Après des semaines de négociations, Artemis, holding aux 40 milliards d’actifs (dont Kering) détenue par la famille Pinault a acquis une participation majoritaire dans Creative Artists Agency (CAA), la célèbre agence états-unienne de talents comme Salma Hayek (épouse de François-Henri Pinault), Brad Pitt, ou encore Scarlett Johansson.
D’après des informations de Bloomberg, l’acquisition s’évaluerait à 7 milliards de dollars (près de 6,5 milliards d’euros). La transaction vient d’être finalisée le 7 septembre 2023, rapporte Variety :
« Cette transaction rapproche les marques de Kering du monde du divertissement et confère à CAA une forte présence française, lui permettant de s’impliquer directement dans la production cinématographique et télévisuelle européenne. »
Pourquoi François-Henri Pinault (Kering) a racheté l’agence CAA ?
Ce nouveau mariage business risque en effet de resserrer encore plus les liens entre luxe et cinéma, pour le meilleur et pour le pire. François-Henri Pinault, quatrième fortune de France, est le PDG du groupe Kering, qui détient Gucci, Bottega Veneta, Balenciaga, Alexander McQueen ou encore Brioni. Mais aussi Saint Laurent qui a lancé sa propre bannière de production cinématographie en avril 2023, afin d’accompagner des cinéastes comme Paolo Sorrentino, David Cronenberg, Abel Ferrara, Wong Kar Wai, Jim Jarmusch, Gaspar Noé, ou encore Pedro Almodóvar. Ce dernier a d’ailleurs présenté en avant-première lors du festival de Cannes 2023 Strange Way of Life, avec Ethan Hawke et Pedro Pascal, un film tout de Saint Laurent vêtu.
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En réalité, cela fait longtemps que Kering s’implique dans le cinéma, notamment à travers le programme Women in Motion depuis 2015 qui veut « mettre en lumière les inégalités femmes-hommes dans les domaines des arts et de la culture et faire évoluer les mentalités », et récompense des femmes du septième art chaque année en grandes pompes. De quoi permettre à ce groupe de luxe de s’afficher comme un généreux mécène, et surtout de s’imposer comme faisant partie pleinement de la culture, voire capable d’en dicter la direction.
Car si rares sont les personnes à pouvoir s’acheter des vêtements et accessoires de luxe, beaucoup plus nombreuses sont celles à payer un abonnement de plateforme de streaming et/ou des places de cinéma. De précieux espaces de représentations qui peuvent aussi servir de discrètes publicités aux maisons.
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D’ailleurs, cela devient une stratégie d’autant plus intéressante à mesure que des lois encadrant le marketing d’influence et les publicités se multiplient et donnent sans doute aux marques la volonté de se tourner vers des stars du divertissement qui y échappent encore plutôt que des créateur·ice·s de contenus de plus en plus soumis·e·s à un devoir de transparence. Bref, la frontière entre film d’art et pub risque de devenir de plus en plus ténue.
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