Erratum — Dans la première version de cet article, j’ai mentionné Ingrid Bergman dans le classement des réalisatrices. Ingrid Bergman n’a jamais réalisé. En revanche, elle a joué dans beaucoup de films, dont Casablanca et Le Crime de l’Orient-Express. Elle a donc été remplacée dans le classement par Mia Hansen-Løve. —
Il y a précisément 17h, le youtubeur Sofyan Boudouni, qui se décrit lui-même comme le « seigneur des sondages » a justement décidé d’en lancer un nouveau sur Twitter (où il a 215 000 abonnés) et Instagram (où il en a 414 000.)
Quels sont les réalisateurs/réalisatrices préféré(e)s des abonnés Twitter et Insta ?
Comme tu peux le lire ci-dessus, le principe était simple : chaque internaute devait donner le nom de ses 3 réalisateurs préférés.
Le tournoi a ensuite commencé ce matin à 10h ! Tournois au terme duquel un seul réalisateur sera élu « favori ».
Les « participants » à ce tournoi sont donc au nombre de 32 et surprise (ou pas), il ont tous pour point commun d’être… des hommes.
Sur 32 réalisateurs, aucune femme. Pas une seule !
Une sélection qui en dit long sur le problème colossal auquel sont confrontées les femmes dans la grande et prolifique industrie du cinéma.
Pendant des années, les femmes ont été invisibilisées, au profit de leurs homologues masculins.
Heureusement, et depuis la levée du voile autour des violences sexuelles dont beaucoup ont été victimes, grâce au mouvement #MeToo notamment, les lignes ont un peu bougé…
Comment mettre le travail des réalisatrices sous les feux des projecteurs ?
L’année dernière, certains gros évènements ont marqué l’actualité cinéma, dont La marche des 82 femmes, à Cannes.
Le samedi 12 mai 2018, en fin d’après-midi, Cate Blanchett ainsi qu’Agnès Varda et Marion Cotillard ont monté les marches avec 79 autres femmes engagées.
La présidente du jury a déclamé avec émotion :
« Il est temps que toutes les marches de notre industrie nous soient accessibles. Alors allons-y ! ».
Un message puissant, partagé par toutes les autres personnalités du cinéma alors présentes sur les marches.
Elles étaient 82, et ça n’est pas un chiffre anodin.
Il s’agit du nombre de réalisatrices dont les films ont été sélectionnés pour faire partie de la compétition. Contre 1688 hommes. Un constat désolant.
Le but de cette démonstration, au-delà de secouer l’assemblée et leur mettre sous le nez l’évidence de la sous-représentation des femmes dans l’industrie du cinéma, était de réclamer une égalité salariale entre les hommes et les femmes.
Mais revenons-en aux chiffres.
82 est un nombre ridiculement petit !
Surtout quand on y oppose le nombre d’hommes. J’ai fait le calcul, et le nombre de femmes est donc inférieur de 20,5 fois à celui des hommes.
Ce qui en dit long sur le choix des abonnés Twitter et Instagram qui ont participé au vote de Sofyan Boudouni.
Sont-ils et elles à blâmer quand c’est l’industrie elle-même qui invisibilise ses propres talents ?
11%, le compte Insta qui partage le travail des réalisatrices
Bref, je n’ai pas envie de râler dans cet article mais bien d’agir.
Je te suggère donc, douce lectrice, que l’on s’attelle ensemble à redorer le blason terni des talents féminins, comme l’ont fait à leur manière John et Aude, les créateurs de l’Instagram Les 11%.
Chaque semaine, John et Aude partagent 3 affiches de films (le mardi, jeudi et samedi) conçus par des réalisatrices.
On y compte pour l’instant quelques oeuvres très connues comme We need to talk about Kevin, de Lynne Ramsay, Grave
, de Julia Ducournau, Mustang de Deniz Gamze Ergüven, ou Divines de Houda Benyamina, mais aussi des courts-métrages méconnus comme La Coupe de Geneviève Dulude-De Celles et Hotel 22 de Elizabeth Lo, qui méritent le coup d’oeil.
Avec la même intention, j’aimerais que l’on parle et reparle des femmes qui font le cinéma.
Une liste de 32 réalisatrices, dont le travail est à découvrir
Voilà donc pour commencer une liste de mes 32 réalisatrices favorites (dans le désordre, aucune envie d’instaurer une hiérarchie entre elles), en réponse au sondage de Sofyan.
- Jane Campion
- Kathryn Bigelow
- Claire Denis
- Naomi Kawase
- Agnès Varda
- Ann Hui
- Patty Jenkins
- Deniz Gamze Ergüven
- Susanne Bier
- Sofia Coppola
- Julia Ducournau
- Anne Fontaine
- Miranda July
- Lynne Ramsay
- Maïwenn
- Nicole Garcia
- Emmanuelle Bercot
- Catherine Breillat
- Valeria Bruni Tedeschi
- Joey Lauren Adams
- Rama Burshtein
- Lena Dunham
- Debra Granik
- Randa Haines
- Barbra Streisand
- Lucile Hadzihalilovic
- Nancy Meyers
- Phyllida Lloyd
- Kelly Reichardt
- Lana Wachowsk
- Lilly Wachowski
- Mia Hansen-Løve
Si tu n’en connais pas le tiers, je t’encourage vivement à découvrir leur filmographie. Ça devrait occuper pas mal de tes soirées !
Certains des films réalisés par ces femmes font partie de MES PRÉFÉRÉS, toute préoccupation de genre mise de côté.
La Leçon de piano, qui continue de diviser, demeure par exemple mon film de chevet. Sorte d’amant fiévreux dont j’use et abuse.
Pas une année ne passe sans que je le revois, que je pleure devant, et que j’écoute la bande-originale en boucle.
Comme toute la filmo de Jane Campion d’ailleurs.
Remettre les femmes qui façonnent le cinéma sur le devant de la scène
Je pourrais aussi te parler pendant longtemps d’Anne Fontaine (Perfect Mothers, Les innocentes, Gemma Bovery) , dont j’ai aimé chaque proposition. Son univers est éclectique mais mu par un seul et même fil rouge : l’extrême délicatesse des situations et des personnages.
Que dire de Deniz Gamze Ergüven (Mustang, Kings) qui à la force de son seul cinéma parvient à faire avancer les mentalités, éveiller les consciences. Tout comme les films de Kathryn Bigelow (Detroit, Zero Dark Thirty), Debra Granik (Leave no Trace) et Naomi Kawase (Still the water) d’ailleurs.
Bref, si les femmes sont encore trop peu mises sur le devant de la scène, elles sont là et bien là, vaillantes servantes de leur art favori.
Il est alors primordial de se rappeler que le cinéma n’est pas la propriété de Tim Burton et de Quentin Tarantino.
Les femmes aussi passent derrière la caméra, devant, et contribuent à façonner le Septième Art à travers tous ses corps de métier.
Il est important de voir leurs films, d’en parler, d’en faire débat.
Le plafond de verre n’explosera pas seul !
Et à l’aube d’une nouvelle ère où les femmes osent prendre la parole pour dénoncer, n’hésitons plus à la prendre pour répandre la connaissance dont NOUS sommes aussi les créatrices.
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Les Commentaires
*tousse*Alice Guy*tousse*juste le premier real tout court de l'histoire*TOUSSE*