Longtemps, les campagnes de vaccination contre le papillomavirus en France se concentraient uniquement sur les filles. Or, à partir du 2 octobre, les garçons de 5ème pourront aussi se faire vacciner gratuitement dans les collèges de certaines régions, comme l’a annoncé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau à Brut.
Il était temps : une étude publiée le 16 août 2023 par la revue The Lancet chiffre que 31 % des hommes de plus de 15 ans portent une forme du HPV (il en existe près de 200 différents). Pire : un homme sur cinq (21 %) serait même porteur d’un papillomavirus à haut risque, c’est-à-dire susceptible de provoquer un cancer.
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Une étude majeure invite à ce qu’on vaccine davantage les hommes contre les papillomavirus
Ces résultats procèdent de la compilation de 65 études différentes, à travers 35 pays, de 1995 à 2022. Il en résulte que la prévalence des HPV s’avère la plus élevée chez les jeunes adultes entre 25 et 29 ans (35 % des infections), mais elle débute déjà très fort entre 15 et 19 ans (28 % d’entre elles).
On commence à bien savoir en France que ces infections peuvent avoir lieu dès les premiers rapports sexuels, et que certaines formes de papillomavirus peuvent mener à des cancers du col de l’utérus, par exemple. D’où le fait qu’on se soit concentré sur la vaccination des jeunes filles. Or, cela concerne toutes les identités de genre, y compris les hommes qui peuvent non seulement le transmettre et rester asymptomatiques (ce qui aurait déjà pu être un argument suffisant pour qu’on vaccine aussi les garçons…), mais aussi développer eux-mêmes des cancers de l’anus ou de la gorge, par exemple.
D’après cette méta-étude, il importe donc « d’intégrer les hommes dans les stratégies globales de prévention du HPV afin de réduire la morbidité et la mortalité liées au HPV chez les hommes et, en fin de compte, d’éliminer le cancer du col de l’utérus et d’autres maladies liées au HPV. »
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Les papillomavirus peuvent provoquer des cancers chez les hommes aussi
À l’heure actuelle, en France, 46 % des filles sont vaccinées d’au moins une dose contre 6 % des garçons, d’après des chiffres de 2021. Mais, une vaste campagne de vaccination débute à la rentrée de septembre 2023 dans les collèges de l’Hexagone. Ce qui est une bonne nouvelle pour Cécile Badoual, professeure d’anatomopathologie de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, experte à l’OMS, interrogée par Franceinfo le 18 août 2023 :
« Il est essentiel que la vaccination ne soit pas genrée et forte sur une prévention des risques de faire un cancer, des lésions chez les filles et les garçons. […] En général, c’est à l’arrivée dans la sexualité qu’il y a une contamination par le papillomavirus et ce qui est important c’est qu’il y a un portage important des papillomavirus qui risquent de transmettre des cancers. Cela peut être celui du col de l’utérus, du vagin et de la vulve chez les femmes, mais aussi un cancer que l’on peut retrouver chez les femmes et les hommes qui peut être localisé au niveau de l’anus, mais aussi de ce que l’on appelle l’oropharynx, c’est-à-dire au fond de la gorge, les amygdales. »
Le meilleur moment pour recourir à la vaccination reste donc avant l’entrée dans la sexualité, poursuit l’experte Cécile Badoual quand Franceinfo lui pose la question :
« Avant de rencontrer le papillomavirus, avant de rentrer dans la sexualité. C’est pour ça que l’on recommande une vaccination de deux doses pour les jeunes de 11 à 14 ans, que ce soit des filles ou des garçons, ou un rattrapage jusqu’à 16 ans. Pour les hommes ayant des rapports avec des hommes, qui risquent un peu plus de faire des cancers de l’anus, on va proposer une vaccination de rattrapage jusqu’à 26 ans. »
Pour conclure, selon Cécile Badoual, aujourd’hui en France contre le papillomavirus, « avec la vaccination des garçons et des jeunes hommes, on est très en retard. »
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Les Commentaires
Je suis pour le rendre obligatoire (et totalement gratuit), il se fait à une âge où c'est les parents qui décident pour l'enfant, mais où les conséquences ne se verront que bien plus tard dans la vie d'adulte, créant une perte de chance.
Les cancers du col de l'utérus sont souvent détectés à des stades trop avancés chez les personnes qui ne se font pas ou plus dépister régulièrement.
Et même quand on se fait dépister, passer par la case conisation (chirurgie consistant à enlever la zone du col infectée) si on est porteur, ca reste un geste comportant des risques.
Et les cancers ORL, pareil, pronostic très sombre et pas forcément accessibles à une chirurgie.
Si la santé publique en France faisait preuve d'un peu plus de logique, ca serait pas mal...