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Source : Lesia Sementsova
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Charge mentale : les pères qui ne savent pas habiller leurs enfants ne sont pas mignons, ils sont toxiques

Les inégalités domestiques reposeraient sur un malentendu : les femmes empêcheraient les hommes de prendre leur place à la maison. La raison ? Ils ne feraient pas les choses comme elles. C’est vrai que beaucoup de papas sont un peu patauds, mais chacun sa façon de faire. Et puis l’important, c’est de participer, non ? Non, au risque de rajouter de la charge mentale à leur partenaire.

Les mères se prennent trop la tête”, me disais-je à l’époque, en écoutant les daronnes de mon entourage se plaindre de leur partenaire. Comment voulaient-elles que leurs hommes endossent leur part de travail domestique, si elles les en dégoûtaient ?

Persuadée d’avoir trouvé la solution à des millénaires d’inégalités domestiques, je me jurais que le jour venu, je ne serais pas de celles qui reprochent à leur compagnon la tenue du jour d’un enfant outrageusement bigarré.

J’ai perdu mon sens de l’humour le jour où je suis devenue mère. Probablement comme toutes les femmes, qui ne s’attendrissent plus devant les bourdes d’un père pataud. À moins qu’en découvrant ce que s’occuper d’un bébé signifie, les femmes réalisent que ces bourdes mignonnes sont en vérité des déclarations assumées d’incompétence. Le bas de pyjama comme pantalon attendrit tout le monde. Tant que ce sont les pères qui en sont responsables.

Sachez-le : un père moyen est un héros adorable, la mère moyenne, une paresseuse.

Chacun sa technique, tout se vaut (non)

Le patriarcat brandit toujours d’excellentes excuses quand il s’agit de justifier les inégalités domestiques. Une des plus célèbres consiste à déplorer que les femmes ne sont jamais satisfaites par la qualité du travail de leur partenaire et finissent par s’en charger. 

Nous sommes tous imprégnés par ce discours, qui n’a jamais levé les yeux aux ciels devant une copine recadrant son conjoint pour un bonnet mal enfilé ?

Mauvaise nouvelle pour tous les pères dont la spontanéité ne saurait se satisfaire des bassesses monotones du monde matériel, il n’existe qu’une seule manière de préparer un biberon ou de fermer une couche. Du moins si l’on veut que le biberon et la couche remplissent correctement leur mission originelle.

Je vous l’accorde, une couche qui déborde, ce n’est pas la fin du monde. Néanmoins, le réveil nettoyage à trois heures du matin, tout le monde peut s’en passer. D’autant plus quand celle qui se lève, ce n’est pas celui qui a changé la couche.

À lire aussi : L’Ifop révèle que ce sont encore les mères qui se lèvent la nuit. Quelle surprise ! (non)

Quand la façon de faire des uns, aggrave la charge mentale des autres

Un jour, la puéricultrice de mon fils m’a avertie, l’air affligé, que je n’avais pas prévu de change propre dans le paquetage du jour. J’ai répondu avec une tendresse navrée : 

“ Oh excusez-moi, c’est mon mari qui a fait le sac ce matin.”

Ce n’était pas vrai. C’était bien moi qui avais préparé les affaires du petit. Je savais pourtant que dans un cas comme celui-ci, le genre du coupable déterminait la nature de l’incident. Une mère qui oublie, c’est un outrage affligeant. Un papa qui oublie, c’est un papa qui a essayé, et on le remercie pour ces tentatives maladroites, mais sans conséquences. En théorie.

En pratique, si les originalités éducatives de ces esprits libres sont accueillies avec autant de complaisance, ce n’est pas parce qu’ils ont révolutionné la parentalité. C’est seulement qu’à l’arrière, une mère rectifie le tir discrètement (ne décourageons pas les velléités de nos champions). Charge mentale : 1 – Liberté d’esprit : 0.

L’injonction au lâcher prise : l’arnaque fourbe

Nous pourrions décider de ne pas porter attention au regard plein de sous-entendus d’une nounou, ou de notre mère, et simplement “lâcher prise”.

Malheureusement, un enfant est tenu de manger équilibré régulièrement, et les écrans à haute dose sont absolument déconseillés. Si le daron cool consomme le quota fixé, qui se radine avec des haricots que personne n’a envie de manger ? La daronne barbante. Se plaindre qu’un compagnon a “encore filé des frites aux enfants”, ce n’est pas seulement être une marâtre soporifique addict aux brocolis. C’est être une femme qui aurait aussi aimé disposer de l’option frites le lendemain, quand son compagnon sera de sortie.

Le lâcher-prise, seule solution que l’on propose aux femmes, implique presque toujours de sacrifier un peu de sa tranquillité mentale. Cette solution universelle et au premier abord bienveillante présente toutefois l’avantage pour les conjoints de se dédouaner définitivement. Elle leur permet de regarder leur femme se noyer, sans éprouver la moindre culpabilité : elle a fait le choix de se prendre la tête, à elle de l’assumer.

Incompétence stratégique ou candeur ?

Face à la nullité crasse de certains hommes, la question se pose : font-ils exprès ? Dans ses publications récentes, le médecin et écrivain Baptiste Beaulieu en vient à supposer que les hommes n’aiment pas leurs femmes. S’ils ne se le figurent pas si clairement, ils sont nombreux à déployer des merveilles d’originalités pour se soustraire aux contraintes quotidiennes en toute impunité : – Ma femme est une superhéroïne, elle peut tout faire ! Je déteste plier le linge (contrairement aux femmes, qui adorent). – Les hommes n’ont pas le sens du détail, etc

La question vestimentaire est un excellent exemple. Beaucoup d’hommes se défendent d’y “connaître quelque chose en fringues” sous-entendu : ce truc de gonzesses.

La plupart de ces hommes ne se promènent pas en short en plein hiver et ne portent pas de col roulé pendant la canicule. Sans vouloir offenser ces mâles virils, la quasi-totalité d’entre eux est même parfaitement capable de coordonner leur tenue, selon ce qui se fait aujourd’hui en matière de tendance.

La grande différence, c’est que ce n’est pas leur confort à eux qui est en jeu. Leur compagne non plus ne transpire pas par procuration lorsque bébé est trop couvert. Elle a simplement intégré que faire des enfants impliquait qu’on s’en occupe correctement, même si ce n’était pas toujours amusant ni facile.


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Les Commentaires

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Avatar de kazai
4 février 2024 à 20h02
kazai
J'ai envie de relativiser mon commentaire précédant à la lecture des autres qui suivent, et parce que le sujet globalement qui se dessine derrière l'article et le coup de gueule de la Madmoizelle est clairement un sujet plus vaste de société en fait.
En fait derrière ces questions pour moi d'injonctions qu'on doit ressentir en tant que Maman, mais même en tant que parents tout court, on est d'accord c'est clair : la société met-elle une pression, des normes, des injonctions à être ceci, faire comme cela ? Oui malheureusement, oui énormément ! Mais une fois qu'on a dit ça : qu'est ce qu'on en fait ?
Est-ce qu'on peut changer le regard de la société ? Non malheureusement c'est vain, ça ne sert à rien, si vous faites ça vous entrez dans une perte de temps et d'énergie ultime qui ne générera que des frustrations. Le seul espoir qu'on peut avoir, c'est d'ouvrir une réflexion sur ça, d'en prendre conscience, d'y réfléchir et de se positionner face à ces injonctions. (et oui je crois c'est mieux de le faire avant d'avoir des enfants si on peut car on a quand même beaucoup plus le temps de cerveau disponible pour se laisser aller dans ces raisonnements... Une fois que le quotidien installé est couches - fatigue - et tout le chamboulement de devenir parents, prendre ce recul ça doit être méga compliqué). Et là si on fait ça, certainement qu'on ne la changera pas pour nous, mais peut-être que justement nos enfants vivront avec moins d'injonctions et normes contradictoires.
Et l'invitation au lâcher-prise en fait, malgré ce que dit l'auteur dans l'article "une arnaque fourbe" c'est tout le contraire ! Non moi je suis persuadée que le lâcher-prise mais c'est une arme redoutable contre les injonctions ! Le lâcher-prise c'est pas être "cool c'est bon c'est pas grave le manteau, la couche qui déborde blabla" c'est absolument pas ça, le lâcher prise c'est se positionner face à des évènements, des injonctions, un contexte, un environnement sur lequel on n'a pas de contrôle, et prendre conscience qu'il n'y a que sa propre position face à ça pour plus ou moins le subir, plus ou moins être influencée. Et en fait si vous travaillez le lâcher-prise, bah le jour où la puéricultrice vous reproche l'oubli de la couche de rechange, vous arrivez avec tout sourire à ne pas accuser le père (ce qui est d'ailleurs participer au système de c'est le père qui oubli donc c'est pas grave donc on cautionne ce raisonnement collectif primaire) mais à lui rétorquer, avec le sourire (ça passe toujours mieux) : "désolée je suis crevée, pas dormi à cause du petit j'ai oublié !" Et si elle a le culot de faire la mou ou un reproche de poursuivre avec : "vous faites jamais d'erreur vous ? Vous avez bien de la chance moi j'en fais plein, mais ma philosophie dans la vie c'est, il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne font d'erreur". Et là le message : "causes toujours tu m'intéresses" il va passer hein... C'est ça le lâcher-prise, c'est un pouvoir pour sortir des injonctions inutiles de notre société.
J'ai lu à droite à gauche les commentaires sur TikTok. Mais quelle idée de regarder ça, qu'est ce qu'on s'en fiche de 4 abrutis qui perdent leurs temps à critiquer ? Ou le plateau télé, vous voulez vous faire un plateau télé flemme avec vos gosses ! Mais faites ils vont kiffer, vous aussi en fait. Et ça ne regarde personne d'autres que vous, votre partenaire à la limite et vos enfants. Nul autre personne n'a à porter un jugement, et ne laissez personne ne le porter en fait. On a quand même heureusement du pouvoir là dessus.
Moi je dis souvent à mes amis : vos enfants sont nourris correctement, en sécurité, et aimés. C'est bon stop la pression vous êtes déjà des parents parfaits ! Le reste, c'est du détail et du bonus qui ne regardent que vous !
Bon maintenant il y a les hommes au milieu de ça. Eux aussi ils subissent leurs injonctions. Alors oui c'est dommage ils n'ont pas tous eu la chance de grandir avec des grandes soeurs qui les ont un peu ouverts à ces questions de remise en question du patriarcat. Bah désolée mais Mesdames si vous les avez choisi comme partenaire pour faire un enfant, ce qui n'est quand même pas rien, c'est bien que vous sentiez un bon potentiel quoi. Continuez à échanger, discuter, se positionner par rapport à toutes ces questions. C'est aussi ça qui est beau dans un couple non, la capacité de l'autre à nous faire évoluer sur nos propres schémas de pensées ?
Et donc en réponse à un commentaire au dessus, "communiquez ce n'est pas si simple" on est d'accord il n'y a rien de plus compliqué que communiquer. Mais quelle autre solution ? Ou alors il faudrait que l'autre (ici le mec) fasse tout à la lettre comme on le souhaite (et que ça sous-entend parce que je suis une femme, donc mère, donc je sais ce qu'il faut faire pour l'enfant) mais est-ce que c'est pas justement ce (vieux) modèle de pensée : "la femme est une mère parfaite" qu'on essaie de dénoncer aussi avec cet article et dans les commentaires ?
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