Live now
Live now
Masquer
Crédit visuel : Paris 2024
Daronne

Les jeunes parents, écartés des Jeux olympiques ?

Les Jeux olympiques de Paris 2024 ne permettront pas aux jeunes parents de venir avec leurs bébés, conçus et nés après l’achat des billets l’an dernier, s’ils n’ont pas eux-mêmes de billets. Une décision vivement critiquée par certains spectateurs. Les JO ne seraient-ils donc pas parents friendly ?

À quelques mois des Jeux olympiques de Paris, les jeunes parents de bébés se retrouvent démunis : devront-ils acheter en dernière minute un billet coûteux pour que leur nourrisson puisse les accompagner, ou bien faire une croix sur cet évènement historique ?

À lire aussi : Des associations craignent un « nettoyage social » des rues de Paris pour les JO 2024

Le message d’alerte d’une spectatrice

Coraline, qui vit à l’étranger, a pris ses billets pour les Jeux olympiques il y a plusieurs mois déjà. « J’ai eu la chance, avec ma famille, de faire partie des premières « vagues » de personnes tirées au sort, en février, pour accéder à la billetterie des Jeux olympiques. Nous avons décidé avec mes parents et ma belle-famille de tous nous retrouver spécialement pour cette occasion que l’on n’a jamais vécue. Nous avons donc investi dans les différents packs de billets pour profiter au maximum de cet événement. »

Six mois plus tard, Coraline est tombée enceinte. Son bébé naîtra au mois d’avril 2024, trois mois seulement avant les Jeux Olympiques. « Nous nous rendrons chez mes parents durant l’été comme prévu. Toutefois, avec la règle actuelle des billets, je devrais ou bien faire garder bébé pour chaque rencontre sportive pour m’y rendre, ou bien renoncer à y assister. »

Car, en effet, les billets ne prévoient aucune souplesse pour les spectateurs accompagnés d’un nourrisson. « Il est exigé que chaque spectateur, peu importe son âge, soit muni d’un billet pour assister à une épreuve. Cela signifie qu’un nourrisson, même âgé de quelques semaines ou mois, doit avoir un billet pour accompagner ses parents » explique Coraline.

La spectatrice rappelle que lors des Jeux Olympiques de Londres, en 2012, des règles similaires avaient également suscité la controverse, menant le comité d’organisation des Jeux Olympiques à revenir sur sa décision. « Suite aux plaintes de jeunes mamans, les organisateurs avaient finalement autorisé les bébés nés entre l’achat des billets et les jeux à assister aux épreuves sans billet supplémentaire»

« Toute détentrice de billet devenue entretemps enceinte, ayant accouché et souhaitant emmener son bébé aux Jeux, pourra le faire. Le bébé devra bien sûr avoir moins de 12 mois et ne sera admis que s’il est attaché en toute sécurité à l’un de ses parents au moyen d’un porte-bébé », avait déclaré à l’époque le directeur général du comité d’organisation, Paul Deighton.

Une position ferme de la part du comité olympique

Contacté à ce sujet, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024 semble camper sur ses positions et ne pas envisager de suivre l’exemple britannique. La règle est rappelée « Chaque spectateur sera obligatoirement muni d’un billet payant, quel que soit son âge ». Pour s’en défendre, Paris 2024 invoque des raisons de sécurité et un nombre de places limité sur les sites de compétition « même s’il s’agit d’un bébé sur les genoux ». Mais le comité note également une nette amélioration par rapport aux Jeux olympiques de Rio, en 2016. En effet, pour assister aux compétitions, les spectateurs devaient avoir minimum 3 ans.

« Cela excluait de facto les parents voulant amener leurs enfants en bas âge. Ce n’est pas le cas pour les épreuves de Paris 2024. Il est récurrent que les Comités décident de ces règles, qui, comme la législation, évoluent. Jusqu’en 2007, il n’était pas non plus autorisé d’emmener un enfant de moins de 3 ans au cinéma en France, par exemple. Dans un autre registre, il était interdit d’emmener une poussette ou un landau au Stade de France, pour la Coupe du Monde de Rugby 2023. » nous rappelle un porte-parole de Paris 2024.

À lire aussi : Pour les Jeux Olympiques 2024, le Crous va contraindre des étudiants à libérer leur logement

Les poussettes, justement, seront autorisées cet été. « Nous avons prévu des espaces à proximité des tribunes pour permettre aux spectateurs de les ranger ». De même, des tables à langer murales pliables seront installées dans les toilettes. Les bébés semblent donc les bienvenus, mais encore fallait-il anticiper leur naissance et leur acheter un billet avant même leur conception.

Le porte-parole de Paris 2024 se veut rassurant. « Il devrait y avoir une revente de billets d’ici à cet été, il sera alors possible d’en racheter ». Il attire également l’attention sur l’offre famille qui existe pour les Jeux paralympiques, mais pas les Jeux olympiques : « pour 2 billets adultes achetés, il est possible d’acheter jusqu’à 2 billets enfants à 10 euros ».

Existe-t-il un recours pour les jeunes parents ?

Si les parents n’ont pas la possibilité, ou pas les moyens financiers, de racheter un billet à leur progéniture, que peuvent-ils faire ? Pour la juriste Sonia Cherifi, les recours possibles sont limités. « Les organisateurs sont libres de fixer leurs propres conditions, et en achetant leurs billets, les parents ont accepté ces clauses du contrat. »

Les Conditions générales de Vente stipulent bien que le fait d’être muni d’un billet pour assister aux Jeux est obligatoire. Mais l’article 5.4 précise également que « pour des raisons notamment de sécurité, l’accès aux Sessions et/ou Sites est déconseillé aux enfants de moins de 4 ans. », une clause dont doit avoir théoriquement pris connaissance chaque acheteur.

« Rien dans le Code de la consommation n’indique qu’il faille appliquer un tarif préférentiel pour les bébés ou les enfants » rappelle Sonia Cherifi. Mais il reste toutefois la possibilité d’adresser une demande écrite au service client Paris 2024 par lettre recommandée avec accusé de réception, « en gardant un double du courrier, ou par email avec un accusé de lecture » conseille la juriste.

« En cas de réponse insatisfaisante, ou en l’absence de réponse dans un délai d’un mois, le particulier pourra saisir gratuitement le médiateur de la consommation, en écrivant au CNPM MÉDIATION CONSOMMATION 27 avenue de la Libération 42400 – SAINT-CHAMOND France, ou sur le site CNPM Médiation Consommation. »

Et si cela ne donne rien, et qu’il est compliqué d’organiser la garde de son bébé pendant la compétition, il reste la possibilité de revendre ou transférer les places en passant par la plateforme de revente officielle qui ouvrira dans les mois qui viennent.

Évidemment, cette ultime possibilité laisse les jeunes parents amers. Certains ont ainsi décidé de parler publiquement de ce qu’ils considèrent comme une injustice de la part des Jeux de Paris 2024, et d’ouvrir une pétition sur le site Change. Pétition qui n’a jusqu’ici trouvé que peu d’écho.

« Les parents de nourrissons ne devraient pas être pénalisés financièrement pour vouloir partager ce moment historique avec leurs enfants, quel que soit leur âge », regrette Coraline. « À Londres, en 2012, il avait fallu plusieurs interventions et demandes de jeunes parents pour que le comité organisateur change d’avis et finisse par laisser les nourrissons assister aux JO ». En sera-t-il de même cette année ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

19
Avatar de Gringo
19 novembre 2023 à 20h11
Gringo
@M.* Tu as raison, ça me choque parce ce que ça se déroule en France et que je suis habituée à des standards français (la gratuité de tout ou quasi pour les jeunes enfants, les tarifs réduits pour les personnes en situation de handicap, présence des chiens d'assistance autorisée (je n'ai pas du tout trouvé si les chiens guides étaient autorisés ou non sur le site des JO ou dans CGV) en oubliant que même si les JO doivent respecter certaines lois françaises, il ne sont pas tenus d'appliquer les us et coutumes locales.
1
Voir les 19 commentaires

Plus de contenus Daronne

Source : Pixabay
Daronne

Julie, mère solo et nomade : « être nomade n’a pas augmenté ma charge mentale, la vie est juste moins linéaire »

13
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-18T145159.142
Daronne

Chronique d’une daronne : la galère des devoirs à 21h

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-14T223435.669
Chère Daronne

Help, mon enfant me ment, je fais quoi ?

16
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-08T164030.491
Travail

Courrier du taf : « mon entreprise ne veut plus remplacer les départs en congé maternité »

2
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-07T161546.137
Chère Daronne

Help, je suis la seule à me lever la nuit pour m’occuper du bébé et j’en peux plus

37
Source : TerryJ de Getty Images Signature
Daronne

Dans la vie d’Émilie et sa belle-mère toxique : « Tu la portes comme une mama africaine »

3
Source : Robert Kneschke
Daronne

« Maman solo, je subis de plein fouet l’inflation et le quotidien à gérer » : dans la vie de Mélissa, mère célibataire d’un enfant

2
Source : Emmanuelle Mayer
Couple

Emmanuelle, en célicouple : « Nous n’avons ni le courage ni l’envie de passer à la famille recomposée »

11
[CD] Image de une • Verticale (8)
Daronne

Help, je ne suis pas sûre de vouloir des enfants, mais mon conjoint insiste, je fais quoi ?

6
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-25T164859.048
Daronne

« Antoine est mon miracle, mais lui n’en est pas un » : Solène nous raconte son accouchement

Pour les meufs qui gèrent