« Vivre sans lecture c’est dangereux, il faut se contenter de la vie, ça peut amener à prendre des risques. » Cette phrase de Houellebecq, qu’il a posée dans Plateforme est également valable pour le cinéma, et d’autant plus pour Les Noces Rebelles, tirées du roman La fenêtre panoramique de Richard Yates.
Etats-Unis, milieu des années 50. Frank et April sont jeunes, beaux et dans une autre vie, ils ont joué côte à côte un couple role-model dans Titanic. Ils ne le savent pas consciemment, mais doivent s’en douter, puisqu’ils tombent raides amoureux l’un de l’autre après quelques bons mots. Elle veut devenir actrice et lui il veut… on sait pas, mais il veut bouffer la vie à pleines dents, ça c’est sûr. Et paf comme ça, quelques années plus tard, ils sont une average US family, ont deux mômes, une maison typiquement américaine dans une banlieue typiquement américain. On apprendra au fil du film que ni l’un ni l’autre n’ont vraiment voulu cette vie et pourtant… boum elle est arrivée. What’s next ? comme y disent outre-Atlantique. C’est tout le sujet de Revolutionary Road (en VO).
Face aux Noces Rebelles, tu peux avoir deux attitudes : faire l’autruche, te mettre la tête dans le sable et te dire que non, c’est qu’un film après tout, ça ne t’arrivera jamais ou bien, comme le suggère Houellebecq, ne pas « te contenter de la vie », ouvrir tes esgourdes et tes yeux et écouter-comprendre-t’abreuver de ce que ces personnages ont à te raconter, à te transmettre.
Le film de Sam Mendes – et le roman de Richard Yates avant lui – causent surtout d’une force très difficilement : le temps qui passe et la vie avec lui, les rails dans lesquels on va poser notre existence et le confort (tout relatif) que ces rails procurent. Ce besoin intrinsèque d’en sortir, de ces rails. La bouffée d’air frais qu’apporte un projet. Mais qu’est-ce c’est dur. Le doute, la trouille de délaisser la proie pour l’ombre. Le confort matériel, ces choses qu’on possède et qui finissent par nous posséder. Un conformisme tacite et consentant d’un côté, une envie d’ailleurs de l’autre. La pression sociale de tes pairs. La défiance au sein du couple, les sentiments qui s’envolent. Sans oublier la place de la femme au foyer.
Oh oui, la femme, Kate Winslet, qui mérite grandement son Golden Globe et qui peut espérer une statue avec ce rôle. Génial pied-de-nez d’ailleurs d’avoir réuni le couple mythique de Titanic, apportant un peu plus de vrai au propos du film. Le temps a passé, ils ont vieilli. Il sont loin, les premiers instants, le « Je suis le roi du moooonde », la main sur la fenêtre embuée. Place à la réalité du quotidien.
Parce que oui, Les Noces Rebelles, c’est pas joli-joli, mais c’est de la vie de couple garantie 100% bien ancrée dans le quotidien. C’est vrai, le film tombe peut-être parfois dans le pathos et dans le « trop de discours tue le discours », mais c’est négligeable à côté de la profondeur qu’il ambitionne.
Revolutionary Road sera peut-être l’occasion de se demander « est-ce que ça me convient, ça ? » et suivant la réponse, « comment faire pour y arriver ? ». Parce que ce que Mendes raconte, c’est que c’est du boulot. Un vrai job à plein temps. Et un film à ne pas manquer.
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Les Commentaires
Film très très triste, et en effet, beaucoup de remise en question...
Je ne m'étends pas plus dessus, beaucoup de choses justes ont été dites, et de toute façon, je n'ai pas le recul nécessaire, je pense, pour développer ma pensée.