Les femmes sans contraception hormonale seraient 37% plus susceptibles de tenter de se suicider que les utilisatrices de la pilule, de l’implant ou encore du stérilet hormonal, d’après une récente étude finlandaise, relayée par Top Santé. Surprenant ? Carrément !
De nombreuses recherches scientifiques antérieures ont pourtant déjà fait le lien entre la prise d’un contraceptif hormonal et les changements d’humeur ou même l’apparition de troubles de la santé mentale. Et pourtant…
L’étude qui remet de nombreuses thèses scientifiques sur la pilule en cause
Si la pilule est de plus en plus délaissée par les jeunes femmes, elle reste quand même en tête de leurs moyens de contraception. En effet, 44% des 15-24 l’utiliseraient en 2022, contre 60% en 2016, selon une enquête de l’institut de sondage BVA publiée le 7 juin dernier.
La cause de ce désamour pour la pilule ? Les effets secondaires, les craintes – non fondées pour beaucoup de gynécologues – sur la stérilité ainsi qu’une conscience environnementale leur donnant envie de s’affranchir de la prise d’hormones.
Mais d’après une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université d’Helsinki et présentée au Congrès européen de psychiatrie le 7 juin 2022, la pilule, tout comme les autres contraceptifs hormonaux (implant, stérilet hormonal, patch) préviendrait des risques de tentatives de suicide.
Cette étude a été réalisée, entre 2017 et 2019, sur 587 823 femmes et avait pour objectif initial de prouver l’inverse, comme l’a expliqué la doctoresse Elena Toffol, responsable du projet, selon Top Santé :
« Les rapports initiaux de 2018 et 2020 avaient indiqué que l’utilisation de contraceptifs hormonaux était associée à un nombre / risque plus élevé de suicides et de tentatives de suicide. Nous avons entrepris de confirmer ces données. »
Pourquoi ? Comment ? Ce serait la variation des niveaux d’hormones sexuelles, et plus précisément de la progestérone, qui aurait un impact sur les zones du cerveau, contrôlant ainsi le fonctionnement cognitif mais aussi le traitement des émotions.
« Une bonne nouvelle » pour les femmes sous contraceptif hormonal ?
Mais rebondissement : l’étude a révélé des résultats surprenants. Entre 2017 et 2019, sur les 587 823 participantes, 344 tentatives de suicide ont été entreprises par des femmes sous contraceptif hormonal contre 474 chez celles n’en prenant pas. « Et c’est une bonne nouvelle pour les utilisatrices de contraceptifs », s’est réjouie la scientifique.
Dans cette étude, on relève que le taux de suicide reste similaire chez les jeunes femmes âgées entre 15 et 19 ans, qu’elles soient sous contraceptif ou non. Cependant, il est plus faible chez les femmes avec contraception entre 20 et 24 ans et entre 25 et 29 ans. Et cela serait dû à l’éthinylestradiol, une molécule employée en gynécologie pour son action contraceptive, tel que l’explique la chercheuse :
« Nous avons constaté que les femmes sans antécédents psychiatriques et utilisant des contraceptifs hormonaux, en particulier ceux contenant de l’éthinylestradiol, avaient un risque de tentative de suicide significativement réduit par rapport aux femmes n’utilisant aucune contraception hormonale. »
Et bien sûr, les femmes seraient plus enclines à la dépression que les hommes, comme le confirme la doctoresse Toffol :
« Les femmes, en particulier les jeunes femmes, ont des taux de dépression et de tentatives de suicide plus élevés que les hommes du même âge. »
Toutefois les chercheurs finlandais demeurent prudents. Les recherches scientifiques continuent, notamment pour examiner le risque de dépression relié ou non à la prise d’un contraceptif hormonal. Affaire à suivre.
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Image en Une : © Madmoizelle
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