Article publié initialement le 7 mars 2020
Bon ok, je suis bien consciente que je ne jette pas du tout un pavé dans la mare en énonçant cette info toute évidente : être mère, c’est chaud.
Pour certaines, ça commence avant même d’accoucher, dès le moment où elles sentent qu’elles partagent leur corps avec quelqu’un d’autre, façon Alien, mais sans le côté trop trash (quoi que). Pour d’autres, ça leur tombe dessus à l’accouchement, quand elles tiennent leur héritier ou héritière dans les bras.
Et enfin il y a les autres, comme moi par exemple, qui ne réalisent qu’elles sont maman que plusieurs jours, semaines, voire mois plus tard, une fois qu’une routine s’installe et qu’elles arrivent à prendre conscience de tout ça. Bonjour le tsunami émotionnel hein !
Vous voyez, déjà dès le début, on est toutes différentes dans la maternité. Alors pourquoi culpabiliser, toujours, tout le temps, parce qu’on ne fait pas comme les autres ? Et surtout, pourquoi on accepte d’être culpabilisées par les autres, les tiers, ceux qui gravitent autour de notre vie de mère ?
Les injonctions et les paradoxes de la maternité
Si vous êtes enceinte ou que vous avez déjà la chance d’avoir un môme qui vous bouffe l’intégralité de votre PEL, vous avez sans doute remarqué que les conseils plus ou moins bienveillants sortent très rapidement de la bouche de ceux qui vous côtoient. C’est presque instinctif chez eux, à croire qu’ils se sentent obligés de vous balancer leurs avis sans que vous ayez rien demandé.
Vous avez peut-être pu constater assez rapidement qu’en tant que responsable d’un mini-être humain, on vous demande souvent de faire des choix et de prendre position.
Cododo ou chambre à part ? DME (Diversification Menée par l’Enfant) ou diversification basique ? Jouets en bois ou en plastique ?
Couches lavables ou jetables ? Pouce ou tétine ? Vous comptez retravailler ou rester chez vous à vous occuper de votre bébé ? Pas d’écran, ou un dessin animé de temps en temps ?
Et la plus tendax des interrogations, celle qui peut vraiment faire clasher les mères entre elles : allaitement maternel ou lait industriel ?
Faire le deuil de la mère parfaite
Parce que (attention : spoiler) elle n’existe pas, cette mère parfaite. Ouaip.
Vous avez sûrement été biberonnée, vous aussi, dans le mythe de cette daronne idyllique, que dis-je, cette sainte, qui est totalement dévouée à ses enfants qu’elle aime quoi qu’il se passe, qui a un travail qui lui plaît et dans lequel elle s’épanouit, le tout dans une maison propre avec du linge lavé/repassé/plié/rangé. Genre.
Celle qui n’oublie jamais de faire les rappels des vaccins de ses mômes, qui connaît exactement le nombre de cuillères qu’il faut mettre dans le bib sans regarder les instructions sur la boîte CHAQUE matin, celle qui connaît le poids de son bébé par cœur et qui n’a pas besoin de le peser à chaque fois qu’il doit gober du Doliprane.
Celle qui ne lui fait que des plats maison, bio, avec des légumes frais du marché. Celle qui prépare toute seule les gâteaux du goûter. Celle qui a le temps d’assister à toutes les réunions parents-profs et les spectacles de fin d’année et qui EN PLUS s’y intéresse (alors qu’en vrai, est-ce qu’il existe un truc plus chiant au monde que ça ?).
Celle qui a pu allaiter jusqu’au 1 an de l’enfant sans que ça ne soit JAMAIS une contrainte, celle qui ne crie pas sur ses mômes — ces derniers ne faisant d’ailleurs jamais de crises à se rouler par terre dans les allées du supermarché (tmtc).
Je ne vous parle même pas du rôle du père là-dedans, parce que la mère parfaite n’a pas besoin d’un binôme pour tout gérer ! Elle, elle sait. Elle a eu son bébé livré avec le mode d’emploi, et elle n’a pas voulu faire tourner l’info.
Vous l’aurez compris, cette mère, cette femme-là, n’existe pas. Vous pouvez savoir faire des tonnes de choses, vous pouvez être douée dans plein de domaines, mais vous ne pouvez pas TOUT faire. Parce que si vous essayez, vous risquez de vous péter un peu la margoulette (oui, cette expression est géniale, y a pas de débat à avoir).
C’est sûrement pour ça qu’on culpabilise toutes à donf pour tout et pour rien, alors qu’en vrai, à quoi vous vous attendiez ? Évidemment que vous ne pouvez pas tout faire, tout gérer. Pourquoi avez-vous besoin de vous culpabiliser alors que c’est quelque chose d’impossible à atteindre ?
Mais alors, pourquoi les mères culpabilisent pour tout ?
Je ne fais que des suppositions, mais peut-être que cette culpabilité constante vient en partie du fait qu’on a été garante du bon développement de la vie du bébé in utero, pour celles qui auraient porté leur enfant. Cette responsabilité, énorme, ne part pas après l’accouchement, et la pression exercée par la société et le corps médical ne fait que rajouter de l’anxiété.
Ne pas prendre trop de poids pendant la grossesse, ne pas en perdre non plus, ne pas boire, ne pas fumer, ne pas stresser, ne pas porter de trucs lourds… Vous voyez le topo hein.
Si jamais vous aviez le malheur de vous allumer une clope en étant enceinte, vous pouviez, au choix, soit vous taper les pires réflexions de ceux qui vous voyaient faire, soit vous culpabiliser toute seule comme une grande, sans l’aide de personne.
Alors oui bien sûr, fumer enceinte, c’est pas bien, tout le monde le sait… Mais est-ce que le faire remarquer à une femme enceinte qui a follement envie de s’en griller une va l’aider d’une quelconque manière ?
Ayant fumé moi-même occasionnellement quand j’attendais ma fille, je peux vous dire qu’aucune des réflexions que j’ai pu recevoir ne m’a aidée.
Ça a tout simplement renforcé mon sentiment de culpabilité déjà énorme, a décuplé mon angoisse (c’était d’ailleurs pour ça que je m’allumais une clope de temps à autre), mais ça n’a rien changé. Mon propre regard sur moi est devenu horrible, mais les faits n’ont pas bougé, je fumais quand même de temps en temps.
Je SAVAIS que ce que je faisais n’était pas bien, mais on me demandait de penser à un être qui, pour moi, n’était pas encore personnifié, et je me devais d’agir en conséquence, pour lui. Et oui, parfois, j’en étais incapable.
Merci Jean-Michel-j’ai-un-avis, mais tes réflexions sur ce sujet ne m’ont jamais aidée, comme quoi tu aurais pu la fermer, ça aurait été bien plus utile.
Un peu de bienveillance et de tolérance, c’est trop demander ?
Faites-vous confiance. Comme le dit la psychologue Ercilia Palacio-Quintin :
« Une erreur ne perturbe pas un enfant, un doute constant, oui. »
Vous pouvez avoir des tonnes de principes avant d’avoir des mômes, en vous basant sur le mythe de la mère parfaite. Vous pouvez ne pas vouloir lui faire manger de produits transformés, allaiter autant que possible, ne pas le laisser passer plus de 10 minutes avec une couche sale, ne jamais vouloir faire semblant de ne pas l’entendre la nuit, laver ses fringues tous les jours plutôt que de renifler discrètement pour savoir si ça peut encore tenir une aprèm ou deux, et j’en passe.
Vous pouvez vouloir être tout ça avant d’avoir un môme, avant d’être dans le concret et puis peut-être que vous comprendrez finalement cette phrase : « avant, j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants« . Ne soyez pas si dure avec vous-même, et essayez de relâcher la pression, autant que faire se peut.
Demander de l’aide
Si jamais vous sentez que vous n’y arrivez pas, que c’est trop pour vous, que vous vous retrouvez dans une spirale infernale qui ne vous permet pas de prendre suffisamment de recul pour savoir où vous allez : demandez de l’aide.
Si vous avez la chance d’avoir de la famille ou des amis qui peuvent vous filer un coup de main : profitez-en. Demander de l’aide n’est pas être une mauvaise mère, bien au contraire. Ce n’est pas parce que vous vous dites « hey, je galère là, help » qu’on va vous répondre « nan mais la meuf elle n’est pas foutue de gérer sa maternité toute seule, quelle boloss ». Non. Non. Non.
Si on vous envoie bouler, c’est peut-être parce que vous n’avez pas trouvé l’interlocuteur en face, je dirais le miroir qui vous aide à avancer. (Si vous avez la ref’ de cette dernière phrase, je vous offre des chouquettes).
Si vous n’avez pas la chance d’avoir famille et amis qui peuvent vous aider, vous pouvez aussi traîner sur Internet, il n’y a pas que des vidéos de chatons qui se cassent la margoulette (oui oui, toujours cette expression, vous allez faire quoi ? )
En cherchant, vous pouvez tomber dans des groupes Facebook, des forums d’entraide, qui peuvent vraiment changer la donne et vous filer un vrai coup de main. Internet n’est pas qu’anonymat, ça peut être complètement l’inverse si vous cherchez bien ce qui vous correspond.
Parce que oui, nous y voilà : être mère ne s’apprend pas dans les bouquins. Vous avez beau avoir été l’équivalent d’Hermione Granger pendant toute votre scolarité, vous pouvez très facilement ressembler à une poule qui a trouvé un couteau quand on vous pose votre tout nouveau petit bébé dans les bras.
Ce n’est pas livré avec le manuel, il n’y a même pas de retour possible à l’envoyeur en cas d’incompatibilité d’humeur, bref, c’est pas le meilleur investissement quoi.
Mais l’essentiel dans tout ça, c’est que vous vous fiez à vos valeurs, que vous vous créez votre propre définition de « maman », que vous écoutiez les conseils bienveillants qui vont dans le sens de ces fameuses valeurs, et uniquement si vous les avez demandé.
Faites-vous confiance bordel, après tout c’est vous qui l’avez pondu ce petit machin !
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