— Article initialement publié le 30 novembre 2011
Je suis une fille petite : du haut de mon mètre 55, j’ai rarement mangé de la soupe sur le dos de quelqu’un, à part peut-être un enfant. Soyons claires de suite : je n’ai jamais complexé sur ma taille. Vraiment jamais.
En revanche, dès que les gens me disent que les petites sont des créatures mignonnes et trop choupis, parfois je m’énerve. Quelques raisons d’aller réveiller mon dragon.
1 – Les petites VS le monde, cette jungle cruelle
L’une des choses les plus difficiles à affronter quand tu es petite, c’est tout simplement le monde. Il n’est pas forcément fait pour les gens de moins d’1m65, la preuve :
- Les marches d’escaliers ? Nickel si tu as des jambes de gazelle en vadrouille, et vrai cauchemar quand tu as deux knackis en guise de guiboles. Quand vous faites un pas facilement, sachez que la petite enjambe, que dis-je, ESCALADE comme elle peut.
- Les rayons des supermarchés : je sais, c’est d’un cliché sans nom. La petite qui demande au grand beau gosse d’aller lui chercher un paquet de thé vert tout au fond là)haut sur l’étagère, l’échange de sourires complices et tout ça. Oui mais, dans la vraie vie, la petite est souvent toute seule dans son rayon et tout le monde s’en fout. Il m’est arrivé un nombre incalculable de fois de littéralement grimper le long des étagères pour récupérer des gâteaux au chocolat ou, plus glamour, une boîte de tampons. D’ailleurs, le grand beau gosse qui devait me sauver est plus souvent un simple employé qui n’avait aucune envie de me rendre service, en mode “grrrrphum. v’là”.
- Les parcs d’attraction, véritable cauchemar pour les mini pouces. Certes, les filles petites ont tout de même le droit d’aller faire un tour au Space Mountain, mais quand tu combines le combo petite taille + physique menu, tu gagnes le bonus “secousses party” à tous les coups. Les seules fois où j’ai tenté le diable dans un manège à sensations fortes, j’ai eu envie de chanter “je suis une boule de flipper qui roule, qui roule”. En bonus : des bleus, la nuque en morceaux et une forte impression de bébé secoué (ne faites pas ça). On m’aura pas menti sur les sensations fortes, c’est clair.
2 – Les autres, ces… gens, quoi.
En société, la petite doit développer à la fois un goût du compactage humain. Et ne pas oublier que son prochain la verra toujours comme une collégienne, même à 22 ans.
- Les transports en commun restent LE terrain d’expérimentation favori si vous voulez vous immerger dans la peau des petites. Pliez les genoux et essayez de survivre : la moindre aisselle à l’hygiène défaillante devient très, très dangereuse. N’oublions pas les sacs à dos qui vous tapent sur le visage et vous enfoncent un peu plus contre la porte. Enfin, si vous tournez brusquement la tête, vous avez une chance sur trois d’atterrir dans une poitrine inconnue. Ça fait rêver non ?
- Les photos de classe : tant pis pour les petites qui s’assument mal. Tous les ans, j’étais forcément au premier rang. Dès que j’essayais de m’éclipser, j’avais droit à des réprimandes de la maîtresse comme si je lui gâchais sa carrière. Résultat, mes anciens camarades resteront sans doute marqués à vie par cette petite brune peu aimable qui est au premier plan de leurs clichés.
- Les employés de magasins/cinéma et consorts sont parfois de fieffés couillons, qui te demandent très clairement si par hasard tu ne serais pas en train de MENTIR sur ton âge. À 18 ans, ça passe mais à 22, quand tu espères enfin qu’on va arrêter de te prendre pour une collégienne, c’est moins fun. Top de la lose quand une vendeuse a dit à mon copain – alors que je lui tenais ses fringues « je peux vous aider ?… Ah mais je vois qu’une petite personne vous aide déjà ! » comme si celui-ci avait décidé de faire du shopping avec son nain de compagnie. Ou encore ce dentiste qui, à l’heure où je validais ma maîtrise, m’a demandé si je ne stressais pas trop pour le bac. Une fois, pourquoi pas, au bout de la quarantième on perd un peu patience.
3 – Amour et contrariétés
La fille petite n’est pas que cet îlot de tendresse et de malléabilité que ses potentiels partenaires peuvent fantasmer. Et non, ce n’est pas non plus forcément synonyme de « coup à la souplesse d’une gymnaste russe ».
- Le cliché de base est qu’une petite tombera forcément amoureuse de quelqu’un de grand. Bah oui, les contraires s’attirent, tout ça… Et où arrive une petite quand son copain ou sa copine pointe à 1m80 ? Aux tétons. On a connu plus pratique. Et lors d’une balade romantique ? Vous lui arrivez à l’aisselle. Encore cette sombre histoire de dessous de bras.
- Certaines positions, quand tu es petite, c’est no way direct. Je ne vous fait pas un dessin, mais quelque chose me dit que le Dieu de la luxure n’avait pas pensé à cet inconvénient pour dicter les préceptes du Kama-Sutra.
4 – Enfoirage de la mode
Le pire du pire reste tout de même, selon moi, les affres de l’habillage quand on n’a pas des jambes de taille standard.
- Le pantalon reste la bête noire de la fille petite : en gros, tu peux très bien faire du 40 en taille mais avoir des jambes qui rentrent dans un pantalon taille 12 ans. Résultat : tu es condamnée à demander des ourlets de 14 centimètres à chaque fois que tu achètes un pantalon, ou pire, tu n’achètes plus que des pantacourts (qui font donc office de pantalons). Perso je ne porte quasi plus que des robes, au moins un collant ça se remonte sous la poitrine sans passer pour une retraitée (ou bien juste un peu).
- Les chaussures sont bien souvent également de véritables saloperies à trouver. Pour ma part, je suis une petite avec des petits pieds : je chausse du 35. Le 35, on est d’accord, ça rappelle plus Pom D’Api et Kickers que des escarpins sexys. Désormais – une plaie de plus pour les petites, le 35 se trouve principalement au rayon enfant, ou chez les marques un peu vieillottes. Un jour de désespoir à Montpellier, les chaussures trempées, je n’ai trouvé que des baskets roses pour enfants. Autant dire que la taille 36 me donnait l’impression d’avoir deux énormes barques aux pieds… Depuis, chaque achat de chaussures me plonge dans des études de marché incroyablement longues et périlleuses.
Être petite n’a pas que des inconvénients : ça permet de faire le chat de Shrek quand on est dans le pétrin. Mais s’il vous plaît, au moins pour résoudre un problème de ce monde envers les personnes pas très grandes : lavez-vous tous les dessous de bras. Et avec du savon, si possible.
À lire aussi : Les petites mains, c’est relou : la preuve
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Les Commentaires
Ah oui, on parle des rayons de supermarché mais j'ai connu le risque de finir au fond du congélo dans une enseigne spécialisée en produits surgelés... Mon chéri en ri encore !! Bon c'est vrai c'est drôle tout de même !! Bon je suis sortie au moment où je sentais que j'allais tomber dans le fond, et j'ai rassemblé ma dignité comme j'ai pu
Alors un monde aussi pour les petits-es c'est pour quand ??? Bisous à toutes et bons ourlets !! Tiens qui est dans la même situation que moi : certains pantalons jamais portés qui restent des années dans l'armoire parce que grosse feignantise de faire l'ourlet ?? J'ai aussi cette énorme inspiration qui m'a fait gâcher un fut parce que dans mon enthousiasme à couper, j'ai fait trop court et coupé là où le pli devait être... Ça c'est quand le courage a repris le dessus sur la flemme et que trop fière de me mettre à mon ourlet (et youpi, un nouveau pantalon pour demain matin !!! :gnih.