Où est placé ton argent ? Pardon, c’est un peu intime comme question et on ne se connaît pas encore très bien… Mais si je te demande ça c’est parce que je pense que comme des milliers de personnes, tu n’as probablement pas trop réfléchi à la question.
Tu as peut-être un compte et un ou plusieurs livrets d’épargne dans une banque. Mais sais-tu à quoi sert ton argent (gagné – ou pas – à la sueur de ton front) ? Il ne reste pas pépère à t’attendre dans un coffre. Non, ta banque s’en sert pour le prêter à d’autres (entreprises ou particuliers) pour qu’ils réalisent des projets (et remboursent ensuite leur prêt en versant des intérêts).
Du coup, si ça se trouve, ton argent sert à financer les activités d’entreprises qui vont à l’encontre de tes convictions. C’est chouette d’être devenu végétarien et de venir bosser en vélo pour protéger la planète, mais si ton argent sert à financer des grands groupes pétroliers ou des centrales au charbon, quel est l’intérêt de tout ça ?
Attention, loin de moi l’idée de te faire culpabiliser. On est tous dans le même bateau : la preuve, j’ai un compte courant, un compte commun et un livret tout ce qu’il y a de plus classique dans une banque (que je ne citerai pas mais qui investit encore dans les énergies fossiles).
Du coup, j’ai fait des recherches pour savoir comment mieux employer l’argent qui dort sur mes comptes. Et je te les partage dans cet article, en essayant de ne pas trop te noyer sous les termes techniques. (Moi aussi j’ai une petite phobie administrative, mais je me soigne).
Chère banque, aide-moi à être solidaire
Pour te mettre à l’épargne solidaire, tu as plusieurs options. La première c’est de te renseigner auprès de ton banquier (et/ou de ton assureur). En général, les conseillers ne t’en parlent jamais, mais la plupart des établissements bancaires proposent des produits d’épargne solidaire.
Il en existe deux types. Le premier sont les produits de partage. Le principe est simple. Tu places de l’argent sur un livret, et tu autorises la banque à reverser tout ou partie de tes intérêts à des associations (que tu peux parfois choisir). La banque peut également dans certains cas compléter tes dons de sa poche.
“Il faut demander à sa banque plus d’infos sur ce genre de produits, car elles ne les promeuvent pas spontanément”, conseille Frédéric Tiberghien, président de Finansol, une association spécialisée dans la finance solidaire.
Tu touches moins d’intérêts que dans le cas d’un livret d’épargne classique, mais en contrepartie, tu peux avoir une déduction fiscale sur une partie de tes dons.
Bref, c’est un moyen simple de donner régulièrement et automatiquement de l’argent à une cause qui te tient à coeur. Par contre, l’argent placé peut toujours être utilisé par la banque pour être prêté à qui elle veut…
Le second type, ce sont les produits d’investissement. Là, tu investis de l’argent sur un compte à terme ou via un organisme de placement collectif (OPC), et ton épargne est ensuite utilisée par la banque pour acheter des titres d’entreprises avec obligation d’en avoir une partie qui sont des entreprises sociales et solidaires.
Le problème de cette solution, tu l’auras compris, c’est qu’il n’y a qu’une partie de ton argent qui est fléchée vers l’économie sociale et solidaire. Le reste repart dans le circuit classique.
Faire le choix des banques alternatives ?
Du coup, certain·es font le choix de se tourner vers des banques alternatives, comme le Crédit coopératif ou la Nef. Toutes deux proposent des solutions d’épargne où ton argent est intégralement prêté à des organismes ayant une utilité sociale, écologique et/ou culturelle.
Si tu veux avoir plus d’infos sur les banques et l’impact de leurs investissements sur l’environnement, tu peux aller te renseigner sur le site de l’ONG Les Amis de la Terre. Chaque année, elle fait un classement des banques des plus mauvais élèves de l’écologie aux meilleurs.
Autre info en passant : si tu as la chance de bénéficier via ton boulot d’un système d’épargne salariale, tu peux aussi faire le choix de la placer dans un fonds solidaire
. Les entreprises ont désormais l’obligation de proposer au moins un fonds solidaire à leurs salariés. Bon, après il faut réussir à se repérer parmi la paperasse indigeste que l’on te fournit au départ (personnellement, j’ai abdiqué dans mon précédent job).
Investir directement dans des projets solidaires
L’autre option, c’est d’investir directement, sans passer par une banque, dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire, comme Terre de liens, Enercoop ou Habitat et humanisme, en participant par exemple à l’une de ses augmentations de capital. Tu achètes des titres de l’entreprise et tu lui permets ainsi de se développer.
Par contre, tu ne toucheras généralement pas de dividendes, contrairement aux actionnaires des entreprises traditionnelles. “Il y a quand même un avantage fiscal (déductions d’impôts) qui compense l’absence de rémunération pendant la durée du placement”, précise Frédéric Tiberghien. Tu trouveras une liste d’entreprises où investir sur le site de Finansol.
Sinon, tu peux te tourner vers les plateformes de crowdfunding, pour investir des petites sommes dans des projets qui ont du sens pour toi.
Certaines plateformes se sont spécialisés dans les projets écolos ou solidaires comme Bluebees qui sélectionne des projets liés à l’agroécologie ou Lita.co qui permet d’investir en ligne dans des entreprises à vocation sociale, sociétale ou environnementale.
Plusieurs types d’investissements sont possibles :
- Dons contre contreparties (tu donnes 100 euros à un apiculteur et tu recevras des pots de miel dans quelques mois)
- Prêts rémunérés (tu touches des mensualités de remboursement avec des intérêts chaque mois)
- Investissement en capital (avec versement de dividendes ou espoir de faire une plus-value en revendant tes parts dans quelques années)
Miser sur le crowdfunding en investissant des petites sommes
Attention tout de même : ce type d’investissement peut être risqué car tu ne peux pas être sûr·e que le projet va fonctionner et que tu vas récupérer ton argent (ou tes contreparties).
“Je conseille d’investir des petites sommes sur plusieurs projets (on peut prêter à partir de 20 euros) et uniquement de l’argent dont on ne va pas avoir besoin dans les prochaines années”, préconise Emmanuelle Paillat, directrice de Bluebees. Bref, mieux vaut suivre le bon sens paysan en ne mettant pas tous ses oeufs dans le même panier.
Enfin, si tu préfères les rencontres dans la vie réelle, tu peux te rapprocher de clubs d’investisseurs, comme les CIGALES, implantés sur tout le territoire. Ils utilisent leur épargne pour soutenir des projets et des entreprises locales en lien avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire.
Pour aller plus loin :
- Explorer le site de Finansol
- Découvrir le site dédié à la finance responsable de l’ONG Les Amis de la Terre
- Lire le post de blog très complet de La carotte masquée
Tu as testé l’une ou l’autre des solutions que j’évoque dans l’article ? Tu as d’autres conseils à donner ? Viens m’en parler dans les commentaires !
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