obscur te semble être ce que tu possèdes de plus précieux, alors écoute : cet hiver, foin de romantisme mielleux.
Par réaction, peut-être, après un été champêtre et coloré, les créateurs nous ont préparé un hiver urbain et minimal, mais passionné : les tendances à venir, en grande majorité, sont caractérisées par une absence quasi totale de couleurs, un style masculin-féminin et un sacré caractère.
Les voici en détails (clique sur le lien ou sur Page suivante)
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
(Calvin Klein, Chloé, Prada, Gilles Rozier, Isabel Marant, Jean-Paul Gaultier)
Une tendance urbaine caractérisée par un mélange de vêtements classiques 80’s et basiques sportswear revisités. Pour les tons, une association atypique de gris anthracite et de brun (taupe ou miel-doré) avec de rares touches de couleur.
Les tissus sont fluides (jersey de soie, satin, tissu fin de costume ) ou mous (maille sweat shirt, grosse laine, cuir souple). Un soupçon de fourrure, et une pointe de léopard pour la sensualité. Quelques grafittis pour seuls imprimés.
Les volumes sont confortables, généreusement coupés. Les coupes des pantalons et des bermudas sont très eighties : jambe extra large parfois resserrée au pied.
Pour les jupes, des formes boules un peu molles, et pas mal de robes pulls déstructurées, comme distendues : trop longues pour un pull, mais vraiment courtes pour une robe !
Les hauts sont plutôt précieux, comme s’ils étaient les seuls à conserver des bribes de féminité et d’extravagance. Les vestes et les manteaux sont droits, masculins, immenses, mais ils sont parfois corsetés par une large ceinture en cuir. Pour le reste, des pièces de maille, très sport et oversize : sweat-shirts géants, longs gilets zippés, pulls drapés…
Le tout chaussé de derbys (chaussures de ville à lacets) de mec, de chaussures de sport ou de talons aiguilles, selon l’humeur.
Un look de femme d’affaire urbaine, artiste et cool, tout droit sortie d’un film de Woody Allen remixé, Genre : « Fame à Manhattan ».
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
(Andrew Gn, LucaLuca, Costume National, Christian Lacroix)
Voilà la continuité de la tendance « smoking » de ce printemps-été, te dis-tu. Oui, mais non, mais presque.
Certes, il y a des points communs : les couleurs, les matières, le style un peu strict et les petit tailleurs. Mais ici, nulle trace d’exagération ou de rebellion. Pas la moindre petite touche de punk.
Tout comme la tendance smoking, c’est encore une affaire de working girl mais cette fois, il s’agit plutôt d’une secrétaire de la fin des années 50, ou du début des années 60. Sage et sexy à la fois.
Les couleurs sont rares, ici aussi : principalement du noir, associé avec du blanc, du violet, du beige, ou encore ce fameux vert émeraude, mais toujours en look exclusivement bicolore.
Les matières sont classiques et un peu raides : tweed, popeline, satin duchesse. Le look est minimal et discret, mais très féminin.
D’ailleurs, on trouve beaucoup de jupes : droites, entravées ou boules, courtes dans tous les cas. Avec toutes ces jupes, de petits chemisiers à col Claudine ou à col foulard et à manches ballon. Enfantins, mais si chics.
Des tas de petites robes, aussi : robes chasubles noires et blanches, trapèzes façon Courrège, robes droites bicolores façon Chanel, robes tulipes à la taille bien prise, imprimées de grosses fleurs en ombres chinoises, robes noires de soirée, droite et simples avec pour seul détail un gros nœud sous la poitrine. Deux points communs : elles sont taillées dans des formes plutôt classiques et elle sont toujours minuscules.
On trouve aussi des pantalons cigarettes, souvent courts, qui se marient à de petites vestes courtes et droites. Les manteaux sont évasés et coupés dans le même esprit que les petites vestes. Il ne manque que le Kelly et les ballerines Reppetto, et on croirait Audrey Hepburn au temps de sa splendeur, ou Jean Seaberg dans « A bout de souffle ».
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
(John Galliano, Loewe, Alexander Mc Queen)
Un style inspiré de l’époque victorienne : puritaine à l’extrême, et outrageusement décadente à la fois. Un mélange rock, fou et austère : un genre de Marylin Manson en vierge effarouchée. Bref, bizarre et beau.
Pour les couleurs… devine ! Du noir ! Et puis un peu de gris, d’argenté, du pourpre très foncé, rien d’autre.
Pour les matières : du cuir, du denim noir ou gris, du tweed, mais aussi du taffetas, du velours lisse, du satin, du brocard, et bien sûr, des dentelles.
Pour le style : des chemisiers à col fraise ou à col montant, fermés jusqu’en haut du cou par des tout petits boutons et agrémentés de manches ballons.
Des tops en dentelle effilochée, des cols roulés moulants et travaillés, mais aussi des vestes très épaulées et très cintrées, avec des cols immenses et des manches bouffantes.
Encore des jupes boule, à porter avec des collants sans pieds et / ou des bas résilles. Des pantalons cigarettes associés à des bottines courtes ou des Rangers coquées.
Les silhouettes sont souvent coupées en deux : le bas rock’n’roll, et le haut précieux, d’un romantisme noir. Ou vice versa. Le corps est révélé par endroit (taille corsetée, pantalons moulants, dentelles transparentes), et caché à d’autres (fronces, plissés, formes molles).
La peau est entièrement couverte, ce qui lui donne plus de rareté et de sensualité aux endroits où on la voit. Une sensualité un peu déviante, provoquée par des biais inhabituels (une chaussure lacée très haut, un bras nu recouvert de dentelle, un cou aussi entravé que celui d’une femme girafe). C’est, en gros, la définition du fétichisme !
Plus de détails et de silhouettes de cette tendance
Une embardée dans la grande époque napoléonienne avec des vêtements d’inspiration guerrière et aristocratique.
a) Elite Cavalière (Mac Queen, Dsquared, Balanciaga, Dolce & Gabbana)
Un petit air des armées napoléoniennes pour des vêtements parfaitement coupés inspirés des tenues d’équitations militaires. Pour les couleurs, toujours le noir, le gris et les bruns (beige, chair, taupe, doré ou rouille), associés ici à du bleu impérial et du rouge carmin.
Les matières sont parfois dignes des plus classes tenues militaires d’apparat : pane de velours, détails de galons dorés, boutonnages métalliques. Tu trouveras aussi des matières inspirées plus largement du monde de l’équitation, des tissus façon « Gentlemen Farmer » : chevron, prince de galles, daim, cachemire… Mais on trouve aussi du tartan (genre plaid à carreaux) rouge et noir, pour un esprit cavalier à l’écossaise.
Le style est militaire, mais riche, inspiré librement des tenues militaires impériales. Les formes sont ajustées et mettent le corps en valeur : pour les pantalons, ce sera le jodhpur ou les pantalons serrés d’équitation, rentrés dans les bottes. Les vestes sont pourvues de frac (queue de pie), elles sont courtes devant et très cintrées. Elles sont souvent accompagnées de gilets de costume en tapisserie ou en daim. On trouve quelques robes écossaises (on les sentait venir cet été, chez Isabel Marant) évasées et assez courtes et des jupes « plaid ».
Le tout s’accommode de bottes d’équitation et de ceintures façon éperons, en particulier pour les robes. L’effet produit est dynamique et luxueux en même temps, mais pas forcément sobre !
b) Grande Russie (Galliano, Andrew GN, Kenzo, Anna Sui)
En gros, c’est l’ère napoléonienne, avec son faste et son lustre, mais vue depuis l’autre camp, les steppes russes, quoi. En, tout cas, toujours avec cette idée de grandeur et de noblesse.
La gamme de couleurs est plus riche : le noir, toujours, et puis du carmin, du fuschia, des bruns, des cuivrés, de l’or… Certaines matières sont riches et précieuses (brocard, moire), d’autres sont plus brutes, mais toujours retravaillées ou imprimées. On trouve aussi beaucoup de fourrure sur les cols ou les manches, et pas mal de peausserie.
Les vêtements sont brodés, agrémentés de brandebourgs, et les imprimés, en accumulation, vibrent et s’amusent, dans une cacophonie précieuse.
Le style se caractérise principalement par des vêtements d’inspiration russe, hongroises ou casaques. Les robes sont à l’honneur : bien cintrées à la taille, brodées, elles se superposent sur des chemises délicates ou des blouses brodées et être associées à des pantalons serrés et des bottes courtes.
Les jupes sont au genou, évasées et quelquefois plissées. Dessus, tu pourras porter un de ces petits manteaux cintrés et brodés, souvent fourrés dans l’esprit ethnique du grand Est. Il n’y a plus qu’a se coiffer d’une chapka pour se la jouer mi-bohémienne des villes, mi-guerrière des steppes.
(Stella Mc Cartney, JP Gaultier, Hermes)
C’est l’empire vu par Joséphine, depuis le palais. Donc, toujours du luxe, mais beaucoup plus de délicatesse ! Les couleurs restent les mêmes pour cette tendance que pour la première, puisqu’elle en est la continuité.
Les matières sont utilisées en mélange et en contraste : association de la mousseline avec un gros lainage par exemple, ou d’un satin doré, des détails cuir et une flanelle épaisse. On trouve aussi de la gaze de coton froissée, du jersey de soie, du brocard et du daim. Le style est un mélange de vêtements militaires et de vêtements drapés d’inspiration antique.
Les robes sont fluides et plissées, resserrées sous la poitrine, bref, empire ! Mi-longues, elles se portent avec des bottes de cheval et un gros ceinturon. Elles sont parfois agrémentées de toutes petites capes amovibles, qui font comme de petites ailes. La cape est, d’ailleurs, à toutes les sauces : minuscules ou très longue, en plumes, en fourrure, en flanelle doublée de satin…
Quelquefois, elles sont seulement tenues par un cordon ou une chaînette et sont ouvertes devant, laissant largement voir la robe. On trouve ici aussi de nombreux détails qui se rapportent à l’équitation : éperons sur les bottes ou en boucle de ceinture, bombe de cavalier, détails de cuir… Un air de ballade en forêt à cheval. En amazone, naturellement !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'aime pas non plus le léopard mais y a pas que ça non plus