Faïza Guène, 23 ans, publie pour la rentrée littéraire 2008 Les gens du Balto, son troisième roman après Kiffe kiffe demain et Du rêve pour les oufs. Pour ce nouveau roman, elle abandonne ses jeunes héroïnes pour donner vie à une sacrée troupe de personnages.
Sept suspects pour un meurtre
Joël Morvier est retrouvé assassiné de plusieurs coups de couteau dans son bar, Le Balto, à Joigny-les-deux-bouts (!), un bled du bout du monde (comprendre à la fin d’une ligne RER). S’agit-il d’un crime crapuleux ? D’un réglement de compte ? La police interroge les principaux suspects, des habitués du Balto. Sept personnages, tous très différents, vont alors se succéder pour expliquer ce qu’ils faisaient au moment du meurtre, un excellent prétexte pour les faire parler et en apprendre plus sur chacun, sa vie quotienne, son histoire personnelle, ainsi que sur la vie du quartier.
Faïza Guène a choisi d’exploiter la forme du roman choral pour articuler son histoire. Un maximum de place est ainsi accordée aux personnages, à la fois protagonistes et narrateurs.
Faïza Guène confirme un style
On a eu trop souvent tendance à penser que la touch Faïza Guène, c’était un parlé moderne, argotique. Le genre étant un peu nouveau, c’était facile… Mais Faïza n’écrit pas simplement comme elle parle. Elle fait parler ses personnages, comme ils le feraient s’ils étaient réels. Alors voilà, les vrais gens de la vraie vie zappent les négations, ont des tics verbaux, utilisent des mots qui ne sont pas dans le dico. Les discours sont tellement juste qu’à plusieurs reprises j’ai relu à voix haute certains extraits, juste pour le plaisir de les écouter, en plus de les lire.
Les personnages se construisent alors. Joël le bistrotier bourru, détestable et ordinaire, qui louche sur Yéva. Yéva donc, "la daronne" un peu vulgos qui doit composer avec un fils renvoyé du lycée, un autre déficient mental et un mari qui après avoir été viré de son travail a trouvé son salut dans le programme télévisé. Magalie que sa mère ne "regarde même plus comme son enfant mais comme un cas d’étude à cause de ses psys et ses livres à la noix". Ali qui aimerait bien serrer Magalie mais qui ne peut pas, la faute à son gros nez, et sa soeur Nadia, la révoltée parce qu’on lui dit "qu’il faut rester discrets, se comporter comme des invités, pas faire d’histoire, parce que c’est pas notre pays".
Une fiction toujours tres empreinte de réalite sociale
Parler du monde d’aujourd’hui sans faire de chichis, c’est aussi ça le talent de Faïza. Par le biais de ses personnages, elle aborde un certain nombre de questions sociales : le chômage, le handicap, l’intégration toujours. Finalement chaque personnage existe dans une réalité sociale qui fait qu’il est un peu ce qu’il est.
Mais quand même… J’ai envie de dire : fumiste ! Parce que 180 pages, c’est bien trop peu quand on a la tchatche de Faïza ! J’ai parfois l’impression qu’elle soulève des interrogations dans ses romans pour les développer en interview… J’aurais aimé savoir, par exemple, pourquoi Nadia Chacal ne se sent pas légitime en tant que française alors que son frère oui.
Les gens du Balto est tout de même un excellent livre, divertissant et intelligent. Faïza Guène sait aujourd’hui parfaitement ce qui fait sa qualité d’écriture et l’exploite avec finesse.
- Les gens du Balto, le site grande classe
Les Commentaires
Alors je pense que je lirais ce livre.