La nouvelle comédie dramatique de Léa Fehner s’attarde sur un style de vie peu commun : le voyage itinérant au sein d’une troupe de théâtre. Un sujet qui parle à la réalisatrice, puisqu’elle-même, dans les années 90, a vécu cette aventure avec ses parents.
La fiction a rejoint la réalité puisque le film met en scène leur compagnie ambulante, justement, avec ses propres comédiens réels auxquels s’ajoutent des acteurs plus traditionnels du cinéma comme Adèle Haenel ou Marc Barbé, mais aussi des professionnels du cirque !
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Les Ogres est en salles depuis le 16 mars, et donne un appétit de vivre qui vous remettra d’aplomb.
Une histoire qui sent bon la sincérité
Le titre de ce long-métrage français reflète cette envie de croquer la vie à pleines dents, avec l’avidité des ogres. Le réalisme frappe d’autant plus quand on sait que ce sont les vrais membres de la famille Fehner : le père, la mère, la sœur, et les petits-enfants (tous dans leurs propres rôles) ont joué dans ce film d’auteur qui ose sortir des sentiers battus.
Léa Fehner filme ici une histoire très personnelle, largement inspirée de la sienne.
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J’étais sur la route toute la sainte journée… Et c’est pas du repos. La troupe Davaï (« allons-y ! » en russe) est une affaire de famille : le metteur en scène, directeur et acteur principal de leur pièce (François Fehner, le père de la réalisatrice donc) planche sur une adaptation de Dostoïevski. Cette troupe est composée de passionné•es, qui plongent dans leur métier mais aussi dans leur goût du voyage sans hésiter.
Entre illusion et idéal
L’ennui, les personnages des Ogres ne le connaissent pas. Ils foncent dans leur vie comme sur l’autoroute sans se soucier des dangers, ce qui représente bien leur insouciance devant leur vie quelque peu précaire. Au diable, tant qu’ils s’amusent ! Le problème, c’est qu’ils ne s’amusent pas tout le temps…
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En effet, un par un, les personnages dévoilent leurs faiblesses. La mère, Marion, cherche l’amour de son mari mais aussi une jeunesse perdue. Leur fille, Inès, complètement à vif, est en quête de reconnaissance qui tarde à arriver. Déloyal, lui, évolue dans un monde de regrets où il vivote plus qu’il ne vit ; c’est probablement celui qui se situe le plus à contre-temps des autres. Le symbole du patriarcat repose en la personne de François. Il se rappelle d’un passé et d’un âge d’or qui n’est clairement plus.
Les Ogres envoie de la folie, car en fait, c’est un beau bordel organisé. D’une part, au sein de la troupe l’implosion approche, et d’autre part, les éléments qui orbitent autour cherchent à trouver leur place. C’est un voyage vers le pardon qui s’opère également.
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Un tournage haut en couleurs
Mona, interprétée par Adèle Haenel, se définit selon l’actrice comme « un personnage assez fantaisiste au tempérament explosif », en couple avec un M. Déloyal (Marc Barbé) plus âgé. Ensemble, ils attendent un enfant. Prompte à défendre son homme, la jeune femme apprend aussi à le connaître.
L’actrice confie que le tournage était particulièrement joyeux, en particulier une scène où tout le monde se retrouve au restaurant quand soudain, je vous laisse deviner la suite… BATAILLE DE NOURRITURE !
Les Ogres est un peu long, je dois le reconnaître. Il dure près de 2h30, et il y a quelques moments où ça traîne, surtout au début, quand il est difficile de situer bien les relations entre les personnages : forcément, il y a des cadavres dans le placard qui seront déterrés au fur et à mesure que l’histoire avance !
Au final, en sortant du film, j’ai eu l’impression d’avoir assisté à une histoire d’ogres, certes, mais profondément humaine. Faites un détour par les salles obscures, ce long-métrage est toujours à l’affiche !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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