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Les gens sur LinkedIn me désespèrent et je m’inclus dedans

À quoi sert vraiment LinkedIn ? Et qu’est-ce qui rend ce réseau social si pénible ? Notre chroniqueuse Chloé Genovesi a mené l’enquête. Un article à partager avec une citation inspirante, sur LinkedIn évidemment.

Jadis plateforme dédiée à la recherche d’emploi, aujourd’hui terrain de jeu sans foi ni loi pour professionnels motivés, LinkedIn permet de trouver la reconnaissance et l’inspiration auprès de ses pairs, d’espionner des amis perdus de vue et parfois même de trouver du travail !

Mais le réseau social a des codes bien particuliers et des usages qu’on ne soupçonne pas. Vous êtes prêtes ? Voici à quoi sert vraiment LinkedIn… et pourquoi c’est le royaume du bullshit.

Grâce à LinkedIn, mon métier a l’air intéressant

À l’époque, quand on me demandait mon métier, je répondais que je faisais de la saisie de commande. Le potentiel glamour du terme employé était nul, mais il avait l’avantage de refléter fidèlement la réalité. Il existait comme ça de nombreux emplois qui, sans provoquer d’émois passionnés, permettaient de payer les factures et les verres au bar. Si les basses besognes liées à ces emplois n’ont jamais disparues, elles sont aujourd’hui dissimulées derrière des intitulés de poste alambiqués qui témoignent du climat d’onanisme généralisé qui règne sur le monde corporate.

Désormais, on ne dit plus réceptionniste, on dit Spécialiste opérations et bien-être global — même si la tâche assignée n’a pas changé et consiste toujours à surveiller le stock de papier toilette et à rappeler aux employés de ne pas laisser moisir leurs yaourts entamés dans le réfrigérateur commun. Quant à moi, je ne serai plus opératrice de saisie, mais Leader spécialiste senior des ressources externalisées pour le marché FR BL CH et LU.

Rien n’est moins attirant qu’un employé moyen qui se contente de faire correctement un petit travail tenant en un mot ou deux. Mieux vaut que le comptable devienne Spécialiste senior en gestion des émissions et réceptions financières pour le marché SRB, mais également superstar enthousiaste, team-player acharné et challenger inspirant transporté par l’idée de se dévouer corps et âme à son entreprise lors d’un stage non rémunéré.

Grâce à LinkedIn, je suis inspirée au quotidien

Sur LinkedIn, tout le monde peut devenir le temps d’un post un coach inspirant ou le personnage principal d’une success-story impliquant systématiquement les mots « challenge », « épreuves » et « résilience ». Il règne donc sur mon fil d’actualité une ambiance d’autocongratulation généralisée.

« Hier, un ami que je trouve terriblement inspirant car il a traversé beaucoup d’épreuves et qu’il adore les challenges m’a dit : regarde l’oiseau qui s’envole. Peut-être qu’il volera pendant des heures, peut-être qu’il va se poser sur le toit d’une voiture ! » raconte fièrement Jonathan Dupond, Spécialiste superstar des relations humaines ressourçables pour le marché EMEA. Sous son post, 25 likes et des commentaires dithyrambiques exaltés par la profondeur du message. Comme Jonathan Dupond travaille dans un secteur d’activité qui me plaît, je me fends d’un petit cœur et d’un « Tellement vrai ! À méditer … » avant de passer au post suivant.

Personnellement, je n’aurais pas choisi une photo de Vladimir Poutine pour illustrer la phrase « Vis ton rêve au lieu de rêver ta vie ». Cela dit, Brian Johnson, Spécialiste en solutions managériales solubles pour le marché US, ne semble pas être le seul à considérer le leader russe comme une source d’inspiration. Ses nombreux contacts s’extasient sur ce grand homme si déterminé qu’il peut se tenir sous la pluie sans parapluie et se battre à mains nues avec des tigres. Je ne suis pas si surprise : après tout, un réseau social professionnel reste un réseau social et on est toujours susceptibles d’y croiser des gens aux idéologies douteuses.

Grâce à LinkedIn, je réseaute utile

Avant LinkedIn, la liste de mes « contacts pros » se composait de deux filles que j’avais rencontrées à la journée d’appel, d’une copine blogueuse croisée sur Internet, et de mon ancien collègue équipier au sein d’une célèbre enseigne de fast food. La nature même de ce réseautage se basait sur des verres échangés en terrasse, des fous rires et surtout des aspirations professionnelles communes proches de zéro.

Heureusement, LinkedIn m’a permis de me constituer un réseau de professionnels œuvrant dans mon secteur d’activité, et je ne désespère pas de voir l’un d’entre eux débouler dans ma messagerie un beau matin pour me proposer LE projet que je n’attendais plus.

À chaque notification m’annonçant une nouvelle demande de contact, je frétille. De qui peut-il bien s’agir ? De Michelle Obama ? Ou bien du spécialiste senior en gestion des moyens humains pour le marché BENELUX d’une grande agence digitale ? Non, c’est ma grand-tante fleuriste à la retraite. Qu’à cela ne tienne ! J’ai un nouveau message ! La chance aurait-elle tourné, me contacterait-on enfin pour me proposer une mission intéressante ?

Encore raté. Mads Olsen, Spécialiste en événementiel / CEO chez moi-même / apiculteur / deejay / épicurien / postier pour le marché DK m’informe qu’il vient de voir mon profil et qu’il m’a trouvée charmante sur ma photo de couverture.

Grâce à LinkedIn, je reprends contact avec des personnes perdues de vue

Contrairement à Facebook ou Instagram, LinkedIn impose que l’on s’inscrive sous son vrai patronyme et cela s’avère fort pratique pour espionner efficacement ses anciennes connaissances perdues de vue.

Une fois ma meilleure amie de maternelle localisée, je consulte son profil afin d’évaluer à quel point son existence est mieux que la mienne. Je lui découvre une brillante carrière d’Analyste spécialiste de solutions alternatives anticipées pour le marché CA : avec mon minable Spécialiste en rédaction de contenu passionné et optimisé pour le marché FR, je fais pâle figure. De rage, je quitte la page en me demandant ce que j’ai fait de ma vie, à part rien. 

Deux minutes plus tard, je suis de retour sur le profil maudit pour vérifier le niveau d’études. Bac +3. Diantre. J’en profite pour jeter un œil à son parcours professionnel ; fascinée par ce profil sans accroc, j’oublie l’espace d’un instant que LinkedIn est une odieuse petite balance qui adore prévenir les utilisateurs que « Sociopathe spécialiste vient juste de consulter votre profil ! ».

Dans une tentative désespérée de sauver les apparences, je l’invite virtuellement à rejoindre mes contacts avant de me précipiter sur mon profil pour y mettre un peu d’ordre, histoire de donner bonne impression. Pour la recherche d’emploi, on verra plus tard…

À lire aussi : 4 trucs INSUPP quand tu bosses en entreprise


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Les Commentaires

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Avatar de MorganeGirly
5 septembre 2022 à 16h09
MorganeGirly
Comme j'aime stalker les recruteurs, les gens du service concerné ou les personnes ayant fait ce job avant un entretien ou de postuler à un job mais que j'assume pas qu'ils puissent me voir les stalker, je me suis créé un faux profil. C'est vraiment hyper sommaire, j'ai mis que j'avais fait une école de commerce moyenne avec un an à l'étranger, j'ai ecrit que mon poste précédent c'était dans un cabinet de consulting et mon nouveau poste c'est "chargée de projet" -insérer secteur en vogue sans rapport avec le mien- pour une entreprise du CAC40 et c'est tout.
Ce qui est dingue c'est que j'ai eu très rapidement des demandes de mises en relation. Au début , je me disais que j'allais quand même pas accepter mais finalement je me suis dit que d'avoir quelques relations me permettrait de voir plus de profils. Et depuis, j'ai genre 3 demandes de mise en relation par semaine et mon faux réseau est bien plus étoffé que sur mon vrai profil alors que moi je demande rien
Ce qui est rigolo aussi c'est de voir les pratiques de ces gens et les profils type qui m'ajoutent. Je reçois énormément de start-uppers qui veulent m'expliquer à quel point je bénéficierais à collaborer avec eux et qui me harcèlent littéralement à base de "bonjour avez-vous eu le temps de lire notre proposition? Je crois vraiment que votre énorme entreprise verrait un énorme changement grâce à nos capsules de café en papier mâché connectées". Je précise que je ne réponds jamais aux messages pour ne pas faire perdre de temps aux gens en leur faisant croire que je suis quelqu'un d'autre sans pour autant griller ma couverture, je me contente de cliquer sur accepter les demandes. Mais les start-uppers n'abandonnent jamais, c'en est limité embarrassant! Parfois, je reçois 6 messages du même gars en 1 mois pour m'expliquer que vraiment ma boîte du CAC40 devrait songer à investir dans son idée de génie alors qu'il sort de l'école.
Je refuse celles des étudiants (nombreux) qui m'envoient des demandes pour mieux connaître mon secteur d'activité ou faire un stage dans ma boîte car je considère qu'ils connaissent mal le secteur et les pratiques, que cet ajout risque de leur donner un espoir vain.
J'ai aussi énormément de consultants (souvent des hommes) qui ajoutent visiblement 300 contacts random par semaine pour gonfler leur réseau et n'attendent rien de moi. Et souvent, ils ont les mêmes contacts en commun avec moi que les autres consultants qui m'ajoutent
Il y aussi des gens qui font genre on se connaît sûrement vite face car on était à la même école (où je n'ai jamais mis les pieds et j'utilise un faux nom) pour m'ajouter
Enfin avec mon faux profil, ça me donne vraiment l'image d'un réseau de branquignoles qui s'auto-congratulent de leurs projets si vides qu'ils sont prêts à se connecter avec un prince nigérien qui leur a envoyé un mail de scam
Et aussi c'est un peu flippant comment un titre LinkedIn totalement bidon (même pas sûre que "ma boîte" ait vraiment des salariés avec ce titre!) peut faire que des gens m'ajoutent à leurs contacts sans rien vérifier de mon existence ou mon poste!
Mais ça me montre aussi que c'est visiblement plus normal que je le pensais d'ajouter et de contacter des inconnus!
Mon faux pas profil LinkedIn vient de se faire démarcher par un chasseur de tête d’un cabinet sérieux pour un poste de management J’y crois pas, c’est la première fois de ma vie qu’on me démarche pour un job et c’est pour une personne que j’ai inventée de toute la pièces et dont j’ai pas mis le profil àjour y compris en répondant aux nombreuses demandes de mise en contact que je reçois chaque mois depuis près d’un an
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