C’est une étude aux conclusions peu surprenantes, mais qui aide à prendre mesure de l’ampleur du phénomène. Au Royaume-Uni, une enquête menée auprès de 2 039 adultes par Primark et relayé par le média professionnel ecotextile.com, a mesuré que près d’un tiers des adultes britanniques craignent que le coût de la vie ne les empêche de faire des achats mode responsable d’un point de vue social et environnemental.
Des jeunes soucieux d’acheter responsable mais qui n’en ont pas les moyens
C’est surtout les jeunes qui portent cette crainte. En effet, près de la moitié des personnes âgées de 18 à 34 ans (45%) déclarent se sentir contraintes de s’éloigner de l’enjeu d’éco-responsabilité. Et ce, alors même qu’il s’agit aussi du segment de population pour qui c’est le plus important.
Quant aux personnes âgées de 35 à 54 ans, seulement 23% déclarent se soucier des enjeux d’éco-responsabilité dans leurs actes d’achat mode et de la revente de leurs vêtements.
Les 18-34 ans redoublent de créativité pour s’habiller écolo sans dépenser
Mais qu’à cela ne tienne, puisque la mode de première main est loin d’être le choix le plus écolo à considérer. L’étude souligne également que les jeunes redoublent de créativité pour faire avec ce qu’ils ont déjà. L’enquête Primark relève ainsi que près d’un tiers des moins de 34 ans déclarent se construire une garde-robe minimaliste (« capsule wardrobe ») : avoir des basiques personnels qui vont tous bien ensemble.
Parmi les moins de 34 ans, 41% pratiquent le troc et la revente de vêtements, puisque la seconde main peut s’avérer être une pratique particulièrement écolo (à condition d’éviter certaines dérives décryptées dans Matières Premières).
L’étude souligne également que 77% des personnes sondées dans cette tranche d’âge s’adonnent à la réparation de vêtements. Parmi elles, 62% dont 95% ont entre 18 et 24 ans, déclarent l’avoir fait pour économiser de l’argent.
La crise du coût de la vie a un impact sur la mode en France aussi
Comme le relève le média The Independent, l’indice des prix de la consommation est passé à 10,1% au cours des douze mois précédant juillet 2022 au Royaume-Uni, d’après l’Office for National Statistics. D’après les prévisionnistes de la Bank of England, l’inflation devrait atteindre un pic de 13,3% d’ici la fin de l’année, ce qui en fera son taux le plus élevé depuis 40 ans.
Il en va sûrement de même en France, où l’inflation continue de progresser également et vient d’atteindre en juillet les 6,1% sur un an, selon l’Insee : « cette hausse de l’inflation serait due à une accélération des prix des services en lien avec la période estivale, de l’alimentation et – dans une moindre mesure – des produits manufacturés ».
Si le secteur textile paraît encore relativement épargné, cela ne saurait tarder à empirer. L’Insee a constaté une hausse des prix de +3,2% en 2021 et s’attend à 5 à 15% supplémentaires pour 2022. En cause : les tarifs des matières premières explosent, notamment à cause de conflits internationaux, en plus des conséquences de la pandémie toujours pas terminée.
Pourquoi doit-on s’attendre à une crise du coût des habits ?
Par exemple, des vêtements peu chers riment souvent avec polyester. Qui dit polyester dit pétrole, or beaucoup de pays occidentaux tentent de boycotter les barils russes afin d’infléchir sur le conflit en Ukraine. Sans compter les colorants qui viennent souvent de pays d’Europe de l’Est. On peut observer une flambée des prix similaire autour du coton, massivement produit en Chine, où il est difficile de tracer s’il est issu ou non du travail forcé de personnes ouïghoures : vouloir contourner le coton chinois a un coût important.
Bref, toutes ces complications géopolitiques majeures se répercutent sur le prix des vêtements. Alors le peu de marge de manœuvre que l’on possède côté mode, surtout si l’on a un petit budget, consiste à s’habiller avec ce que l’on a déjà. Réparer, réutiliser, réemployer.
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Crédit photo de Une : capturenow via Canva.
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Les Commentaires
Le plus écolo, c'est de ne pas consommer, car effectivement tout ce que l'on achète a un impact environnemental. Mais l'enjeu est d'essayer de trouver des options qui réduisent au maximum cet impact.
Dans l'exemple que tu cites, je trouve que c'est un peu négatif de considérer que la transformation en Italie est un problème. C'est un de nos pays voisins : l'impact carbone est bien moindre pour une laine française qui a été transformée en Italie que pour la même laine transformée en Chine. L'usine de transformation serait à Menton ou en Guadeloupe, elle serait en France mais ne représenterait pas forcément une amélioration du bilan carbone de la laine.