Dans les épisodes précédents je me frotte aux joies de la grossesse et navigue à vue dans une mer de problèmes existentiels du type : de combien de langes et de pyjamas un bébé a-t-il vraiment besoin ? Cette question ne trouvant pas de réponse, jamais, je te parle aujourd’hui de la toute fin du troisième trimestre.
Bienvenue dans le troisième trimestre de grossesse
Lorsque je suis entrée dans mon troisième trimestre de grossesse, je ne vais pas te mentir, j’avais pris une confiance monumentale et je me pensais totalement experte des choses de la pré-maternité.
J’avais passé haut la main mon diplôme sieste, je pouvais rivaliser avec les finalistes de Top chef, tellement j’avais passé de temps à pâtisser des gâteaux maisons (et à regarder Top chef) et surtout, j’étais devenue totalement hermétique aux petits commentaires des gens qui me demandaient si j’étais sûre de ne pas attendre de jumeaux, puis qui lançaient un regard désapprobateur au deuxième brownie que j’engloutissais gaiement quand je leur disais que non, pas du tout.
J’étais tellement à ma place que j’avais presque oublié que la grossesse n’est que la préface sans spoiler d’une saga dont je ne connais que très vaguement la trame.
La grossesse et les conseils non-sollicités des gens
Je pensais avoir tout vu avec le premier trimestre lorsque l’on m’a conseillé (conseil non sollicité, cela va de soi) d’avorter OKLM et de retenter le coup dans six mois quand mon couple serait plus solide.
Je pensais avoir pulvérisé le second trimestre quand j’ai mangé des sushis devant des collègues qui m’ont expliqué que le poisson cru allait probablement tuer le bébé.
D’ailleurs, il parait que dans un petit village des Pays Bas, au XVème siècle, une femme enceinte aurait vu son corps couvert de plaques noires avant de mourir dans d’atroces souffrances suite à l’ingestion de hareng cru. Il y a une petite possibilité qu’elle ait été en fait atteinte de la peste bubonique, mais quand même, c’est sûrement le poisson cru.
Officiellement effrayée (officieusement désireuse qu’on me foute la paix) je ne finis pas mon plat. « Oh mais ça va ! La grossesse ce n’est pas une maladie ! Tu ne vas quand même pas arrêter de vivre ! ».
Au troisième trimestre, je n’écoute plus personne, puisque les « 9 à 12 kilos » de prise de poids recommandés, je les ai dépassés au 5e mois et qu’à l’heure actuelle, monsieur papa me déplace délicatement en me faisant rouler sur le sol avec un petit bâton.
Après avoir dégusté des injonctions contradictoires pendant 8 mois, j’ai finalement compris ce qu’il fallait faire pour être une bonne femme enceinte : l’exact opposé de ce que je faisais au quotidien.
C’est très simple : si je mange un gâteau, je ne devrais pas manger de gâteau sous peine de trop grossir. Si je ne mange pas de gâteau, je devrais manger un gâteau, sinon je deviens une personne psychorigide incapable de lâcher prise.
Le troisième trimestre de grossesse et le lâcher-prise
Une fois mon premier trimestre de grossesse terminé et le deuxième bien entamé, vers 25 semaines d’aménorrhée environ, je me suis dit, ok, je suis venue, j’ai vu et je ne m’étonnerai plus.
J’avais vaincu une pneumonie (oui la maladie médiévale), je tutoyais les infirmières des urgences à force de venir les voir pour des saignements intempestifs (mais bénins) et je m’étais habituée à vivre dans une enveloppe corporelle sur laquelle je n’avais plus le moindre contrôle. J’avais fait le Vietnam et rien ne pourrait me perturber désormais.
J’ai réalisé mon adorable naïveté en voyant se profiler le dernier trimestre.
Pour te préserver, je ne vais pas te raconter le détail de toutes les manifestations surnaturelles qui pourraient avoir lieu au sein d’un seul et unique corps humain. Je tiens également à conserver un semblant d’amour propre.
Sache simplement que parfois, tu vas penser perdre les eaux, mais en fait non (ce qui rendra la vraie perte des eaux absolument non-identifiable, mais j’y reviendrai). Et trop dommage, monsieur papa sera là pour assister à ton naufrage en direct tellement la méprise est bluffante et néfaste pour le canapé.
Il y aura aussi ce moment où tu seras dans la cuisine et où tu n’arriveras pas à couper des carottes. Alors tu enverras un sms larmoyant à monsieur papa qui se trouve dans le salon, c’est-à-dire à exactement 5 mètres de là, pour lui exprimer ta détresse et le supplier de venir te chercher avant de finir à ta place.
N’oublions pas cette fois au supermarché où tu voudras te pencher pour attraper un sachet de mini barres chocolatées situé dans le rayon du bas, que tu tomberas sur les fesses, que tu ne sauras pas te relever et que tu devras attendre qu’un inconnu ait pitié de toi et t’aide à te mettre debout.
Je ne relate que des expériences inventées, évidemment, tout rapport avec la réalité serait purement fortuit.
La toute fin de la grossesse et le tout début du reste
Et me voilà arrivée à huit mois et demi de grossesse. Ça fait déjà deux semaines que le bébé pourrait être là sans que ça n’impacte sa santé. Nous avons suivi des cours de préparation à la naissance et monsieur papa a pris des notes qu’il relit religieusement tous les soirs avant d’aller se coucher.
Il me parle régulièrement de mon périnée, guette la moindre de mes réactions puisqu’il semblerait que la mauvaise humeur soit un signe de travail imminent et me rappelle que je ne dois pourtant ni m’énerver ni m’angoisser puisque les émotions négatives empêchent le travail de se lancer. Il l’a vu dans une vidéo YouTube.
Lui qui jadis traversait l’existence avec l’air confiant du mec dont les champions hyper soniques feraient le bonheur de toutes les banques de sperme du Danemark, a perdu de sa superbe. Il pressent que la fin est toute proche et le début encore plus.
Quant à moi, mon neurone atrophié unique et moi-même nous contentons de végéter sur le canapé en attendant que quelque chose se passe. À un moment, le téléphone sonne, je crois que c’est le bébé qui arrive. Mais non, c’est juste ma belle-mère qui me demande si, ça y est, j’ai accouché.
Bien entendu, le jour où quelque chose se passe, je ne m’en rends pas compte. Je ne suis qu’à cinq jours du terme, il est donc beaucoup trop tôt…
À suivre…
Et toi, tu as d’autres péripéties de la fin de la grossesse à partager ? Viens en parler dans les commentaires !
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