Les enfants, célèbres ou non, ont la cote sur les réseaux sociaux. Entre un (parfois très) jeune public qui s’identifie avec plaisir et les adultes qui s’émeuvent devant tant de mignonnerie, on a parfois du mal à envisager les risques d’une telle exposition. Et à oublier qu’exhiber son enfant en ligne contrevient avant tout au principe de vie privée, inaliénable pour tous les individus dès leur naissance.
Pour protéger toujours plus efficacement les mineurs, le député Bruno Studer, propose un projet de loi permettant d’encadrer leur visibilité sur Internet et de sanctionner les parents abusifs.
Poster des photos de ses enfants en ligne : pas si cool ?
Parents qui postent des photos de votre progéniture, sachez d’abord que personne ne vous juge. Au-delà de la fierté immense d’exposer au monde nos (plus ou moins) merveilleux petits trésors, ces publications nous permettent aussi de partager des moments de vie avec des proches qui partagent nos habitudes numériques.
Si nous n’avons pas de mauvaises intentions, d’autres s’en chargent malheureusement à notre place. Bruno Studer, le député à l’origine de ce projet de loi, déplore les conséquences de ces publications innocentes :
50% des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux.
Bruno Studer, BFM, 27 janvier 2023
Sur Internet, rien ne disparaît jamais et d’anciennes photos peuvent également se retrouver entre les mains de harceleurs qui n’hésiteront pas à s’en servir pour humilier leur victime.
Une loi pour encadrer ces publications
Au-delà des risques, ces publications posent un problème éthique : nos enfants, comme tous les individus, ont le droit au respect de leur vie privée. Or, par leur âge, ils ne sont pas capables de consentir à ces publications et encore moins d’en mesurer les conséquences. Pour les protéger, Bruno Studer évoque déjà deux mesures :
[l faut] introduire la notion de vie privée dans la définition de l’autorité parentale [Et envisager] une délégation forcée de l’autorité parentale dans les situations où l’intérêt des parents rentre en conflit avec l’intérêt de l’enfant dans l’exercice du droit à l’image de ce dernier.
Bruno Studer, BFM, 27 janvier 2023
Le député est par ailleurs à l’origine de la loi sur la protection des enfants influenceurs et l’encadrement de leur activité. Depuis l’adoption du texte, il y a deux, des actions se mettent lentement en place. Début décembre, l’ARCOM (anciennement CSA) a soumis une charte listant les bonnes pratiques aux différents réseaux sociaux. Ce document engage ses signataires à faciliter le signalement des contenus où l’intégrité physique ou morale des mineurs est compromise. Ils sont aussi tenus de communiquer clairement les risques de ces expositions numériques à leurs utilisateurs.
Mis à part Tik-Tok et Twitter, les principales plateformes ont déjà signé la charte. Toutes se disent prêtes à mettre en place les mesures dictées par l’Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.
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Crédit photo image de une : Getty Images Signature
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Les Commentaires
Tout est scanné du moment que c'est public. Maintenant si c'est ton nuage privé où tu enregistres tes photos juste pour toi alors ça va.
Enfin "ça va", Google se privera pas pour obtenir des informations en fonction des photos (ils disent qu'ils ne le font pas mais bon on a déjà des contre-exemples) et surtout, Google collabore avec les autorités, y compris des pays qui ne sont pas vraiment démocratiques on va dire. Si demain on t'arrête (même en France) et qu'on estime qu'il y a des éléments de preuves concernant un délit ou un crime sur ton nuage Google, un magistrat ne se privera pas pour demander à Google et Google donnera tes photos. Et dans la majorité des affaires on peut trouver un prétexte pour dire "il y a peut-être des preuves". Si tu milites activement par exemple mieux vaut éviter d'avoir les photos de rassemblements / manifs où l'on peut identifier des gens sur un nuage. Même si toi tu ne fait rien de mal, la police ne se prive pas pour utiliser les photos pour faire tomber d'autres personnes.
Enfin il reste le problème du piratage, auquel ni Google, ni toi ne sont protégé.e.s. On l'a vu avec le "fappening" où des milliers de clichés privés de stars se sont retrouvés dans la nature.
Ma recommendation si tu veux juste avoir une copie de sauvegarde de tes photos (par exemple si tu perds ou casses ton téléphone), c'est de les mettre dans une archive protégée par un mot de passe. Ni Google, ni aucun gouvernement, ni des pirates pourront y accéder.