Pourra-t-on encore se faire tatouer de toutes les couleurs en Europe après janvier 2022 ? Il se pourrait bien que cela devienne illégal en fonction des pigments utilisés.
L’Union européenne applique une nouvelle réglementation sur les encres de tatouage
L’Union européenne devrait appliquer à partir du 4 janvier 2022 une nouvelle réglementation sur l’usage de certaines encres de tatouage, comme vient de l’analyser Libération.
En effet, celles-ci ne pourront plus être possédées et utilisées comme avant, selon un durcissement en deux étapes qui pourrait bien conduire beaucoup d’artistes du tatouage à encrer illégalement.
D’abord, dès janvier 2022, de nouvelles restrictions interdiront notamment 25 pigments (liées à l’obtention de différentes teintes de rouges, oranges, et jaunes), et abaisseront à de très faibles seuils plus de 4000 substances. Autrement dit, beaucoup d’encres deviendront non-conformes, et donc inutilisables légalement selon la réglementation européenne.
La deuxième étape, c’est qu’à partir de janvier 2023, d’autres pigments seront bannis à leur tour, liés aux bleus et aux verts. Ce qui aura forcément une incidence sur plein d’autres couleurs, obtenues par mélange de différentes teintes.
L’Agence européenne des produits chimiques avance un principe de précaution
Pourquoi un tel durcissement ? L’Agence européenne des produits chimiques veut prévenir des risques « cancérogènes, mutagènes ou toxiques » liés aux substances entrant dans la composition de certains coloris.
Face à la sévérité de cette réglementation qui risque de jeter dans l’illégalité beaucoup de talents de la profession, la résistance s’organise. Le Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) a ainsi lancé une pétition sur le site du Parlement Européen qui a déjà réuni plus de 150.000 signatures. Celle-ci stipule notamment :
« La communauté du tatouage est très inquiète de l’impact de cette interdiction, considérant la provenance actuelle de nombreux produits hors Union Européenne (et à plus forte raison avec la mise en oeuvre du Brexit).
Les fabricants, les distributeurs et bien sûr les tatoueurs européens, vont se retrouver dans une situation compliquée quant à l’usage d’une grande partie de leur palette de couleurs : en affichant l’objectif de sécuriser des pratiques, cette restriction infondée ne fera que pousser les utilisateurs vers l’utilisation de produits non conformes. »
Les artistes du tatouage font de la résistance face à ce durcissement jugé abusif
Grenouille, secrétaire du SNAT, résume d’ailleurs auprès de Libération :
« Toute la communauté conteste ces décisions, mais également plusieurs experts scientifiques, analystes ou médicaux, tout simplement parce qu’elles sont essentiellement fondées sur des bases réglementaires applicables aux cosmétiques, et ne sont complétées que par des extrapolations ou approximations en matière de tatouage. »
Effectivement, l’Agence européenne des produits chimiques semble s’être inspirée de directives existantes concernant les cosmétiques afin d’en tirer des conclusions pour le tatouage.
Plutôt que d’appliquer ce principe de précaution jugé exagéré par la profession, le SNAT espère notamment que des recherches in vivo en toxicologie soient faites afin d’étudier la potentielle nocivité des encres en question sous la peau.
À lire aussi : « Besoin de savoir d’où je venais et de le marquer dans ma peau » : quand le tatouage nous relie à nos origines
Crédit photo de Une : pexels-isabela-catão-7586952
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des milliards de personnes tatouées depuis des décennies sans effets secondaires majeurs devraient servir d'étude à grande échelle pour prouver le "non risque"