Bausch ne vous évoque rien d’autre que les récits de votre arrière grand-père poilu ou la marque de votre lave-vaisselle ? Il est encore temps d’y remédier. Car Bausch, Pina Bausch, n’est pas de cette came. Cette Bausch là est une danseuse et chorégraphe allemande qui à 68 printemps, quelques mois avant sa mort en 2009, a réalisé une très belle et généreuse expérience de danse contemporaine.
Le film raconte comment elle a proposé à des adolescents de s’emparer de son spectacle créé 30 ans plus tôt, Kontakthof. Les voici nos volontaires, les 14-18 ans amusés de ce défi, presque tous étrangers à la danse, venus pour des raisons avouées dans un sourire : après avoir vu Billy Elliot, pour être connu, pour rencontrer du monde, pour affronter leur timidité. On attrape au vol quelques confidences sur la vie de ces jeunes allemands ordinaires. Des anecdotes amoureuses, des drames familiaux, des histoires d’origine et d’identité.
Ce n’est pas franchement un film sur la danse, ni sur Pina Bausch, mais sur un projet où chacun se transforme au contact de l’autre, se découvre, s’aime mieux. Pina Bausch inventait la danse à partir de l’anatomie des corps de chacun, de leurs inégales possibilités. Kontakthof joue avec les ambiguïtés des corps des adolescents : fragiles, inexplorés, sensibles, fiers, secrets, violentés et consolés. Finalement un rapport d’amour et de désamour qui dure toute la vie ! On y voit les répétitions orchestrées par de vraies mères, Bénédicte et Jo, puis, plus tard, Pina Baush au regard si doux et clopant comme un pompier. Le plus beau est sûrement d’observer nos danseurs du samedi grandir, jouer, se libérer dans de jouissifs mouvements dégingandés. Électrisant ! Le spectacle, moitié joué moitié dansé, est extrêmement vivant. Les minutes de ce film sont toutes émouvantes, drôles, esthétiques et profondément humaines. Je suis une brêle en danse, je n’y connais pas un iota, mais ça m’a donné une pêche folle et de belles montées de larmes heureuses.
Paraît-il que le cygne émet, avant de mourir, un très beau chant pour tirer sa révérence. Le spectacle de Pina Bausch, réalisé quelques temps avant sa mort, est sans nul doute le sien.
La troupe est en tournée en ce moment ! Renseignez-vous si elle passe par chez vous !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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