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Culture

Les ShowRunners, un duo de youtubeurs fans de séries et irrésistibles — Interview

Les ShowRunners, c’est Julia et Sébastien, un duo passionné de séries télé qui partage ses coups de cœurs, ses analyses et ses coups de gueule sur YouTube. Et c’est fort chouette !

Parfois, YouTube me fait de belles surprises quand j’erre de lien en lien. Récemment, je suis tombée sur un duo de vidéastes aussi drôles qu’intéressants : les ShowRunners ! Ils s’appellent Sébastien et Julia et dissèquent les séries et les habitudes de leurs fans, les sérivores, avec de l’humour, du rythme et une écriture irréprochable.

Il fallait évidemment que je fasse découvrir mon dernier coup de cœur aux madmoiZelles, et pour l’occasion, une petite interview s’imposait. Mais d’abord, je vous laisse les découvrir à travers quelques vidéos…

Une analyse drôle et bien pensée du pilote de Sherlock, parce que… Sherlock quoi !

Le pitch de son concurrent, Elementary :

Et pour finir, leur dernière vidéo qui dissèque avec beaucoup d’humour les habitudes des fans de séries :

Les ShowRunners, l’interview

Pourriez vous vous présenter et présenter votre chaîne en quelques mots ?

Sébastien : Nous sommes deux sérivores et notre chaîne s’adresse aux gens qui regardent les séries, que ce soit de manière très régulière ou occasionnelle. Nous avons trois concepts de vidéos.

  • La Loi des Séries parle du monde des séries en général : ses coulisses, son histoires, et surtout de ses spectateurs, les sérivores.
  • Retro Pilot qui est la critique d’une série, en ne parlant que de son épisode pilote pour donner envie ou non de la regarder.
  • Pitch, où nous présentons, sans aucun script, aucune préparation, des séries que nous avons vues, aimées ou détestées. Nous essayons de « pitcher » l’œuvre, avec le plus d’information possible que nous connaissons de tête.

Julia : Pour l’instant la chaîne regroupe ces concepts. Il peut y en avoir de nouveaux, mais ces trois-là nous occupent déjà bien !

Un petit mot sur vous et vos parcours ?

Julia : On s’est tous les deux rencontrés en fac de cinéma ! Donc on va dire qu’on a toujours partagé une grande passion pour le cinéma et la télévision. Personnellement j’ai découvert les séries pas si tôt que ça, je pense que la vraie passion a commencé avec LOST et compagnie, puis j’ai découvert que c’était un monde tellement à part, très riche et passionnant et ça a été rapidement le coup de foudre. Ça occupe pas mal du peu de vie sociale qu’il me reste, ça provoque toujours de bonnes conversations chez les gens que je rencontre et j’aime beaucoup en parler ! Sinon j’aime les chats, Tolkien, les pommes et Stephen Fry.

Sébastien : J’ai été étudiant à en fac de ciné où j’ai rencontré Julia. Au fil de ces années d’études ma passion pour les séries a grandi. Ma passion pour l’humour de Julia aussi. On s’est toujours amusés à commenter les séries que nous regardions sur Facebook, ça nous faisait pas mal rire et les gens qui nous lisaient aussi. Faire un vlog avec elle m’a paru être d’une logique indéniable. En dehors de tout ça, j’ai pas mal bourlingué dans le milieu associatif LGBT où j’ai fais mes premières armes militantes et je continue encore aujourd’hui à me sensibiliser sur divers sujets de société. J’ai un chat… heu, que dire d’autre ?

C’est déjà bien ! Du coup vous avez répondu en gros à la deuxième question mais je la pose quand même : qu’est-ce qui vous a menés au format vidéo podcast sur YouTube ?

Julia : On a pas mal hésité avant de s’arrêter sur le format vidéo. On savait qu’on voulait faire quelque chose de productif ensemble en rapport avec les séries, pour canaliser toute cette énergie, mais on ne savait pas quoi. On a pensé à un blog, puis à un compte Twitter où on se contentait de livetweeter les séries qu’on regardait. Puis Seb a mis son poing sur la table et a dit « Ça suffit, j’achète une caméra et on filme tout ça ». C’est simple mais c’est un peu comme ça que ça s’est passé. Je pense qu’on voulait faire quelque chose de très propre techniquement, et on attendait d’avoir un équipement qui pouvait nous le permettre.

Sébastien : Avec Julia on a pour mot d’ordre d’être le plus bienveillants possible. Les ShowRunners, c’est une « safe place » : on veut que les gens s’y sentent bien et le moins jugés possible, quels que soient leurs goûts en matière de série ou leur personnalité, leur identité. Même si on se permet quelques piques gratuites par moment sur certaines séries, on essaye toujours d’y trouver un côté positif.

Julia : Tout pareil !

Vous vous revendiquez comme féministes, anti racistes, militant LGBTIQA pour Seb… je trouve qu’on le sent à travers vos vidéos, mais vous pouvez peut-être expliquer en quoi ça influence la façon dont vous percevez les séries et en parlez ?

Sébastien : On l’est beaucoup sur nos comptes persos, c’est clair : on ne le cache pas. Ça influe notre perception du monde et donc des séries et ça influe notre façon d’en parler. Nous ne pouvons nous contenter uniquement d’une critique esthétique/narrative, mais aussi politique. Même si on en parle pas assez à notre avis, sur Les ShowRunners. Mais nous sommes coincé par le format de nos vidéos pour l’instant. qui sont sensées être légères et humoristiques. Si nous voulons parler de l’aspect politique, ça sera dans un format plus adapté, plutôt qu’entre deux blagues sur la voix de Benedict Cumberbatch.

Donc oui nous réfléchissons en ce moment à un concept de vidéos plus militant/politique, et à faire intervenir d’autres personnes, concernées par certains sujets. Ce dernier point est pour moi le plus important. C’est quelque chose que nous prenons avec beaucoup de sérieux, donc nous allons prendre du temps pour le mettre en place.

En attendant oui on se permet quelque piques contre le sexisme d’une série par exemple, ou de noter le féminisme d’une autre. Nous « militons » déjà dans ce que nous disons pas. En évitant les blagues racistes, sexistes, transphobes, biphobes, lesbophobes, homophobes, grossophobes, xénophobes, handiphobes etc., déjà TROP présentes sur Internet. Mais ça, pour moi, c’est pas forcément militer, c’est juste logique… Et si un jour quelque chose nous échappe, on sera toujours ouverts à la critique et on agira en conséquence.

Julia : Ça revient à ce que Seb disait — le fait qu’on espère vraiment que Les ShowRunners devienne un espace « safe ». On évoque le féminisme, la diversité, la place de la communauté LGBT, la grossophobie… dans les séries parce que ça nous semble évident étant donné nos convictions personnelles mais on espère également que ça puisse permettre que tous les sérivores qui nous regardent de se reconnaître, et se sentir acceptés et entendus dans notre chaine.

Passons aux questions sur les séries… Parlons chiffres ! Combien de séries suivez-vous en simultanée (en moyenne) ?

Julia : Oulalalalala ! Attendez faut que je sorte mon compte BetaSeries, je connais même pas le chiffre.

Sébastien : En ce moment j’en suis à 59. Je baisse petit à petit : je ne commence pas une nouvelle série tant que j’en ai pas fini deux. J’ai pris cette décision quand j’en suis arrivé à 80. Après, j’ai de longues périodes où je ne regarde aucun épisode, souvent en période de montage intensif pour un Retro Pilot ou un Loi des Séries, où j’ai besoin de souffler un peu. J’ai quelque séries pour lesquelles je suis à jour, probablement une dizaine. Sinon, j’en suis toujours à 3 saisons de retard pour The Big Bang Theory, j’ai pas fini Real Humans… Je mettrai probablement des années à être à jour, mais je suis en paix avec cette idée. Et ça me permet d’être plus en recul par rapport à Julia sur la chronologie des séries. On se complète pas mal sur ça.

Julia : Moi j’ai un rythme un peu anarchique. Je suis religieusement les séries diffusés « en ce moment », j’essaye de pas prendre trop de retard… Généralement, j’ai 3 à 6 séries à regarder par jour (je ne peux pas toujours les regarder le jour même en période d’activité professionnelle, mais j’essaie) ! Et en dehors d’elles, je binge-watch beaucoup. En ce moment, par exemple, en parallèle à ma programmation du moment, je me fais Torchwood et The Office US. Ça me sert à toujours avoir quelque chose à regarder, même quand je suis à jour !

Sébastien : Je ne binge-watch jamais, moi. Je regarde un peu tout simultanément, un par un en gros… Enfin, c’est plus compliqué que ça : il mérite tout un Loi des Séries, mon système de visionnage !

Julia : C’est très frustrant par moment son système : ça fait 6 mois que j’attends qu’il finisse Fargo, tant qu’il n’a pas fini je peux pas en discuter avec lui et faire ma fangirl !

Que pensez vous du talentueux mais controversé Stephen Moffat ?

Julia : MON DIEU ! Tu veux vraiment ?

Oui !

Julia : Moffat, c’est un sujet vaste et complexe, j’aime beaucoup en discuter. J’ai lu tout ce qui était possible de lire à son sujet. En commençant Doctor Who il y a quelques années, j’ai vite réalisé que dès que j’aimais un épisode, il était le dénominateur commun. J’admire beaucoup son travail dans Sherlock et j’ai vite compris qu’il avait été dit beaucoup de choses à son propos sur Internet. Je suis parfois d’accord, parfois non.

Le fait que deux communautés très présentes sur Internet suivent les dires de Moffat fait qu’on a le droit à une analyse détaillée du moindre mot qu’il va prononcer. J’en suis parfois fatiguée : je pense qu’il y aurait autant à dire sur n’importe quel autre scénariste… Il a dit des choses très maladroites, comme tout le monde, dont pas mal qui ont été sorties de leur contexte. Mais il a aussi et surtout exprimé de très belles choses, qui sont constamment ignorées. Il a donné la réponse la plus émouvante sur l’écriture de fanfiction, par exemple. Je lui trouve une très belle tendresse envers ses fans.

Vers 40 minutes :

« C’est très touchant quand des gens sont vraiment impliqués de façon créative dans la série que vous faites. Vraiment. Et je dis aussi ça de l’autre série (Doctor Who). Il n’y a rien de plus flatteur qu’un public qui ne consomme pas simplement mais qui s’approprie la série. Regarder un show et se dire : « Je pense que je le tiens. Je pense que je peux faire mieux que ça. Je pense que je peux en tirer quelque chose », c’est commencer à devenir un créateur soi-même. Donc, je le dis sincèrement, le fandom est le berceau de la prochaine génération de créateurs. »

Julia : Ce n’est bien évidemment que mon humble avis mais beaucoup des personnages féminins qu’il a créés sont parmi mes préférés. Irene Adler me fascine toujours et est à ce jour un des plus forts personnages féminins que j’ai pu avoir à la télévision. Mary Watson et sa complexité ont fait d’elle mon personnage féminin préféré dans Sherlock. Clara (Doctor Who) est ma compagnonne préférée, elle est presque arrivée au niveau de Donna. Moffat, je lui dois beaucoup ! Je lui dois de me faire souvent rêver, de souvent parvenir grâce à ses histoires à faire partir les angoisses violentes du quotidien. Il aborde souvent des sujets forts ; son épisode sur la peur dans la dernière saison de Doctor Who m’a renversé.

Il est à l’origine de beaucoup de choses qui m’aident constamment au quotidien, et je l’apprécierai toujours pour ça. Il n’a pas toujours tout réussi : je n’aime pas beaucoup la période Matt Smith (Doctor Who), où il s’est trop éparpillé, et le tout manquait cruellement d’émotion et de féérie je trouve. His Last Vow (un épisode de Sherlock) était magnifique mais peut-être trop chargé… Bien sûr, je râle quand il dit une bêtise. Je choisis juste de faire preuve d’un maximum de recul, de me rappeler qu’on parle d’un monsieur qui écrit juste des histoires. Mais j’entends tous les avis sur son cas : les gens ont raison d’interpeller les scénaristes sur ce qu’ils font, et j’aime beaucoup en discuter parce que ce qu’on lui reproche sont des sujets inépuisables et fascinants : c’est toujours bon de les évoquer.

his-last-vow

Que pensez-vous du non moins controversé Seth MacFarlane ?

Sébastien : J’ai beaucoup aimé Seth quand j’ai commencé à découvrir son travail. Après, plus je suis sensibilisé à certains sujets, plus je suis en malaise devant certaines de ses blagues. Mais quand il arrive à faire rire sans être oppressif c’est magique ! Ça fait un moment que j’ai pas continué Family Guy, donc je ne sais pas jusqu’où il est allé. Je le met dans le tas du mec qui pense « rire de tout » mais qui au fond est un peu en roue libre, sans réflexion.

Un genre qui domine dans vos séries fétiches ?

Julia : Du tout !

Sébastien : Non, je suis plutôt multi-genres, j’aime autant une bonne série de science-fiction qu’un gros show familial bien aseptisé.

Et le must serait le mélange, avec The Neighbours, c’est ça ?

Sébastien : Voilà, t’as tout compris !

Le générique qui vous hantera jusqu’à la mort ?

Julia : Le plus beau, celui qui berce mon âme, c’est celui de Doctor Who. Mais celui de The Affair lui a presque volé sa place, il sent bon l’eau salée… Et le PIRE selon moi, c’est celui d’une sitcom anglaise avec Martin Freeman qui s’appelle Hardware. C’est le pire générique j’ai jamais vu et entendu ! J’en revenais pas ! Je ne saurai pas expliquer pourquoi…

Sébastien : Je hais celui de The Big Bang Theory de toute mon âme. J’ai l’impression d’être coincé au milieu d’une fraternité d’étudiants de fac américaine. Par contre, celui de Six Feet Under me hantera jusqu’à la mort. Je sais, c’est classique, mais tant de choses sont attachées à cette série…

Le générique de Hardware… ressemble effectivement à un générique de série AB production !

Sans spoiler, des pronostics sur qui finira sur le Trône de Fer ?

Julia : Un des loups, ça réglerait plein de soucis. Ou un verre de vin de Cersei tiens !

Sébastien : Le trône en guise de sous-verre ! Sinon, c’est marrant, là tout de suite je verrais bien Missandei, la traductrice de Daenerys : ça donnerait une sacré montée des échelons.

Intéressant, je n’avais jamais entendu ça. Attention une question HARDCORE : si vous deviez n’emmener qu’une série sur une île déserte ? (Avec un truc pour la regarder sinon ça sert à rien)

Sébastien : Community : tout est dans cette série. Toutes les références que j’aime, l’humour que j’aime, l’émotion… Ce sera un beau mélange de toute la pop culture qui me manquera tant sur cette île.

Julia : Sherlock, mais si on me repose la question dans deux ou trois ans, ce sera sans doute une réponse différente.

Un petit mot pour conclure ?

Julia : Juste que toutes les réactions qu’on a, à chaque diffusion d’épisode, sont magiques. On aime tellement discuter avec le public, il nous fait connaître plein de choses et on en revient toujours pas que certain•e•s se reconnaissent dans les vidéos : on pensait que ça n’allait faire rire que nos mamans ! Donc on ne pourra jamais assez dire à quel point on aime tou•te•s les abonné•e•s qui rendent notre vie si douce.

Merci en tous cas à ces vidéastes sympathiques et passionnants ! Maintenant, vous savez ce qui vous reste à faire… foncer mater la chaîne des ShowRunners !


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Les Commentaires

6
Avatar de k1m0u
21 février 2015 à 23h02
k1m0u
merci pour l'article! j'ai découvert julia récemment et j'adore l'enthousiasme qu'il y a dans chaque vidéo
0
Voir les 6 commentaires

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