Un système de santé pensé « par les hommes et pour les hommes ». C’est le constat que dresse Matt Hancock, le ministre de la santé britannique, à la conclusion de la Women’s Health Strategy, dévoilé en décembre 2021.
Ce plan d’actions fait suite à une grande consultation : les femmes et les filles ont été invitées à faire part de leur expérience face à la médecine et au système de santé. Elles sont 100 000 à avoir répondu.
Des patientes peu écoutées
Et le constat est sans appel : les femmes paient le prix fort des inégalités quand il s’agit de se faire soigner.
Plus de quatre répondantes sur cinq ne se sentent pas écoutées par le personnel médical. Selon les résultats de l’étude, elles sont nombreuses :
« À avoir vu leurs symptômes négligés par des médecins généralistes ou d’autres professionnels ; à avoir eu le sentiment de devoir se défendre pour obtenir un diagnostic, souvent après de multiples visites, des mois et des années ; et à avoir trouvé, après le diagnostic, que les échanges sur les options de traitements étaient souvent limitées et que leurs préférences ont été ignorées. »
Les témoignages sont nombreux, montrant des patientes qui ne sont pas toujours prises au sérieux, ou ayant le sentiment d’être jugées par le personnel médical. C’est notamment palpable concernant des pathologies encore taboues, comme l’endométriose.
Taboues, ou tout simplement délaissées par la recherche. Car dire que la santé est conçue pour les hommes n’est pas une vaine expression : les femmes restent sous-représentées dans la recherche, sont exclues des essais cliniques, et tombent hors des radars quant il s’agit d’étudier les pathologies ou d’expérimenter des traitements et de connaître leur impact.
Les priorités des femmes en matière de santé
Plusieurs enjeux ressortent particulièrement et montrent les préoccupations des Britanniques en matière de soins.
Des préoccupations et des besoins différents selon les âges :
- Les adolescentes veulent davantage d’attention accordée à la santé menstruelle.
- Les femmes âgées entre 18 et et 29 ans attendent que l’on prenne mieux en compte les affections gynécologiques.
- Les trentenaires attendent quant à elles de meilleures prises en charge concernant les problèmes liés à la fertilité, à la grossesse, aux fausses couches, et aux soins postnataux.
- Les femmes âgées entre 40 et 59 réclament plus d’informations sur la ménopause. Les soixantenaires, elles, en attendent plus sur les connaissances pour vieillir en bonne santé et sur les maladies de longue durée.
La journaliste et étudiante en médecine Zesha Saleem rappelle d’ailleurs que toutes les femmes ne subissent pas les mêmes discriminations.
« En tant que femme racisée dans cette profession, ça me frappe énormément. Personnellement, j’ai vu des membres de ma famille être traitées par le personnel médical de façon horrible, ce qui a eu des conséquences par la suite. Si vous êtes une femmes noire, vous avez quatre fois plus de chance de mourir pendant la grossesse. »
La santé mentale, une nouvelle priorité
Impossible de faire l’impasse sur un enjeu de santé majeur, qui a gagné en visibilité depuis le début de la pandémie : celui de la santé mentale. Il est parmi les cinq sujets prioritaires pour les répondantes de l’enquête, et ce, quelle que soit la tranche d’âge.
La question de l’accès à des soins et des services liés à la santé mentale est au cœur des demandes.
Face à ces résultats, il est désormais plus que temps d’agir pour pallier les inégalités en matière de santé. Et la Women’s Health Strategy se présente comme un premier pas dans la bonne direction.
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Crédit photo : MART production via Pexels
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Les Commentaires
Est-ce que d’autres études ont été réalisées sur des hommes ? Je ne sais pas, mais si ce n’est pas le cas, ce serait une bonne idée.
Je me demande si ce n’est pas la prise en charge des patient-es qui serait à revoir ainsi que le rapport médecin-patient. On n’en est (du moins j’espère) plus à l’époque où le médecin savait et donc ayant autorité, on lui accordait une confiance aveugle. Il y a un changement de paradigme où les patient-es se veulent acteur-trices de leur prise en charge. 4/5 femmes pas écoutées, ça semble effrayant mais je me me demande ce que ça donnerait du côté patient, si le résultat ne serait pas sensiblement identique. Le côté paternaliste du corps médical sur les patients ne concerne pas que les femmes (et autres personnes discriminées).
Cela n’a pas pour but de remettre 100% la faute sur le corps médical, qui bien souvent fait de son mieux avec le temps, les contraintes, les moyens à disposition. Mais quand on voit que certain.es rechignent à prescrire des examens pour ne pas être ennuyées par les assurances, que le temps de consultation est réduit, etc, ça ne laisse pas bcp de place à l’écoute. Sans compter que certaines vieilles habitudes ont la vie dure, il arrive fréquemment (et pas qu’aux femmes) de venir avec un problème et de repartir avec une ordonnance sans que l’on se soit penché sur la cause réelle derrière. Et quelle écoute pour les maladies typiquement masculines, parfois encore plus taboues que les maladies féminines ? (Encore une fois, il y a des médecins supers, là n’est pas la question). Mais la médecine évolue avec le temps, et pour tout le monde.