Mannequin, autrice, influenceuse, Tess Holliday est une figure du mouvement body-postive. En mai dernier, elle évoquait pour la première fois souffrir d’anorexie.
Cette semaine, deux tabloïds, le Daily Mail et le Mirror, ont jugé qu’il était d’utilité publique de poster plusieurs photos de la mannequin alors qu’elle passait une journée à Disney World avec ses proches.
Ce que critique Tess Holliday, c’est le fait que les deux médias ont publié des photos de paparazzi prises aux moments où elle est « le plus fatiguée » et privilégié les clichés sur lesquels elle est spécifiquement « en train de manger ».
« Vous avez déjà remarqué à quel point les personnes moins corpulentes peuvent manger ce qu’elles veulent et finalement tout le monde s’en fiche ou trouve ça mignon ? [Ces médias] montrent la version de moi qu’ils veulent que le monde voie : une personnes grosse qui mange et qui est fatiguée. »
Tess Holliday estime en outre que ces médias savent tout à fait ce qu’ils font en la jetant en pâture et en l’exposant à du harcèlement.
« Tout en plaçant un terreau pour les commentaires faisant du body shaming, ils ont aussi créé un terrain fertile où la haine des autres et d’eux-mêmes peut croître. Ce n’est tout simplement pas productif – si on veut vivre dans un monde meilleur et plus bienveillant, nous devons rejeter ce genre de comportement nocif. »
Des images qui entretiennent la stigmatisation des personnes grosses
Les images publiées par les deux tabloïds semblent anodines, mais l’analyse de Tess Holliday montre au contraire qu’elle participe à l’infantilisation et à la déshumanisation des personnes grosses.
Ces images entretiennent l’idée négative qu’une personne grosse qui se nourrit est une goinfre et une insatiable, tandis qu’une personne mince est gourmande et bonne vivante.
Elles donnent un permis de se moquer à tous ceux qui les voient.
Et les conséquences dépassent la personne de Tess Holliday.
Derrière ce thread, d’autres personnes ont témoigné que par peur des regards, elles rechignent à manger en public ou au restaurant. Parce qu’elles sont grosses, elles savent qu’elles vont recevoir des œillades au mieux désapprobatrices, au pire des remarques sur ce qu’elles devraient ou non ingurgiter.
Pour se prémunir de toute humiliation, elles s’empêchent tout simplement de vivre.
En évoluant dans une société grossophobe, les personnes grosses n’ont donc pas droit à l’insouciance et à la tranquillité, elles sont épiées, scrutées pour voir si elles mangent, ce qu’elles mangent et en quelle quantité.
Il serait largement temps de leur lâcher la grappe.
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Crédit photo : InStyle (capture Youtube)
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