À quel âge les filles commencent-elles à faire l’expérience du sexisme ?
L’éditeur de presse jeunesse Milan a commandé une enquête auprès de l’institut CSA pour voir comment les enfants et adolescents sont exposés au sexisme : 1 016 enfants et adolescents âgés entre 7 et 15 ans ont été interrogés pour tenter de cerner leur expérience des stéréotypes de genre.
L’impact du sexisme sur les filles ? Ça commence très tôt !
Les filles sont plus réceptives au sexisme qui les entoure. À la question « as-tu déjà été victime ou témoin de moqueries liées au fait d’être une fille ou un garçon ? », elles sont un quart des 7-10 ans (27%) à répondre oui, et un tiers des 11-15 ans (35%) à répondre oui, contre 16% chez les garçons, dans les deux tranches d’âge.
En tout, « près d’un quart des 7-15 ans déclare avoir déjà été victime de moqueries sexistes », estime l’enquête.
Et ces manifestations de sexisme ont un impact : entre 11 et 15 ans, 33% des filles affirment qu’elles se sont déjà empêchées d’agir ou ont changé leur comportement par peur d’être moquées.
Voir que dès l’enfance, les filles prennent conscience qu’assurer sa sécurité et son bien-être passe par l’autocensure n’a finalement pas grand-chose de surprenant.
C’est notamment dans la cour de récréation, « lieu sensible » selon l’enquête de l’institut CSA, ainsi que lors des activités en dehors des cours, que ce ressenti est plus fort : si dans la cellule familiale ou dans la salle de classe, les 7-15 ont un sentiment global d’être traités de la même manière, c’est dans les moments de pause et de jeux entre pairs que survient aussi l’impression que garçons et filles ne sont pas traités de la même manière.
Doit-on en déduire que la présence d’adultes vient atténuer les sentiments d’inégalités entre les filles et les garçons ? Sachant que les enseignants comme les parents eux-mêmes ne sont pas exempts de stéréotypes et peuvent agir de façon différente en fonction du genre des élèves, ce serait probablement faire un raccourci.
Faire « ce que l’on veut » quand on est une fille ou un garçon
Chez les 7-10 ans, filles comme garçons pensent en grande majorité que l’on peut s’habiller comme on veut, jouer aux jeux et faire les activités qu’on veut, que l’on soit une fille ou un garçon : ils et elles sont 83% à être d’accord avec cette affirmation.
Mais passé 10 ans, on est dans un autre état d’esprit : seulement 69% des garçons et 65% des filles pensent que l’on peut faire ce que l’on a envie quel que soit son genre.
28% des 11-15 ans pensent en outre que l’on est plus libre de faire ce que l’ont veut quand on est un garçon.
Des jeux, des façons d’être ou de s’habiller continuent d’être associées à un genre ou l’autre. Chez les 7-10 ans, seulement 6 garçons sur 10 pensent que l’on peut porter du rose ou jouer à la poupée quand on est un garçon. Pleurer ou avoir les cheveux longs est globalement bien accepté.
Les clichés chez les filles semblent moins forts : jouer au foot ou avec des petites voitures n’est pas mal vu. Reste que un quart des filles interrogées estiment qu’elles ne peuvent pas ne pas faire attention à leur apparence.
Comme l’explique Amandine Hancewicz de l’association Parents et Féministes dans notre grand bilan du quinquennat Macron sur les enjeux qui touchent à la parentalité, l’école reste un bastion du sexisme. Malgré une volonté de lutter contre les stéréotypes de genre dans l’Éducation nationale, il y a encore du boulot, et il faudra non seulement s’attaquer aux programmes scolaires, mais aussi « prendre conscience d’où se niche le sexisme dans les interactions ».
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Crédit photo : Norma Mortenson via Pexels
Les Commentaires
et dire que pendant longtemps je pensais avoir été épargner par le sexisme..