Après des siècles de contrôle de la sexualité (féminine, principalement) et de tabous sur le plaisir intime, la parole se libère peu à peu et la santé et l’épanouissement sexuels semblent être enfin pris au sérieux. C’est notamment le cas depuis l’ère #MeToo comme l’explique Christel Bony, sexothérapeute et présidente de l’association SexTech For Good, pour qui la libération de la parole de l’intime a une véritable dimension politique : « Il y a eu une révolution sexuelle, une recherche d’égalité face au plaisir, la vision du consentement éclairé et enthousiaste a nécessité d’apprendre, de comprendre son corps, d’intellectualiser le plaisir en quelque sorte » explique l’entrepreneuse militante. Le manque d’information notable sur la notion de consentement a permis « de s’intéresser aussi à la sexualité féminine », d’après Christel Bony.
Les réseaux sociaux ont alors proposé depuis quelques années, un espace d’éducation et de libération sexuelle, souvent interactif. De nombreux comptes, sur Instagram ou TikTok notamment, tentent de décomplexer des sujets comme le plaisir solitaire ou l’utilisation de jouets intimes, qui ont vu leurs ventes s’accélérer notamment depuis 2020.
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Le marché du sextoy en plein essor
Au-delà des discussions et débats autour du plaisir intime que l’on peut retrouver sur les réseaux sociaux ou dans des podcasts, les jouets sexuels connaissent leur heure de gloire. Après une année 2020 de tous les records pour le marché du sextoy, notamment du aux confinements autour du monde, l’industrie a atteint 32,7 milliards en 2022 et devrait dépasser les 63 milliards d’ici à 2030 dans le monde, d’après l’étude de Grand View Research. En France en 2020, 51 % des Français âgés de 18 à 69 ans confiaient avoir déjà utilisé un sextoy, selon une enquête de l’IFOP, un chiffre qui n’a jamais été aussi haut.
Cette démocratisation s’explique, selon Christel Bony, par l’accès aux technologies et sites, où l’on trouve informations et produits de plus en plus inclusifs. « On a démocratisé l’utilisation du sextoy, en couple notamment. Les hommes sont plus curieux du partage du plaisir et les femmes osent davantage et l’intègrent dans leur routine bien-être », affirme la sexothérapeute. Même l’OMS a affirmé que « la santé sexuelle était fondamentale à la santé et au bien-être général des personnes ». Les jouets intimes, au-delà du plaisir, permettent par exemple d’aider à se détendre ou de se remettre après un accouchement.
Cependant, s’ils séduisent de plus en plus à échelle mondiale, le bien-être qu’ils procurent a un coût et leur production en masse est peu écologique. C’est pour cela qu’à l’heure où les marchés de seconde-main attirent, dans un contexte de crise environnementale et financière, deux entrepreneurs ont décidé de lancer un site de revente de sextoys d’occasion. Une sorte de Vinted pour jouets intimes.
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La seconde main, un moyen de rendre les sextoys plus accessibles (et écolos)
Il peut être difficile d’imaginer que des sextoys, très intimes, et donc personnels, puissent être prêtés ou échangés. Pourtant, le marché des sextoys de seconde-main se développe, et ce, avec des règles strictes d’hygiène.
Jusqu’ici, « il existait trop peu de solutions pour se débarrasser de façon éthique de ses jouets intimes », comme l’expliquent Lisa et Dan, fondateurs du site Squeaky Clean Toy. Ils ont décidé de lancer ce site de revente de sextoys d’occasion, neufs ou déjà utilisés, dans le but de « fournir un endroit propre, sûr et grand public, avec des produits abordables et où chacun peut plus facilement s’entraider (…) mais aussi aider l’environnement en réduisant ses déchets », d’après les fondateurs.
Ils souhaitent également sensibiliser aux jouets sexuels de qualité, puisqu’ils n’acceptent que la revente de marques reconnues et de produits stérilisables et non poreux (pour le côté hygiénique), excluant des matériaux toxiques (comme le PVC), pour « la sécurité corporelle ».
Squeaky Clean Toy, en plus de sa marketplace avec des sextoys à la revente, propose un blog informatif, notamment concernant les règles sanitaires. En effet, chaque vendeur doit suivre une charte stricte de nettoyage, avec vidéo à l’appui.
Alors, plus abordables, plus écoresponsables et pas moins hygiéniques que les neufs, les sextoys de seconde-main sauront-ils conquérir le cœur des consommateurs ou des novices un peu curieux ?
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