Quatorze ans ma gueule !
Quatorze ans que Les Indestructibles, premier du nom, est sorti au cinéma, remplissant à l’époque un gros vide au niveau des films de super-héros intelligents et sensibles.
Quatorze ans avant que Disney/Pixar n’offre enfin une suite à ce petit bijou.
Et vous pouvez tout de suite arrêter de retenir votre souffle : la suite est RÉUSSIE ! Kalindi vous en parle en détails avec son énergie habituelle juste ici :
Ma chère collègue vous ayant déjà livré cette critique de qualité, j’ai décidé de vous parler des Indestructibles 2, en salles depuis le 4 juillet, via un angle qui m’intéresse tout particulièrement : celui de la masculinité.
Et il y en a, des choses à dire sur le sujet !
Cet article ne spoile pas Les Indestructibles 2 !
Je ne révèlerai rien de plus que ce qu’il y a dans la bande-annonce.
La masculinité dans Les Indestructibles 2
Monsieur et Madame Indestructible ont 3 enfants : Violet l’ado qui se rend invisible, Flash qui court super vite, et Jack-Jack qui fait… un peu de tout.
Dans Les Indestructibles 2, leur job de super-héros (hors-la-loi) se retrouve grandement facilité lorsqu’un riche investisseur décide de redorer le blason des gens comme eux, afin de gagner le cœur du grand public.
Et qui de mieux, pour ça, que l’unique, l’inoubliable, l’incontournable… Elastigirl !
Girl, tout à fait.
La virilité de Monsieur Indestructible n’est pas la bienvenue
Eh non, ce n’est pas Monsieur Indestructible qui est le plus à même de convaincre les gens que les super-héros ne sont pas des dangers publics mais les alliés du peuple.
Ce choix est directement lié à des attributs plutôt virils : Bob a tendance à foncer dans le tas, utilisant sa force surhumaine pour neutraliser les ennemis… et tout casser.
Là où Elastigirl sait se glisser dans les moindres recoins sans faire de dégâts, Monsieur Indestructible avance tout droit, écartant (ou plutôt détruisant) les obstacles à grands coups d’épaule.
Ça coûte cher en réparations, et ça ne facilite pas les choses quand il s’agit de prouver aux passants l’utilité d’une équipe de super-héros !
Cette annonce, pour Bob, fait l’effet d’une gifle.
La virilité a ses bons côtés… mais n’est pas toujours pertinente
Ce que j’ai bien aimé dans ce moment-clef du film, c’est que les attributs « masculins » de Bob ne sont pas diabolisés. C’est juste qu’ils ne sont pas TOUJOURS la meilleure solution.
Tout péter, foncer tête baissée, ça peut carrément être utile, et ça l’est d’ailleurs dans le film ! Mais d’autres qualités, d’autres pouvoirs peuvent aussi être valorisés.
Laisser les hommes sauver le monde ? Je ne crois pas !
Les Indestructibles 2 ne jette pas aux orties tous les aspects masculins de son héros, il laisse simplement la place à la nuance et met en valeur l’équilibre
.
Parfois il faut soulever des montagnes, parfois se glisser dans la plus minuscule des failles. L’un n’est pas plus important que l’autre !
Monsieur Indestructible, père au foyer
Bob se retrouve donc père au foyer pendant que son épouse affronte un super-vilain et enchaîne les interviews.
Lui qui pensait connaître ses enfants et ne pas galérer à s’en occuper… il déchante rapidement ! Plein de petites tâches l’épuisent, toutes celles que Maman gérait avant de redevenir une star.
Je vous en ai déjà parlé sur madmoiZelle : je déteste le cliché de l’homme idiot, incapable, à la Homer Simpson, qui n’est bon à rien et ne trouverait pas sa chaussette gauche sans une femme pour la lui pointer du doigt.
Là encore, Les Indestructibles 2 fait preuve d’une rafraîchissante intelligence.
Bob n’est pas un père nul. Il ne baisse pas les bras à la première difficulté. Il se motive à se mettre au niveau pour aider ses enfants au quotidien.
Au début, les gosses ne sont pas en confiance et ont tendance à considérer que « Maman sait mieux faire », « C’est Maman qui s’occupe de nous ». Pas de ça dans la famille Indestructible !
Les deux parents s’allient spontanément sur le fait que NON, Maman n’est pas magiquement plus apte à élever les enfants, et OUI, Papa s’en sortira, merci.
Avec des hauts et des bas, avec du sommeil en moins et des difficultés d’adaptation. Comme Maman au début, quoi. Car choisir les bonnes céréales et changer une couche, ce n’est pas inscrit dans les gènes féminins !
Comment nuancer la masculinité ? Demandez aux Indestructibles 2 !
En conclusion, je trouve que Les Indestructibles 2 est une très bonne leçon de traitement égalitaire des personnages.
Le film ne passe pas sous silence le fait que Bob est loin d’être ravi de devenir père au foyer pendant qu’Elastigirl vit d’adrénaline et d’applaudissements.
C’est un homme « lambda » (même s’il est super), c’est évident qu’il y aura chez lui comme chez les autres des réflexes à déconstruire, des idées reçues à remettre en question.
Mais jamais Bob n’est considéré comme moins viril, moins un homme », parce qu’il s’occupe des gosses alors que sa femme sauve le monde.
Sa force brute n’est pas la bienvenue, là tout de suite ? Qu’à cela ne tienne, il a son intellect pour aider Flash avec ses divisions, sa tendresse pour gérer la crise d’ado de Violet, sa patience envers le turbulent Jack-Jack.
J’aime beaucoup cette façon tranquille de montrer aux plus jeunes comme aux plus âgés qu’il n’y a pas une définition de ce que veut dire « être un homme », et que chaque mec peut créer la sienne !
À chaque épisode de The Boys Club, mon podcast sur la masculinité, je demande à mon invité s’il a une idée d’homme, réel ou fictif, représentant une vision positive de la masculinité.
Je ne serais pas surprise que l’un de mes futurs interlocuteurs me réponde « Monsieur Indestructible » !
Vous aviez remarqué ce sous-texte des Indestructibles 2 ? Vous avez d’autres exemples de personnages montrant une facette chouette de la masculinité ?
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